Le Festival Marsatac continue d’explorer les lieux marseillais pour s’installer (définitivement ?) cette année dans le Parc Borély avec pas moins de 4 scènes à disposition des festivaliers. Une édition qui a ravie les jeunes fans de hip-hop, peut-être moins les fans de musique indé.
Nous voilà de retour à Marsatac après une dernière édition qui remonte pour nous à 2018… Et à l’époque c’était au Parc Chanot que cela se passait avec tous les problèmes dont on se rappelle (son, boissons, toilettes). Ce déplacement au Parc Borély fait suite à l’édition « capsule » de 2021 qui avait déjà permis de tester ce grand parc marseillais. Après avoir connu des lieux aux jauges vraiment plus réduites (sur le J4 pour les plus anciens), nous avions hâte de découvrir la manière dont a été occupé ce nouvel espace. Et pour le coup, la surprise est très bonne. Difficile de ne pas se sentir bien dans cet immense écrin de verdure permettant de disposer de place dès qu’on en ressent le besoin. Les quatre scènes (plus un espace « caché ») sont idéalement disposées et l’offre de nourriture et de boisson est élargie. On a particulièrement apprécié le bar « local » (vin et bière) permettant de boire autre chose qu’une blonde fadasse. Autre point très positif, la circulation permanente de porteurs d’eau qui viennent au contact du public. La scénographie et les espaces mis à disposition des festivaliers sont également bien pensés. C’est donc un grand bravo que nous souhaitons adresser à l’équipe d’organisation pour tous ces aspects. Même prendre la navette de retour n’a pas été trop galère.
Reste maintenant à se plonger dans la programmation de cette 24ème édition (déjà !). Ce que nous avons toujours apprécié avec Marsatac, c’est la place faite aux découvertes. Or, depuis le déménagement au Parc Chanot et la nécessité de remplir le site (15 000 personnes par soir), force est de constater que la priorité est donnée à une programmation plus consensuelle et moins axée sur la nouveauté. Nous retiendrons que les trois soirées ont clairement montré des visages très différents passant d’une programmation techno très musclée le premier soir à une ambiance beaucoup plus house le deuxième et une soirée plus chill pour terminer.
Côté rap, nous ne sommes plus clients de cette scène vocodée et nombriliste qui ne convainc pas non plus en live. Et que dire de ce (très) jeune public brandissant de longue son téléphone face aux artistes ? C’est peut-être un problème de génération et une vraie incompréhension de notre part de ce qu’est devenu le hip-hop. Disons que ce qui était proposé du côté de la Frappe nous paraissait plus frais que sur la grande scène.
Première bonne surprise de cette édition, le duo complétement barré de Gargäntua. Ils sont jeunes, fougueux et on sent qu’ils ont été biberonnés au Sexy Sushi. La face peinturlurée, ces techno punk ne lésinent pas dans les BPM et « chansons à texte » (Des lieux associatifs pour les jeunes, La mort avec toi, etc.). C’est complètement WTF et ça met bien l’ambiance devant la scène de la prairie.
Du côté des platines, nous avons bien apprécié le set house de la jeune Eclair Fifi (dont la maman est, elle aussi, DJ) et de l’incontournable The Blessed Madonna. La fin de journée était parfaite pour se laisser porter par leurs sets bien inspirés et planants. Dans la même énergie, difficile de ne pas saluer le très long set du patron, Laurent Garnier, qui a régalé corps et oreilles. Ce dernier n’a pas hésité à porter le tee-shirt de son événement, le Yeah!, qui s’est achevé une semaine plus tôt.
Nous avons relevé une autre bonne surprise des platines avec l’australien Partiboi69. Accoutré d’un pseudo costume moitié super héros, moitié surfeur, le gaillard nous a régalés avec un set enlevé et furieux.
Au rayon de l’autre très bonne découverte sur scène, nous retiendrons le duo Charlotte Adigéry & Bolis Pupul. Les deux musiciens belges nous offrent un show remarquable basé sur leur bonne humeur associée à des pépites électroniques. Leur premier album Tropical dancer est sorti début avril et regorge de tubes électro-pop dont le très efficace Making Sense Stop. Le duo est très interactif avec le public qu’il interpelle à de nombreuses reprises mais également très complice sur scène. Ils nous offrent un vrai bon moment de live qui fait du bien.
La soirée se poursuit avec l’insaisissable MIA seulement accompagnée sur scène par 4 danseurs (dont deux mecs qui sont pas loin de nous faire revivre la tecktonik). C’est vrai que cela fait un peu cheap de voir une artiste de sa trempe chanter sur une bande son… La prestation est honnête, sans plus malgré sa forte interaction avec le public (elle fera monter sur scène une bonne vingtaine de jeunes femmes).
Nous finissons la soirée avec LE groupe que nous attendions, les allemands MODERAT, de retour avec un nouvel album MORE D4TA sorti il y a moins d’un mois. Ils avaient annoncé en 2017 se mettre en pause pour une longue période afin de travailler sur leurs projets respectifs (Modeselektor et Apparat). Quelle ne fut pas notre surprise avec l’annonce de ce nouvel opus accompagné de dates de concert en Europe dont cette inratable date marseillaise. Le trio ne jouera malheureusement qu’une heure en jonglant entre nouveaux titres et tubes plus anciens tels que l’incontournable A new error. Le trio nous offre un concentré de basses puissantes, de visuels saisissants et de ce son particulier qui parle à tout le corps. Difficile de ne pas se sentir sur un nuage après un show de cette qualité. Ce fut une manière de terminer ces trois jours de la plus belle des façons !
A l’heure du bilan, nous restons assez mitigés sur la programmation de plus en plus centrée sur des prestations sans musiciens. Et il est vrai que ce côté organique manque dans un festival même si l’on comprend bien que les esthétiques mises en avant vont plutôt dans ce sens. Néanmoins, le Parc Borély apparait comme une excellente localisation pour Marsatac (même si certaines plantes en ont un peu souffert). Marseille a la chance de posséder un très beau festival avec Marsatac, nous espérons juste que la musique indé y fera un retour plus marqué dans les prochaines éditions !
Crédits photos : Olivier Scher