Pour une première, c’est une première ! Rom, alias Groum’, effectuait ses débuts pour le Musicodrome en compagnie des toulousains de Scarecrow. Le temps d’un concert à Montauban, le 12 février, il a eu l’occasion de discuter avec eux, de musique, mais pas uniquement.
Vous êtes 4, comment se sont passées vos rencontres ?
Slim Paul : Moi j’ai rencontré Jamo en scène ouverte, et en même temps j’ai recontré Antibiotik en Buff à Toulouse. J’ai renontré les deux séparément, Antibio sur les berges de la garonne, et Jamo en Scène ouverte. Et Lorenzo (Pap’s) était à l’école de batterie de Jamo. Y’a eu 2 grosses années où la formation a cherché sa version définitive, et à partir de juillet 2010 on avait la bonne formule. Du coup on tourne ensemble depuis maintenant 6 ans.
Jamo : Ah c’est vrai qu’on est dans la 6ème année !
Il y en a qu’il a fallu convaincre ou le groupe cs’est formé naturellement !
Antibio : Totalement naturellement, tout le monde était dispo c’était le bon endroit et le bon moment.
Jamo : On n’est pas des potes d’enfance, on n’est pas des potes de collèges ou de lycée, on a vu ce train passer, on était tous libres de tout engagement à ce moment là, donc on s’est dit « si on y allait? »
Pap’s, c’est le papa du groupe ?
Slim Paul : Lol !
Pap’s : Je suis le plus jeune des zikos, c’est juste mon surnom depuis tout petit…
Jamo : Parce qu’il était très croyant quand il était petit, très très croyant, du coup Pap’s
Slim Paul : Finalement on est tous un peu Papa à un moment donné, y’en a toujours un pour montrer la direction.
Une préférence pour les petites ou les grandes salles ?
Pap’s : On a pas de préférence, les deux sont différents mais les deux sont cool.
Antibio : Tout est bien. C’est toujours un challenge. Tous ici, et c’est pour ça que ça marche, quand on monte sur scène, on est toujours là pour donner le maximum. C’est à la fois un challenge personnel et un challenge de groupe. Je sais qu’il y a certaines fois où on s’est chié dessus comme si c’était notre premier concert !
Jamo : C’est pas les mêmes sensations une petite scène très intime avec 200 personnes, c’est blindé, t’entends les gens chanter, t’entends les gens respirer, des fois c’est même plus flippant. On a fait pas mal de bar-concerts au début, et on cherche vraiment à garder ce contact direct avec les gens, et après le but du jeu c’est d’essayer de transposer ce contact sur les gros plateaux, les gros festivals où t’as 5000 personnes. C’est dur parce qu’il y a une sorte de latence du fait du monde, et on cherche à retrouver cette proximité, cette intimité avec le public. Le plaisir n’est pas le même, il faut être plus patient, mais c’est très kiffant aussi !
« On a effectivement de gros artistes qui nous inspirent, mais qui ne sont pas diffusés sur les ondes »
Qu’est-ce que vous écoutez comme radio ?
Jamo : Déjà qui écoute la radio parmi nous ??
Slim Paul : j’écoute pas la radio.
Pap’s : j’écoute plus la radio j’ai plus la télé depuis 4 ans. Je peux même pas te dire à quoi ressemble Maitre Gim’s.
Jamo : j’écoute deux radios : radio classique et FIP.
Antibio : Le seul truc que je pourrais écouter c’est France Inter.
Jamo : On voit à peu près ce qu’il se passe, parce qu’on y est confronté, et puis à cause de Youtube
Antibio : Tu sais youtube, tu cliques sur celui qui a 500 millions de vues, tu regardes, et en général après tu vomis.
Jamo : C’est comme en festival, tu vois certains gros noms sur les affiches, et puis quand l’occasion se présente de les voir sur scène, tu fais « Ah… »
Donc pas vraiment d’influence des gros artistes actuels ?
Pap’s : Ca dépend qui tu appelles « Gros Artiste » !
Slim Paul : T’as des artistes comme Björk, qui a encore sorti un album, le 14ème. Elle a son public, tu sais que où qu’elle aille elle blindera. Jamiroquai, Ben Harper, c’est des gens qui ne passent pas forcément à la radio, c’est pas des gens qui sont matraqués, et pourtant…
Jamo : Mais culturellement, en France, ça se fait pas d’écouter ce genre de musique à la radio, contrairement à d’autres pays comme le Japon par exemple. Aujourd’hui en France, ce qu’il se passe sur les ondes, c’est très pauvre. On ne peut pas s’inspirer de ça. On a effectivement de gros artistes qui nous inspirent, mais qui ne sont pas diffusés sur les ondes. Il faut différencier gros artiste et artiste très médiatisé, très… Kendji Girac.
