Une programmation des plus actuelles pour le premier soir de cette treizième Meuh Folle, plus variée et old school le second, un parc des expos archi blindé le premier soir, peut-être un poil moins le second, un snack dévalisé, une file d’attente à l’entrée bien plus courte que l’année passée, un camping et une ambiance générale agréables, un sound système plébiscité… C’est l’heure du bilan pour le festival de la Meuh-Folle qui se tenait le week-end dernier du côté d’Alès.
L’ouverture des portes, quelques minutes après 19 heures a été poussive, comme à l’accoutumée. Néanmoins et dès les premiers accords du Mitchi Bitchi Bar, vainqueur du tremplin et premier groupe à se produire sur la scène du « Capra », on se rend compte qu’une foule massive est déjà là pour se trémousser sur des airs de swing. « C’est encore plus plein que pour les Barrio Populo l’année passée ! » entend-on d’une oreille discrète. Barrio Populo, c’était LA référence. C’est LE groupe qui a empli la salle de plusieurs centaines de personnes dès 20 heures 30. Et on ne peut qu’acquiescer : la pluie aidant, sans doute, la foule est impressionnante pour l’heure. Peut-être que les locaux avaient « ramené leurs copains », ou sans doute commencent-ils à faire un sacré bruit, il se dit dans le milieu qu’il ne faut pas rater le live des Mitchi’s… Selon toute vraisemblance, le public n’aura pas été déçu par les 40 minutes intenses d’un set construit, d’une prestation jouée, vécue, transmise. Une énergie folle se dégage des 7 zikos qui doivent avoir d’autres occupations que la musique au vu des cabrioles multiples et impressionnantes qu’ils esquissent sur scène. Après 5 ou 6 minutes d’une introduction rôdée, la mise en bouche, le concert débute pleinement sur la désormais célèbre tirade « Welcome to the Mitchi Bitchi Bar ! ». La voix rauque du chanteur qui enquille les bourbons rythme le capra, cadence les danses naissantes. La foule est lancée par un live des plus torrides…
La nouvelle génération aux aguets avec Naâman !
Comme sur beaucoup de festivals, on se dit déjà que la barre a été placée haut et qu’il sera peut-être difficile de faire mieux… Est-ce parce que les « petits » ont beaucoup à prouver qu’ils se déchaînent ? Le changement de plateaux mené à la baguette, Naâman arrive, les festivaliers poussent à l’entrée. La classique de la Meuh Folle: tous à l’apéro à 20 heures, tous à gueuler à 21. Et pourtant, difficile à nos yeux de faire mieux en termes d’entrées : les 5 files correspondant aux 5 portes sont ouvertes et l’équipe de sécurité s’avère des plus efficaces. Fouille obligatoire mais vite fait bien fait, le débit d’entrées est nettement supérieur à celui de l’an passée, et pourtant on imagine sans peine à quel points les événements de l’automne ont dû impacter les organisations d’événements divers et variés. Coup de chapeau à l’organisation pour le progrès indéniable vis-à-vis de l’année passée.
Alors Naâman… Jamais vu en live, peu écouté en studio, c’était en quelque sorte une découverte ce soir-là. Peut-on logiquement en déduire qu’on est définitivement de la vieille génération ? Sans doute vu notre peine à entrer dans le set, face à l’engouement d’un public jeune. Quelques titres résonnent, connus. Ceux qui surfent sur les radios nationales Outta Road et Skanking Shoes entre autres. Le son est bon et l’ambiance au top. La salle se remplit progressivement, des gens arrivent en un flot ininterrompu. Mi-concert environ, l’heure d’aller faire un saut au bar ethnik. L’éternel bar ethnik ! Le public n’atteint pas encore tout à fait ses tabourets et on n’est pas mal assis assez haut à siroter un café bio ou un jus de spiruline. En fin de set la salle est pleine, temps de retourner en backstage. On bute sur une godasse et on se marre en pensant aux perles que les balayeurs de fin de soirée s’amuseront à récolter.
Un petit tour dans l’arrière-cour du festival, la zone interdite, le parking, nous intrigue. Deux tentes ont pris place dans une zone historiquement vide. Ces tentes sont ni plus ni moins que deux loges supplémentaires, en plus des 4 dont dispose la salle. 4 loges et 4 groupes chaque soir, mes études de maths commencent à dater mais quand même ! Petite enquête incognito, c’est ce filou de Naâman qui dispose de deux loges ! Mais quand même 4 et 1 font 5… Deluxe dispose donc de la seconde !
La moustache pour faire déborder la pression du Capra !
