Un génie. A coups de subventions bien placées, le Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Lolo Wauquiez, infuse sa grandeur d’esprit à toutes les sphères de ses prérogatives, avec le souci de toujours promouvoir les « petits » dans une vision humaine, écologique et culturelle dénuée de tout intérêt politique.
Déjà, avec la politique environnementale confiée aux chasseurs (multiplication par 40 de leurs subventions) au détriment des associations environnementales et celle du bio aux agro-industriels au mépris de ses défenseurs historiques, on se disait que le bonhomme voyait loin. Pas peu fier de ses avancées pour « sa » Région, Lolo Wauquiez s’est attaqué à un domaine qu’il connaît aussi bien que la langue arabe : la culture. Avec toujours sa recette diabolique, celle de mettre tous ses œufs dans le même panier (ou presque) pour aider un copain qui en a bien besoin. Après la FNSEA et la Fédération Régionale des Chasseurs, l’heureux élu « culturel » est… Tomorrowland !
Ce festival belge de musiques électroniques, au sens le moins noble du terme (avec sa grande majorité d’EDM), va donc installer une édition hivernale à l’Alpe d’Huez du 13 au 15 mars 2019, grâce à la subvention de la Région de … 400 000€ ! Il convient de savoir que les petits gars de Tomorrowland galéraient déjà beaucoup avec leurs 25 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Dans une tribune publiée sur Mon Petit Bulletin (à lire !), 40 acteurs culturels de la Région dénoncent « la cohérence d’un financement régional à destination d’une structure commerciale extra-régionale lorsque des opérateurs régionaux (œuvrant de surcroît dans des logiques non-lucratives) sont mis à mal par des suppressions de budgets« . Quand on sait l’effort des structures associatives indépendantes à organiser des festivals de qualité malgré la baisse des subventions, on a de quoi être un peu vert.
L’aversion de Wauquiez pour les acteurs locaux, partisans d’une démarche humaine et environnementale, n’a d’égal que sa sympathie pour les grosses industries, génératrices de visibilité et donc, de communication politique. « Tomorrowland Winter sera un événement culturel majeur du calendrier (…). Cette manifestation unique à l’échelle internationale s’inscrira également dans les priorités de la politique culturelle régionale et renforcera l’attractivité de la région pour la première édition hivernale du festival » se justifie l’ami Wauquiez. Tomorrowland, c’est un peu le All-Star Game de la musique : une grande messe marketing, où le client/consommateur paie cher pour voir Bob Sinclar, le gobelet en plastique de Kronenbourg coupé à l’eau dans une main, l’iPhone faisant un selfie dans l’autre. Mais l’essentiel est ailleurs. Dans sa volonté de promotion de la Région à tout prix, Tomorrowland est une pierre de plus dans la construction de « l’exemple régional » en vue du grand objectif : Wauquiez 2022.
Bien las de ses jeux politiques et de ce star-system qui ne finit plus de grandir, nous continuerons de défendre la relation fertile entre festivaliers et organisateurs, plutôt qu’entre consommateurs et entreprises. Nous continuerons de soutenir les milliers de bénévoles du coin, amoureux de la musique, de la fête, de ces moments de fraternité. Nous continuerons d’aller boire la bière du Vercors en écoutant la psytrance du Hadra Festival, en mangeant la tartifourme du Foreztival ou en appréciant le cadre féérique des Démons d’Or ou du Château Perché. En espérant que le « Pays de Demain » soit celui-là.
Pour aller plus loin : Pourquoi Laurent Wauquiez subventionne la grande foire de l’eurodance Tomorrowland
Actu : « Mercredi 21 mars, des acteurs culturels ont été reçus à la Région. Pas de Laurent Wauquiez ni de Florence Verney Carron en face d’eux. Pourquoi ? Parce qu’entre temps, l’exécutif régional a décidé de transférer cette « priorité de la politique culturelle » (selon les termes de son président) au…tourisme ! Et le budget qui va avec. »
Rue89 Lyon