C’était un doux rêve. Un rêve des cimes qui semblait pourtant inaccessible tant la chose semblait énorme. Même 24h avant l’ouverture des portes, cette réalité masquée restait tapie dans l’ombre, dissimulée sous des préventes qui n’ont cessé d’exploser dans les tous derniers instants. Car à défaut de comprendre ce qui était en train de se passer, le stress s’est succédé à la joie durant 48h et ce stress-là, croyez moi, on n’est pas prêt d’oublier. Car oui, pour la première fois en 11 ans, la Meuh Folle affichait complet avec plus de 7000 personnes. Une première historique qui restera gravée pour un bon bout de temps.
Les habitués, ici, comprendront vite que ce papier ne sera guère marqué par son objectivité. Après 7 Meuh Folle successives en tant que festivalier, Le Musicodrome a changé de camp cette année. Oublions les chroniques et la plume le temps de quelques minutes, ré-utilisons ce lieu comme il le fut dans des années lointaines, celui d’un blog d’adolescent, un lieu d’expression où mes pensées étaient jetées sur un coin de clavier. Pas de live report cette année, vous l’aurez certainement compris. Impossible de faire les concerts mais, soyons honnête, d’autres missions étaient au programme au lieu de se consacrer à la musique. Car après dix éditions stagnantes en termes d’affluence (environ 4 000 personnes sur les deux soirs), le festival de la Meuh Folle vient de franchir un palier historique : en dépassant les 7 000 festivaliers vendredi et samedi derniers, la jauge du Capra était donc à son maximum du côté de Méjannes-les-Alès. Les premiers campeurs, arrivés dès jeudi matin en disent long sur l’attraction du festival alésien cette année. On aurait du y voir-là les signes avant-coureurs de quelque chose de grand. Quelque chose qui ne s’était encore jamais produit auparavant. Avec une progra béton, un foutu soleil et une grosse banane, on aurait du se douter que tout ne demandait qu’à se réveiller. Et tout ça, sous nos pieds.
Nous pensions bien que le vendredi soir allait décaper en terme d’intensité. Il faut dire que Oai Star et Zebda enchaînés, la révolte festive allait vite être sonnée. Chauffé par Dawa Upendo en ouverture de soirée, les groupes sont restés fidèles à leur identité. Gari Greu, figure emblématique du Massilia Sound System, pouvait allumer la mèche. Arme de destruction massive sur fond rock, punk et cheap music façon Game Boy et Atari, Oai Star, étendards occitan et phocéen à bout de bras, n’a pas fait dans la demi-mesure : provoquant l’allumage d’une vingtaine de fumigènes dans le Capra, le public nous a donc battu (le plus gros pari misé correspondait à seulement 5 fumigènes). Les frangins de Zebda, 100% collègues, ne se firent pas prier non plus pour prendre le relaie : entre anciens classiques (Tomber la chemise, Oualalaradime, Pas d’arrangement, Motivés, Le bruit et l’odeur, etc) et nouveaux morceaux, Zebda est d’une fraîcheur incroyablement revigorante. Quant à Panda Dub, notre cher Panda, ce dernier m’a littéralement scotché par la spontanéité de son set.
Matraqué par le soleil, le festivalier était pourtant roi en ce premier week-end d’avril. Profitant du sound system gratuit de Bhale Bacce Crew tout le samedi, le mur d’enceinte situé dans l’allée du parc des expositions d’Alès a été pris d’assaut pendant les 5h30 de son ! Ce défi du samedi après-midi est aussi rempli. Pourtant, il fallait bien garder de l’énergie sous la semelle avant d’attaquer la seconde soirée : d’abord amené par Aron’C aux quatre coins de la chanson française, Soviet Suprem ne savait pas encore que, sous son apparaît balkano-comico-sovietico-festif, il allait rafler la palme de LA découverte du festival. Un groupe qui, naturellement, se sont prêtés au jeu des « jeunes » de l’école des Mines. Bien décidés à faire la fête jusqu’au bout de la nuit, les plus chanceux auront eu droit, en backstage, à un boeuf géant entre Soviet Suprem, La Rue Két’ et Zoufris Maracas. Et les bonnes surprises se sont enchaînées : au détour du set rafraîchissant de La Rue Kétanou, d’une franchise et d’une spontanéité sans faille, leurs copains, Zoufris Maracas, allaient partager un bout de scène le temps de deux morceaux… Promis, nous n’étions pas au courant. Les aléas du direct réserve parfois de bonnes surprises. Désolé, aussi, pour les imperfections techniques soulignées par plusieurs festivaliers au cours de leur concert. Achevés par l’ultime concert d’Anakronic Electro Orkestra, les 7 000 festivaliers risquent de se rappeler, longtemps, de l’édition 2014 de la Meuh Folle. Sans savoir que, déjà, la programmation de 2015 est déjà lancée…
L’année dernière, « on lâche rien » s’était imposé comme le symbole de l’édition 2013. Cette année, même un peu dépassé par cette foule monstre, il parait évident de reconnaître que tout n’a pas été parfait partout : on reste conscient qu’il y a des problèmes à régler pour 2015 comme la fameuse question des sanitaires, trop peu nombreux sur le site ou encore la rupture de stock d’Ecocup très tôt dans la soirée, sans s’étaler sur le reste. Vous imaginez bien, aussi, que d’afficher ‘sold out’ dans votre événement vous ne pouvez que vous en réjouir, sentir que le taf’ est clairement abouti. Cependant n’allez pas croire c’est réjouissant de dire à des gens que c’est complet alors qu’ils viennent tous d’endroits improbables. Pourtant, cela fait aussi parti du jeu, lorsqu’on est sûr de venir, surtout à une paire d’heures du festos, on favorise l’achat de préventes pour éviter de mauvais désagréments.
Malgré ça, on ne pourra jamais s’empêcher de dire : « les copains, à jamais les premiers ! ».
Maintenant, c’est à nous de profiter !