Deluxe, justement ! De même que Naâman, jamais vus en live, à croire qu’ils sont de la même génération – pas la mienne ! Un show de son et de lumière, en costumes pailletés rouge et or, la joyeuse bande moustachus va définitivement mettre le feu aux poudres. Une salle pleine comme on l’a rarement (jamais ?) vue d’un public en folie… Il faut dire que les rythmes endiablés teintés d’électro et de swing sont « la base » pour plaire au plus grand nombre. Les singles s’enchainent au rythme de la voix de la resplendissante Liliboy. Une moustache scintillante en fond de scène, reflet des moustaches moins scintillantes des garçons de scène et le show était total. Quittant la scène, essoufflé et à la queue leu leu, le groupe peut sortir fier d’une prestation complète face à pas loin de 4000 personnes.
Retour dans la zone cachée. Un peu plus loin que les loges, une longue forme nous intrigue. Cette année, comme l’année passée c’est vrai, un grand bus sombre trône au milieu du parking. Un long câble électrique le relie au parc des expos. Trace discrète de la montée en grade du festival, le « Tourbus » de Deluxe n’est pas le premier à prendre place sur ce parking puisque Groundation était arrivé avec la même carriole l’année passée, ou encore Les Ogres il y a quelques années. Et pas le dernier puisque Danakil allait, dès le lendemain, remplacer Deluxe. Partagé entre l’envie de râler sur un standing toujours grandissant de nos têtes d’affiche nationales (voire internationales, ok…) et la compréhension d’un monde où, toujours en mouvement, sans lieu à soit, le confort d’un bus doit être plus que bénéfique, contentons-nous de constater, de prendre note. Sans qu’aucune info n’ait fuité sur un éventuel cachet astronomique, le bus est un signe malgré tout. Ajoutez cela aux deux loges de fortunes qui bien que peu confortables en apparence avaient dû coûter un bras à l’organisation du festival, et vous comprendrez en un seul petit saut dans les coulisses, que le succès a un prix. Le succès se paye au prix fort. Petite chronologie du festos : 2014 sold out. 2015 sold out et un tourbus. 2016 (sold out ? Ou Presque en tous cas) deux tourbus, et deux loges supplémentaires. Victime de son succès, le festival de la Meuh-Folle semble pour le coup être pris pour une vache à lait !
Djamanawak termine la soirée en emmenant le public…ailleurs !
Brrr vite on retourne voir le dernier groupe : encore des locaux puisque les gardois de Djamanawak ont été recrutés pour clore sur une touche électro cette première soirée de festival. A mi-chemin entre… Beaucoup de chemins, le trio diffuse sa transe. Phénomène difficilement compréhensible, le bar cesse de servir de la bière à 1 heure… apogée de la soirée ! Choc, incompréhension… Puis il faut se faire raison, ce sera un soft donc, ptet pas plus mal, selon l’état. Et pour le snack… Dévalisé ! Plus de crêpes en tous cas. Bon, retour sur le concert avec un ice-tea. Ça vibre au son de la flûte, le frontman est intenable, grimace, enfile des lunettes… euh… Mais qu’est-ce que c’est que ces lunettes ?! En nage il gesticule et donne clairement tout ce qu’il a pour finir en beauté, la mélodie, les aigus, bien appuyé par un batteur impressionnant, donnant également de la voix et un troisième homme multi instrumentiste qui complète la section rythmique, seul et quasi unique organe important de cette musique trémoussante de fin de soirée.
La première soirée se termine et vient l’heure du premier bilan : une presta son et lumière absolument au poil, du perfectionnement à plusieurs niveaux, deux groupes de milieu de soirée aux statuts de têtes d’affiche… Une soirée réussie en appelait une seconde !
Comme il est d’usage depuis trois ans, le camping était un lieu privilégié pour y dépenser les heures de son samedi après-midi. Après deux années trustées par les désormais célèbres Bhale Bacce Crew, c’est pour cette édition le local de l’étape, R-Dug, qui descendait d’Ardèche pour poser du gros son pendant plus de quatre heures. Après un passage par l’Antrepote deux semaines auparavant, le dub-man était déjà rôdé avec le public cévenol.
Tout l’après-midi, et malgré le temps pas vraiment au beau fixe, l’artiste a su maintenir en jambes les festivaliers sous la houlette de son dub qui déménage, et qui fait bouger les têtes à un rythme fou tout l’après-midi. Indéniablement ce sound system est un moment attendu et plébiscité par les festivaliers à chaque Meuh Folle.
Les locaux font exploser les jauges !