Scarecrow « The well »
“Ain’t Got No Choice But Buying You” : acheter est devenu une maladie que les médias alimentent ?
Antibio : Tout média est là avant tout pour diffuser de la publicité, pour mettre en avant les partenaires. Pour revenir sur la musique, passer à la radio c’est simple : c’est juste des négociations publicitaires. Tu poses 150 000 boules sur la table, tu passeras en boucle à la radio, y’a aucun problème, même si c’est dégueulasse ce que tu fais… Le gros problème c’est que même dans des pays où c’est très friqué, comme les Etats Unis, y’a quand même une part artistique qui rentre en compte, un côté avant-gardiste, etc.. Alors qu’en France aujourd’hui, on a tellement pas cette mentalité anglo-saxonne qui est de bosser énormément de créer des choses nouvelles qui vont te permettre de te faire connaîtreconnaitre, en Ffrance on a tellement oublié ça, on a pris que le côté marketing, vente, matraquage, de toute la daube possible et imaginable. Ceux qui ont les manettes en france sont ulta frileux. Dès que t’arrives avec un truc nouveau, ils sont là « oui mais non, est-ce que vous êtes surs? » Alors qu’aux Etats Unis, on a eu la chance de jouer aux Etats Unis, les mecs ils on hallucinés, ils étaient là « mais c’est de la tuerie », en un concert là bas on a fait plus de contacts qu’en 4 ans en France.
Jamo : Ce qui est ouf, c’est que ceux qui ont la thune en France et ceux qui ont la thune aux states dans la musique, ce ne sont pas les mêmes personnes. Quand t’as un mec comme Jay-Z qui est le papa là bas du Hip Hop et qui produit tout, on peut dire ce qu’on veut sur Jay-Z mais quand tu vois tout ce qu’il a produit, tu respectes. Quand tu vois les mecs qui produisent la musique en France, tu comprends pourquoi on a le droit à du Kendji Girac…C’est des vieux de 60 ans. Aux States les gars ils prennent des risques : ils sont d’une plus jeunes, de deux d’une culture totalement différente, c’est pour ça que t’as des artistes style Bruno Mars, j’écoutais son album entier, y’a des choses qui sont à chier, mais y’a des choses où tu est étonné qu’on considère ça comme commercial. Nous en France on est des suiveurs. Souviens toi quand le Slam est sorti. Le premier qui a fait du Slam, ça faisait 3 ou 4 ans qu’il essayait de signer dans une maison de disques, tout le monde le refusait. Une maison de disque a dit oui, ça a commencé à cartonner. Et ensuite, toutes les autres maisons de disques se sont directement arraché les artistes slam, parce que soit disant c’était le futur. Le futur, tu mises pas le jour même, c’est des choses tu le sais un ou deux ans à l’avance, tu sais que ça arrive et tu vas miser là dessus. Finalement c’est une tradition de business : la France n’a pas du tout la même tradition de business que les Etats Unis. C’est con à dire, mais la musique est devenu un business, sauf que eux ils sont beaucoup plus doués dans ce domaine que nous le sommes. Donc ils vont anticiper les modes, ce que va pouvoir écouter le public, donc forcément ils ont un coup d’avance.
Pap’s : Finalement, faire confiance aux jeunes artistes, et accompagner des jeunes qui sont des tueurs en composition, bah t’as l’angleterre, l’allemagne en europe, et les états unis, eux, appuyent ce mode de fontionnement. En france, t’auras jamais d’appui comme ça.. Qui a fait confiance à RadioHead alors qu’ils faisaient de la PopRock dégueulasse au départ, avec un mec qui chante faux et trois pauvres mecs qui avaient jamais joué de leur vie… Regarde où ils en sont aujourd’hui !
Antibio : En fait ça mise sur des carrrières, ça mise pas sur des one-shot. En France on mise sur le tube : t’as un tube, pas de souci, on te matraque ! Je trouve ça triste, aujourd’hui pour te faire connaitre, t’es obligé d’aller vendre ton cul à la télévision, sans déconner. Pourquoi ? Parce que les radios font plus leur taff. A la base les radios c’étaient les défricheurs de teint, t’avais pleins de novuuveaux, de jeunes qui passaient. Aujourd’hui si tu veux écouter du nouveau, c’est sur France Inter la nuit. Ou après c’est sur les webradios, mais à part la Grosse Radio et Radio Meuh, y’a pas grand chose, et du coup y’a tellement de demandes que les mecs sont saturés et sont obligés de sélectionner.
Interview à suivre