Cette année encore, et peut-être plus que les précédentes, la Fête effrontée de Lézan (30) a eu le don de rassembler les gens sous une seule et même bannière : le Nouveau Front Populaire. A 1 semaine d’un premier tour crucial pour l’avenir du pays, les effrontés ont répondu présent ! Plus de 3 000 personnes se sont mobilisées !
Cela faisait bien des années qu’une telle foule ne s’était pas retrouvée aux Ristes. Pourtant, l’année dernière, le contexte social avait été plus que copieux avec, entre autres, la mobilisation contre la réforme des retraites. Mais cette année, il y avait autre chose, comme si l’envie de se retrouver pour faire front à cette vague bleue marine annoncée « obligeait » de se réunir. En 2018, Massilia Sound System était déjà venu pour rappeler les valeurs du vivre ensemble, de l’entraide et du bien-être social. En revanche, il y avait eu un bon millier d’effrontés en moins. Comme quoi, cette année 2024 restera unique en son genre.
Dans tous les cas, la programmation de cette édition 2024 fut au niveau des enjeux sociaux et politiques qui agitent le pays aujourd’hui. Pour débuter, ce sont les toulousains des Grandes Bouches qui ont ouvert le bal. De retour après des années en sommeil, les fondateurs des Motivés et de 100% Collègues ont ravivé de sacrés souvenirs non loin du Gardon. Entre leurs propres compos et leurs reprises révolutionnaires issues de leur album avec les Motivés, le ton a rapidement été donné ! Que ce soit en mode « connaisseur » ou en mode « suiveur », le groupe a su trouver un écho indéfectible dans ses revendications. Parfait pour laisser la place à Massilia !
Parlons-en de Massilia. Avec plus de 40 ans d’activisme musical et social à Marseille et bien au-delà, Lézan était prêt à se faire aïoliser une fois de plus ! En pleine tournée anniversaire de leurs 40 ans, Massilia Sound System s’est fait un malin plaisir de nous proposer un concert à l’ancienne : d’une part, ils se sont régalés à nous jouer leurs grands classiques (Commando fada, Reggae fadoli, Parla patois, Au marché du soleil, Toujours (et toujours), 3 MCs sur la version…) ; pour ensuite faire basculer le concert avec le retour de leur sound system ! De quoi revisiter des incontournables comme Pas d’arrangement, Qu’elle est bleue, Frit confit, Massilia n°1 et d’autres sous les manettes de Dj Kayalik.
Pour les aficionados du groupe, Massilia aura « boudé » son dernier disque en date en ne jouant que son titre éponyme, Sale caractère, et le très percutant Vive la solidarité qui aura détraqué le cerveau de certains. En effet, c’est un Oai tronqué va achever le concert, perturbé par une poignée de pébrons qui s’en sont pris à Tatou. Outre ce détail, le public a pris part à la fête comme il se doit pour célébrer le militantisme marseillais, marqué, aussi, par l’absence de Janvier.
La suite, elle a été assurée par le trio des Vulves Assassines, déjà croisé en décembre dernier dans un Rockstore bouillant. La venue des Vulves, pour ponctuer une telle soirée musicale et politique, ne pouvait pas mieux tomber : à travers le temps d’échange obtenu avant leur concert (vous pouvez retrouver leur interview ici, entre nos murs) et le concert défouloir quelques heures après, impossible de rester de marbre.
La puissance dégagée par le trio a conquis ceux qui cherchaient à se faire convaincre et ceux qui les attendaient au tournant : à coup d’electro/punk/rap interstellaire, les Vulves Assassines ont, bien sûr, clamé La retraite (à 60 ans !) mais aussi tiré à boulets rouges contre tous ceux qui se mettent en travers de leur chemin : ceux qui maltraitent les femmes (Queen kong), les écolos bobos (Sauveur du monde), les gros porcs (Tu veux baiser), les dictas de la loi du corps (Je suis belle), ceux qui veulent s’en prendre aux chômeurs (Chômeur branleur), la société capitaliste (Das kapital)… la liste serait trop longue !
Les Vulves se sont éclatées et elles n’ont d’ailleurs pas hésité à en faire profiter : à l’image de Paul danse, contre les banquiers, l’équipe a embarqué les effrontés dans une belle chorégraphie ! Quand elles déboitent La belle langue de Molière, impossible de les arrêter… mais on retiendra, aussi, qu’elles ont pu s’éclipser en toute discrétion sur le remix de Billx (La retraite), surboosté, pendant qu’une partie du public était sur scène ! Bien joué !
Crédits photos : Photolive30