Le 13 avril dernier, plein gaz vers le Rockstore de Montpellier (34) où Minuit jouait. Après un live report illustré déjà paru entre nos murs, rencontre à présent avec Raoul et Joseph. Bonjour Minuit !
C’est votre première fois au Rockstore ? Voire à Montpellier ?
Oui, C’est notre premier concert au Rockstore et même à Montpellier.
J’ai déjà joué ici mais avec d’autres formations, pas avec Minuit (Raoul).
Je vous avais vu pour la première fois dans les parages en 2015 pour BAZR à Sète.
Tu te rappelles, un festival dans un hangar, il faisait froid. Mais c’était vachement bien. Ah oui, le silo à sucre ! C’était vachement bien à Sète.
Vous êtes passé par Paloma aussi ?
Oui Paloma, deux fois, on y a fait nos résidences. On connait bien Paloma !
J’ai trouvé, à chaque fois que je vous ai vu, qu’il y avait toujours de nouvelles choses et pas mal d’évolution entre chaque concert…
On essaye de progresser, d’affiner, de faire mieux. Que ce soit en termes de jeu, de costumes ou de jeu de scène.
Depuis votre premier EP, vous avez pas mal tourné, et de manière assez intensive. Et pourtant vous avez trouvé le temps d’écrire un album…
Oui ça a quand même pris du temps. Un album avec des morceaux plus anciens et d’autres créés beaucoup plus récemment. Des morceaux comme Vertigo ou Exil, on les jouait depuis longtemps sur scène. Les autres, on les a travaillés chacun dans notre chambre, en studio, etc. C’est un mic-mac quoi !
A l’écoute de votre dernier album, on remarque que les guitares sont bien présentes et les synthés aussi, instrument pas mal utilisé actuellement dans de nombreux groupes français. Avec un son très eighties.
Oui, et ça correspond à nos influences même si on écoute tous pas mal de choses différentes. L’album sonne comme toutes les influences qu’on aime. Un mélange de trucs modernes et anciens.
Et le fait de chanter en français ?
C’est un parti pris qu’on avait depuis le début. On voulait faire des chansons en français.
J’ai récemment écouté l’album de Corine qui joue bientôt dans le Gard (le 11 mai à Rodilhan) et j’y retrouve pas mal de similitudes avec vous.
Oui, c’est vrai. C’est une meuf qui chante des chansons en français, très disco et funk. Oui, d’ailleurs on a partagé pas mal de scène avec elle et c’est vrai que ça se marie bien, c’est un peu le même univers que nous. Par rapport à tout ce qui peut se faire en ce moment, c’est un truc assez joué, elle a un gros orchestre avec elle sur scène.
Et le fait de proposer une musique assez dansante et chaleureuse, une musique qui rapproche les gens pourrait-on dire, c’est presque politique ? On a beaucoup de mal à faire les choses ensemble, non ?
La mode est beaucoup à l’individualité. On a plus de chanteurs que de groupes. On s’occupe plus de de la personnalité d’individus que des groupes. Même si ça a toujours plus ou moins été comme ça.
En même temps, avec le groove, vous proposez quelque chose de plus organique et donc de plutôt chaleureux…
C’est l’avantage, on a quelque chose de plus référencé avec le groove. C’est une musique qui a fait ses preuves, qui est plus chaleureuse. Les musiciens y sont plus mis en avant.
Vous imaginez comment dans le futur de Minuit ?
On va creuser encore et on verra bien ! On n’en sait rien. Tant qu’il y a des chansons qui sortent c’est bien. On ne veut pas stagner en tout cas.
Du coup, c’est vous deux qui êtes à l’origine du groupe ?
Oui, Joseph et moi.
Petite question « locale », comment avez-vous trouvé avignonnais pour jouer avec vous (Klem Aubert, ndrl) ?
Il est de l’Isle sur la Sorgue en fait. On jouait avec un artiste du Sud qui nous avait appelés. On s’est rencontré comme ça. Musicalement, humainement, on s’est très bien entendu.
Il vous a suivi direct à la Capitale ?
Oui et on a commencé Minuit dans la foulée.
Je rebondis sur une question d’actualité : la chanteuse Lykke Li vient de monter un festival 100% féminin à Los-Angeles (le Yola Fest) ce qui entre résonance avec les questions actuelles sur la parité. D’ailleurs vous êtes un groupe avec un « leader féminin »
Oui une front woman !
Je souhaitais avoir votre avis là-dessus…
La musique fait partie des rares corps de métiers où les femmes gagnent autant que les hommes et où elles trouvent des places similaires. Je pense que si il y a moins de meufs bassistes ou guitaristes c’est qu’il y en a juste moins. Enfin je veux dire, y’a plus de chanteuses. Moi je trouve toujours cool quand une meuf joue de la basse ou des drums mais sur le nombre de groupes qu’il y a, y’a pas tant de meufs que ça. C’est comme si c’était un truc de mec de jouer de la guitare électrique, enfin j’en sais rien. Après, ce n’’est pas forcément vrai, c’est culturel. Après, pour nous, ça s’est fait de manière non conscientisée. Avant que Simone arrive dans le groupe, on avait pensé avoir un chanteur, bref. Je crois que les vrais musiciens et ceux qui le font vraiment avec leur cœur s’en foutent que ce soit un mec ou une meuf, ils cherchent juste à avoir de l’émotion.
Mais sur le principe de faire un festival entièrement féminin ?
On en a fait un « Elfondurock » et on est des mecs ! Non mais le principe c’est qu’il ait au moins une meuf. Y’avait un groupe de punk, Madam, que des meufs et ça envoyait du bois grave. Le principe est bien. Pourquoi-pas valoriser ça même si je pense qu’à l’avenir, ça va s’équilibrer naturellement. Je ne pense pas qu’il y ait des gens qui ne veulent voir que des garçons sur scène. Enfin je pense que les gens qui aiment la musique, ils s’en foutent de savoir que c’est un mec ou une meuf. Tu vois quand j’écoutais Prince plus jeune, j’étais incapable de savoir si c’était un homme ou une femme. N’empêche que j’ai l’impression qu’avoir un groupe mixte, c’est forcément un plus, pour l’image, les attitudes sur scène, différentes choses comme ça. Après on prend Prince, il est très androgyne et ce qui est chouette c’est de jouer avec les genres, tout ça. Mais bon le mélange des genres est forcément un plus.
Un grand merci à Raoul et Joseph pour leur disponibilité !
Propos recueillis au Rockstore le 13 avril 2019