Comme chaque année, des pointures internationales vont se succéder durant un gros mois dans les célèbres arènes nîmoises. Du 20 juin au 21 juillet, ce sont des System Of A Down, Rammstein (3 dates !), Placebo, Scorpions, Les Insus (2 dates), Ibrahim Maalouf, London Grammar, Renaud, Les Vieilles Canailles, Manu Chao & Cie qui vont même pointer le bout de leur nez. En cette veille de fête de la musique, le coup d’envoi de l’édition 2017 du festival de Nîmes est donné par System Of A Down. Forcément, le rendez-vous était inratable…
4 ans après une embardée en terre parisienne du côté de Rock en Seine, nous recroisons la route de System Of A Down dans un cadre tout simplement idyllique. On se le répète à chaque fois mais c’est une évidence : un concert aux arènes de Nîmes est automatiquement sublimé ! Le lieu en impose et si l’ambiance est au rendez-vous, cela peut vite devenir bouillant. Dans cette fournaise nîmoise, il ne fallait pas être en retard. Mieux, il fallait même arriver une bonne demie-heure avant le début des concert annoncés pour assister à la ‘première’ première partie (Ego Kill Talent). Le public, malgré le fait qu’il soit chauffé à blanc, réagit au rock des brésiliens et la bougeotte du chanteur entraîne progressivement le public nîmois. Le tableau sera légèrement différent sur Code Orange, en mode métal influence hardcore, qui a laissé de nombreux spectateurs de marbre.
L’arrivée du quatuor de SOAD, aux alentours de 22h15, a ensuite transcendé la foule. Les passages en France sont rares et les albums ne semblent plus être au goût du jour avec le dernier en date, « Hypnotize » (2005). Bref, les années passent mais les fidèles ont afflué en masse pour assister à ce pèlerinage. Le profil du fidèle est toujours aussi éclectique, passant du jeune au moins jeune, amateurs de métal ou non. Avec une soirée « sold out » depuis de nombreuses semaines, les américains ont littéralement démonté les arènes, pierre par pierre. Ils n’ont d’ailleurs laissé aucun répit aux novices en la matière : l’ouverture, en douceur, avec Soldier side, n’était qu’un leurre. Des missiles à têtes multiples vont faire mouche dans une déflagration violente (Suite-Pee, Prison song, Mr Jack, Aerials…) histoire de donner, d’emblée, le ton de la soirée.
Avec une structure lumière digne des gros shows US, le nouveau fond de scène de System Of A Down est du plus bel effet. L’immense pyramide de LED permet, outre les multiples effets lumières à souhait, de recevoir des projections vidéos. Le tout, surmonté de miroirs amovibles, complète bien avec les traditionnels tapis arméniens que le groupe n’a jamais lâché.
Naviguant entre les albums et les époques (aucun album ne sera d’ailleurs boudé), SOAD excelle toujours autant dans son domaine : à la fois rageur et mélodieux, Daron Malakian et Serj Tankian ont montré qu’ils avaient gardé toute leur voix. Dommage toutefois que l’ingé son n’ait pas réussi à rattraper une petite imperfection sonore (la voix de Daron avait tendance à couvrir celle de Serj)… mais la puissance du live n’a pas été gâchée.
On notera certains moments forts de cette soirée avec des titres qui ont complètement transformé les arènes : l’entêtant Radio/vidéo a provoqué un raz-de-marée festif jusqu’à fin fond des gradins ou encore le déjanté This cocaine makes me feel like i’m on this song ont amené un vent de transe. On mettra également les deux pouces en l’air contre les joutes répétées à Donald Trump, bien intégrées dans les séquences vidéo produites par le groupe.
Entre deux attaques frontales, System Of A Down n’aura pas oublié de s’accorder, aussi, des moments de répit avec un second tiers de concert plus calme (Lonely day, Lost in Hollywood, Highway song, Questions!)… même si des brûlots s’y sont glissés sans trembler (Chop suey!, Psycho, Bounce).
Le dernier tiers de concert aura finalement des allures d’assaut final. Si le drapeau noir n’était pas encore hissé, l’abordage ne prendra que quelques minutes : la machine à hit de System Of A Down a mis tout le monde d’accord en un souffle en matraquant les festivaliers (Kill rock’n’roll, B.Y.O.B., Cigaro, Toxicity et Sugar) jusqu’à leur dernière once d’énergie.
Si nous nous sommes demandés pendant un moment qu’est-ce-qui pourrait bien débouler pour le rappel après cette ribambelle d’inconditionnels du groupe, le plus dur sera finalement la chute : après de longues minutes passées à balancer baguettes et goodies à l’éphigie du groupe, nous avons vite compris que System ne reviendrait pas. Avec 1h40 de concert millimétré à la seconde, les américains ont fait un show carré, finement préparé où la prise de parole des membres furent ultra réduite.
Dans les arènes, System Of A Down est venu, il a vu, et il a surtout vaincu !