En ce début de février, Le Musicodrome vous propose de vous réchauffer aux côtés de deux artistes qui vont illuminer votre journée… et pas que ! Pour cela, nous mettons le cap sur Fülü et El Gato Negro qui viennent de dévoiler leur nouvelle création. Deux sorties toutes fraîches pour avoir la banane jusque-là !
Fülü « Fülü » (16 janvier 2024) chez Revolu’Prod
Nul doute sur le fait que vous allez entendre parler de Fülü, une joyeuse bande qui aime se délecter d’electrobrass et qui l’a transformé en ligne directrice. Le 19 janvier dernier, après plusieurs dizaines de concerts réalisés et une énergie qu’il fallait réussir à enfermer dans un album, les 7 musiciens de Fülü ont donc ouvert leur compteur d’album. Rien de mieux qu’un album éponyme pour démarrer ! En effet, Fülü nous tend une main sincère pour nous entraîner dans son sillage festif. Au menu il y a 10 titres, quasiment 8 si on enlève les tracks d’intro et de clôture d’album. En revanche, Fülü n’est pas avare puisque ce sont 45 bonnes minutes qui nous accompagnent tout au long de ce voyage… et ce dernier n’est pas de tout repos !
En fil rouge, Fülü nous propose un conte narratif pour nous parler de la genèse du groupe, ses valeurs, ce qui le fait vibrer. Il se joue des langues (français, italien…) et surtout des genres ! Si les influences sont clairement jazz, la clique masquée veut garder l’esprit à la fête ! La section cuivre nous joue des tours et les virées musicales s’enchaînent ! A l’image de Tembo, on part au carnaval de Rio avant de devenir hybride à souhait ! Sur Mbwa mwitu, les basses envahissent les ondes et la rythmique flirte avec les ambiances plus clubbing ! En toute subtilité, Fülü déplace le curseur jazzy à sa guise : Kuwa se joue dans du velours pendant que Tanca est un brûlot electrobrass !
Allant miser sur des rythmiques à la fois groovy et percussives, Fülü réalise-là un premier album plein de promesses : avec une toile de fond jazz, il va côtoyer l’electrobrass, l’afrobeat et une transe communicative appelant le mélange et la fête. Les amateurs de groupes tels que MEUTE ou encore Erza Collective devraient apprécier ! Dans tous les cas, c’est un drôle de cocktail qui ne demande qu’à s’embraser dans la rue, dans les salles obscures ou en festival !
El Gato Negro « Tigre qui pleure » (26 janvier 2024) chez Xray Prod
El Gato Negro, c’est d’abord une jolie découverte il y a une dizaine d’années avec son « Cumbia libre » : un album terriblement festif qui permettait de décrocher le soleil sans le moindre effort. 4 ans après, « Ouvre la porte » déboule et, malgré son éclectisme certain, nous déçoit : il nous manque ce petit truc, ce petit plus… alors que le talent d’Axel Matrod n’est pas à démontrer. Peut-être que le rendu plus mainstream, plus électronique, presque vocodé parfois, a fait basculer la balance du mauvais côté.
Ce « Tigre qui pleure » arrive donc avec de l’appréhension. Puis les singles arrivent : Marie-Claire, d’abord, façon afrotrap, puis Mundo cae. On comprend vite que des tubes pointent le bout de leur nez, d’emblée. Le globe trotter est bien de retour… Avec un autre génie, GUTS, aux machines, l’alchimie est immédiate ! Avec Assane Mboup au chant sur ce titre, ce « Tigre qui pleure » s’imprègne de la chaleur de Dakar et d’un nouveau métissage culturel. On sent bien les influences et les rencontres qui ont façonnées les péripéties des deux artistes : Différent est puissant de valeurs ; Le tigre appelle à un lâcher prise… vigilant.
Cette fois, El Gato Negro s’ouvre davantage et poursuit son exploration musicale : impossible de rester impassible devant Les tournesols (« chez moi aussi il fait noir / elle est passée où l’étoile ? ») pendant que Caïman, digitalisé avec parcimonie, groove au beau milieu de l’orient. Bien ancré sur le continent africain, Mamie Wata (avec Pat Kalla) ne masque pas la dureté du quotidien mais la rythmique emporte le tout. Plus loin, La vague n’attend que de déferler : elle apporte une dernière danse, un dernier souffle chaud pour ponctuer un album qui nous a franchement conquis ! Enregistré à Dakar, « Tigre qui pleure » est un petit coup de maître pour El Gato Negro qui s’offre une nouvelle escapade musicale à l’image de ses nombreux voyages. A écouter sans modération !