A l’aube d’une semaine de vacances bien méritées, Le Musicodrome était une nouvelle fois en vadrouille ce mardi 7 août. Cette fois, c’est dans un petit coin d’Uzège, entre Provence et Cévennes, que le rendez-vous est pris : destination le bar/restaurant L’arbousier de Belvezet (30) pour y croiser la route du québécois Keith Kouna, membre incontournable des célèbres Goules outre-Atlantique.
C’est au pied d’un chaleureux théâtre de verdure que les musiciens s’installent. Le bar L’arbousier surplombe celui-ci et la terrasse, bien remplie, a su se trouver une belle place au frais. L’ambiance est décontractée, entre guinguette et petites loupiotes colorées. L’endroit est minuscule. Enfin… il est à taille humaine. Ça change. Cela fait plaisir même ! Les organisateurs de cette soirée, l’association Les Agités du Local, ont l’habitude d’y prendre leurs quartiers : tout l’été, ils y proposent une série de concerts alternatifs, gratuits, dans un cadre idyllique.
Pour cette avant dernière sortie estivale, Les Agités ont programmé le talentueux Keith Kouna, qu’ils connaissaient déjà, puisqu’il y avait déjà joué en 2014. Cette fois-ci, il est revenu pour présenter son nouvel opus, « Bonsoir shériff » sorti en fin d’année 2017 et récemment chroniqué entre nos murs. L’artiste est en pleine tournée française : pour les inconditionnels du festival Musicalarue, vous pourrez avoir la chance de le croiser et nous vous recommandons grandement de faire les curieux.
A l’image de ces albums, Keith Kouna, en live, s’apparente à une montagne russe. Il peut murmurer des vers à l’oreille attentive des dingues et des pommés comme il peut se mettre, subitement, à souffler sur les braises. Entre punk, rock et chanson française, l’univers du groupe s’apparente au chaos, où des répliques cinglantes couchent avec une écriture névrosée.
Tel un euphémisme, Keith Kouna a débuté le concert par deux de ses fameuses ballades (il a l’habitude d’en proposer deux ou trois par album), loin des envolées énervées présagées. Un lancement tranquille, entre poésie et coup de blues, avant de faire en sorte que le concert monte en puissance. Celui-ci ne s’est pas fait prier : Keith Kouna va jouer astucieusement entre ses albums et la température n’en finit plus de monter ! Impossible de ne pas hurler LA bombe punk de son dernier opus, Shérif, et ses « mal élevés ! Bonsoir shériff ! J’ai tous mes papiers, je suis fils d’enculé, tu peux vérifier ! » entêtants. Le ‘party’ désormais débridé, les assauts se répètent : contre tous ceux qui gangrènent le monde (Vaches), ceux qui le rendent superficiels (Poupée) ou ceux qui cherchent à nous bourrer le crâne (Marie – « Les humains, c’est de la merde… / alors, cache toi Marie jusqu’à l’aube ! »).
Si Keith Kouna a sa langue bien pendue, il n’en conserve pas moins un cynisme fleurissant sur une bonne partie de ses morceaux : en mode anguille sur La joyeuse ou sur un bien tourné Comme un macaque, révélateur, on ne peut que rester bouche bée devant l’hilarant Pas de panique, très Katerine dans l’âme, qui pourrait presque être signé par Pop Hip dans Stupeflip.
Avant de chercher à nous sensibiliser à la culture québécoise (Le tape) ou à sa fameuse Brillantine, Keith Kouna pourra se vanter d’avoir réussi à faire bouléguer la foule, plus Ding dang dong au fur et à mesure du concert. Pressé par le temps précieux de voisins grincheux, Keith Kouna, bien aidé par son groupe, offrira toutefois un rappel qui méritait bien de nouvelles doses bien pensantes : vous reprendrez bien un peu de plaisir et des bombes ? Vive le Tic tac ! Les riffs braillent. Mais c’est surtout dans son premier opus, « Les années monsieur », que le groupe plonge tête la première : impossible de ne pas visiter le Labrador, dément, ou de revisiter Laisse béton de Renaud en Oublie ça !
Acide, percutant et incisif, Keith Kouna boucle la boucle. A coups de rock, de punk, de synthé et de poésie bien pesés. Déjà hâte de les recroiser, lui et sa troupe d’agités.