Le temps d’un ravitaillement, et c’est à croire que Ciao Tympans et Mitchi Bitchi Bar se sont mis au défi de faire s’attrouper le plus de festivaliers possible dès l’ouverture des portes. Le groupe de Forcalquier s’en est donné à cœur joie devant un public conséquent qui ne s’attendait surement pas à autant de folie dès l’ouverture des portes. Ce fût du jamais vu de mémoire de festivalier, un groupe qui arrive à faire se séparer la foule en deux pour faire danser deux rondes parfaites de longues minutes, c’est un exploit. Après un quart d’heure de set, les centaines (déjà milliers ?) de personnes étaient déjà en sueur. Découvert par le Musicodrome au Dindon Attaque il y a deux ans, c’est avec un plaisir non feint que nous avons pu juger de la capacité de Ciao Tympans à faire valser au rythme de leur chanson française-ska détonante une salle d’une toute autre envergure. Les quarante minutes paraissaient bien frêles par rapport à l’énergie dépensée.
Puis arrivait l’un des groupes attendu au tournant : ASM dont nous vous avons présenté le dernier album : « The Jade Amulet » l’année dernière. Force est de constater que le groupe sait aussi bien faire résonner ses textes sur scène que dans leur cd. Une section cuivre des plus animées, entre trompette, trombone et saxo, a su tenir la dragée haute aux deux rappeurs du groupe pendant l’heure et demi de set. Le flow était propre, les costumes fusaient sur les épaules des musiciens au rythme des titres, et le rendu est détonnant. Arrivant avec un peu d’appréhension au concert, on en sort rassuré, bien qu’il soit dommage que l’histoire travaillée sur le bout des doigts, perde de son intensité pour tous les festivaliers n’ayant pas la chance d’être parfaitement bilingues.
Attendu par les festivaliers, les six membres ont tenus la Meuh Folle par les cornes, et il leur hip-hop-electro cuivré a réussi son coup !
La place alors était ouverte et bien chaude pour Danakil. LA tête d’affiche de cette édition. Absent des scènes depuis plusieurs mois, dans l’optique d’un prochain album, le groupe avait à cœur de montrer au public venu nombreux l’acclamer qu’il était toujours bien présent comme l’un des parangons de la scène reggae française. Au final le set fut propre, du Danakil. Sans inventer de nouvelles choses, on sentait dans l’attitude de Balik, dont c’était l’anniversaire, la joie de remonter sur scène, et de se produire devant 4000 personnes. Natty Jean était de la partie également pour ce show, et les deux hommes bien suivis de leurs musiciens ont gratifié le public de quelques nouveaux titres qui ont su tenir éveillé les festivaliers. Bien entendu les anciens titres ne furent pas en reste non plus, même si quelques classiques ont manqué à nos oreilles chargées de musique depuis deux jours. Mon île ou Marley furent des grands moments de cette soirée, et du festival.
Après un rapide retour sous les acclamations, le groupe, ayant déjà tâté de ces mêmes planches en 2011, a pu mesurer sa côte de popularité. Toujours au beau fixe !
La déception Kanka
Un changement de plateau des plus rapides pour les roadies recrutés spécialement pour l’occasion, une partie du public commençait à se vider. Malgré tout la bière coulant à flôts aida bien les festivaliers à savourer cette Meuh Folle jusqu’au bout, jusqu’à sa dernière goutte de lait !
Et c’est Kanka qui clôturait cette soirée. Il était présenté comme le groupe qu’il ne fallait pas rater, qui allait tenir en sueur les festivaliers jusqu’à tard. Force est de constater que ce dernier set fut une petite déception. Amorphe derrière sa console, ne se fendant d’aucun mot pour les festivaliers restés jusqu’au milieu de la nuit, Kanka, seul, a distillé son dub sans émotion. Alors les adeptes auront sans doute apprécié, le set fut propre mais n’arriva pas à tenir en haleine les non-initiés comme a pu le faire Panda Dub il y a deux ans.
L’habituel discours de la présidente a clôturé cette nouvelle édition de la Meuh Folle, qui se termine par un léger bémol avec cette alarme incendie qui a obligé les festivaliers à sortir avant de pouvoir finir leurs bières et avant que le point final de la soirée ne soit complètement écrit.
Un beau weekend, en attendant la suite !
Pour la troisième année consécutive, la Meuh Folle affichait complet (ou si près), malgré l’augmentation relativement importante du prix des billets. Il serait dommage pour le festival de perdre cette image roots et populaire qui fait sa réputation depuis maintenant treize éditions. Il est légitime de saluer encore une fois l’organisation, aux petits oignons cette année, pour un accueil très agréable. Il tarde alors de voir ce que les cent bénévoles vont concocter pour la quatorzième édition, qu’on attend déjà avec impatience.
Article co-écrit par Daffy et Bapt’