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Quelque part entre le Gravezon, le Nize et le Dourdou, une poignée d’irréductibles s’était donnée rendez-vous dans le parc naturel régional du Haut-Languedoc pour la toute première édition du Hop Hop Potes Festival. La soirée, qui affichait sold out, a bien tenu toutes ses promesses. Elle pose même les bases d’une prochaine édition que les organisateurs ont déjà en tête.
Embourbés dans une crise sanitaire qui ne finit jamais, les festivals que nous avons l’habitude de côtoyer en sont les premiers impactés. Et passer un été entier sans le moindre festival relevait presque de l’hérésie. Pour stopper cette torture mentale, les organisateurs du Hop Hop Potes festival ont eu la bonne idée, un soir de sortie de confinement, de créer un tout nouvel événement musical, en plein air, et covidfree.
Afin de ne prendre aucun risque sur cette première édition, les organisateurs ont programmé une trentaine de groupes de renommées nationale et internationale et marquer les esprits d’emblée. Faux pas interdit pour ce festival qui est auto-financé à hauteur de 100% et qui ne bénéficie donc d’aucune subvention. Et là où les organisateurs ont réalisé un vrai tour de force, c’est qu’ils ont réussi à réduire au minimum l’empreinte carbone des artistes, tout proche de zéro.
Lovés dans un petit cocon de verdure, les festivaliers sont donc arrivés au compte goûte pour profiter des (chauds) rayons de soleil lunassiens avant le début des festivités musicales. Chose assez rare qui mérite donc d’être soulignée, les festivaliers ont eu la bonne idée de partager un immense pique-nique avec les membres de l’organisation. Le ton est donné, le Hop Hop Potes porte décidément bien son nom ! L’ambiance est décontract’, les heures s’égrènent et des parties de pétanques s’improvisent en mondialette. Certains font leur fameuse « spéciale », d’autres râlent de leur tir alors que celui-ci fait basculer la partie puis il y a ceux qui sortent le mètre pour départager deux boules à plus de 50 cm du cochonnet. C’est ça, aussi, la magie du sport.
Doucement, la jauge finit par se remplir peu avant l’ouverture officielle des portes, à 21h. Les festivaliers repèrent facilement les endroits stratégiques des lieux : ici, les soirées mousse sont appréciées et Le Détour est obligatoire. Pendant que les légumes du soleil crépitent sur la plancha, celle-ci se targue d’avoir des poivrons coupés un peu trop gros pendant que les papillons tapent l’incruste. Dans cette chaleur ambiante, le combat Kuma contre Goliath traîne en longueur mais les efforts s’annoncent vains.
Les premières notes s’envolent entre les feuilles et Louise Attaque passe quasiment inaperçu. L’heure est aux retrouvailles et aux victuailles. Bercés par les influences brésiliennes de Flavia Coelho, on sent bien que tout ce beau monde est sur la démarrante. Pendant que les incontournables Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly se partagent un toast, ce sont finalement les stéphanois de Dub Inc’ qui provoquent le premier vrai déclic de la soirée. Avec une serviette toujours bien vissée sur l’épaule, cela n’empêche pas d’avoir la classe. Plus loin, les cuivres déboulent : Bongo Botrako puis Manu Chao, qui a fait la surprise de passer, se renvoient la pareille.
Minuit est dépassé, le hibou est de sortie. Il a du mal à garder la pose sur -ce qui s’avère être le seul flop de la soirée- les Daft Punk. Un passage express surpuissant qui sera « poussif » comme on dit dans le jargon. Ras le casque, le masque tombe : une enveloppe groovy s’empare de l’assemblée, Deluxe déboule. Avec -M- et IAM pour Danser le mia ! De la planète mars’, un crochet par Toulouse est toujours possible pour un Oualalaradime bien mérité. Mais ce sont finalement Tryo et Ska-P qui réveilleront les appétits des plus affamés. Tony la frite n’est plus là mais son esprit sommeille en elle.
Les ventres rassasiés pour affronter la dernière ligne droite, les machines se mettent alors à ronronner et l’ambiance se digitalise : Caravan Palace taille une place de choix à Chinese Man qui s’en empare sans la moindre gène. Pupajim prend alors le micro pour son fameux Rub a dub anthem d’High Tone avant que Panda Dub s’offre un bain de jouvence. Alors que ne l’attendait plus depuis 1981, c’est l’éternel Bob Marley qui s’est chargé d’accompagner les derniers chanceux.
Le lendemain, malgré la fatigue, les sourires continuent d’illuminer les visages. Certains ont mal aux cheveux mais avec une bonne tondeuse, le tour est réglé. Pendant qu’un dessinateur fend le réveil dans son plus bel écrin, d’autres se prennent pour Robin des Bois. Doucement mais sûrement, la fin de la première édition du Hop Hop Festival semble inévitable. Assis dans l’herbe, les guerriers se reposent. Et la seconde édition est déjà dans toutes les têtes…