Annoncée à l’automne 2015, la venue du chanteur des Ogres de Barback à la MJC d’Aurec Sur Loire affichait complet depuis plus d’un mois. Avant même le début du concert, l’association Free Mômes avait une fois de plus réussi son pari, et une fois encore toute l’équipe est à saluer pour son acharnement à promouvoir la musique alternative en Haute-Loire.
Le Musicodrome avait posé son après-midi pour rencontrer Frédo, et causer avec lui de Renaud, de son Renaud, des Ogres de Barback et de bien d’autres choses. L’interview arrive bientôt sur notre site.
Dès 20 heures la petite salle dégueulait presque de monde. Une aubaine pour Los Galopintos. Comme toujours avec les concerts de soutien aux enfants, c’est un groupe de la région qui ouvre la soirée, comme pour montrer que, bien dissimulé derrière les grands noms de la musique populaire et vivante, il existe une diversité incroyable de groupes qui ne demandent qu’à offrir au public un peu de chaleur et de musique.
C’est ce que feront les quatre membres de Los Galopintos pendant trois quart d’heure. Si le public attendait Frédo avec impatience, ils n’en a pas moins savouré la prestation du groupe, qui donne des airs à La Rue Kétanou avec ses chansons vivantes et réalistes. Des balades, aux confins des forêts de la Haute Loire à Saint Pal de Mons ou à travers la Bretagne en vélo, des échoués de Lampedusa aux apiculteurs, chacun a pu retrouver une bribe de son existence dans une chanson. Sans cesse entrainé par l’accordéon, rythmé par le cajon, le chanteur prête sa voix à ses voyages, bien suppléé par le guitariste du groupe qui saupoudre le tout de saveurs espagnoles et manouches.
Le temps d’une bière et de conjectures multiples sur les chansons à venir, Frédo déboule sur scène, pour présenter Renaud, aussi impatient que le public alti-ligérien. Comme il l’avoue, c’est SON Renaud, le Renaud d’avant 1990 qu’il vient présenter, celui qui le touche en touchant la banlieue du doigt. Le Renaud des causes perdues et des rages pleines de vie. Seul sur scène le temps d’être Une bande de jeune à lui tout seul, Alex Leitao rejoint alors l’artiste pour l’accompagner, impassible et serein, un accordéon au bout des doigts, un soutien de poids tout le concert.
Bien entendu il n’a pas fallu attendre Société tu m’auras pas pour que les voix du public ne viennent s’ajouter à celle du chanteur, mais c’est sur cette chanson symbole de nombreuses générations que le ton monte d’un cran dans la salle. J’ai raté téléfoot, Banlieue rouge, ou C’est quand qu’on va où, pour ses mômes, les choix de chansons sont judicieux. Tantôt voix-accordéon, tantôt une guitare en plus, les arrangements frappent par leur justesse. Le travail entrepris par Frédo il y a dix ans porte ses fruits aujourd’hui, les chansons et les interprétations n’ont pas pris une ride.
Une question s’impose : le public est-il venu pour voir Frédo, le chanteur des Ogres, ou pour entendre des textes à bandana ? Indéniablement les deux, quand la salle se met à rugir sur Vous m’emmerdez et le Daron. Chaque chanson est précédée de son anecdote, les mioches au premier rang n’en ratent pas une miette, les anar’ du milieu de salle et les anciens qui soutiennent le mur non plus. Chacun s’y retrouve. Chacun se retrouve.
Et plus si affinité ! Brassens et Pierre Perret sont aussi de la partie. Buffalo Débile, La Teigne, Mon dernier bal, It’s not because you are, Mon beauf… les chansons sont tirées de l’immense discographie de Renaud, elles sont diverses, elles sont variées, elles font du bien. Frédo fera l’honneur de se dévoiler, en chantant avec toute son envie ses deux préférées : La Chanson du Loubard et Rouge-Gorge. Qui mieux que le chanteur des Ogres pour se faire l’ambassadeur de ces titres ?
La complicité avec le public est maximale. Frédo l’a juré, il ne chantera pas Hexagone. Mais le chanteur connait ses limites. C’est plein de malice qu’il prend sa guitare et fait monter des membres du public sur scène pour chanter les douze mois de la fameuse chanson. Ce fut laborieux, ce fut surtout beau de voir l’artiste, amusé, contempler son public chanter à sa place.
Un rappel, puis deux. Des sourires à la pelle. On sent bien que c’est par gaieté de cœur que Frédo et Alex Leitao sont sur scène. Où c’est que j’ai mis mon flingue parait logique pour entamer un dernier retour de chant.
Après plus de deux heures de concert, Frédo se permet même de poser sa guitare sur scène, et de faire monter deux chanteurs et un guitariste improvisé pour reprendre le fameux titre des VRP : Léo. Titre phare, le public le reprend en cœur, entrainé par les deux musiciens et leurs accordéons. Même si Frédo chantait Renaud, il était difficile d’imaginer la fête se conclure autrement que par Rue de Paname. Le public était prêt, dans les startings-blocks, et dès les premiers accords c’est une communion.
Le moment fut magique, la salle en eut pour son argent, d’autant que Frédo l’a assuré : il connait tout Renaud ! La preuve se fera du côté du bar, où la soirée et les chansons vont s’éterniser dans la nuit d’Aurec sur Loire. Une complicité totale comme il est rare d’en connaître aujourd’hui entre un chanteur et son public. Cette tournée est une réussite complète, totalement dans l’esprit de l’Ogre qui ne va pas tarder à retrouver ses frères et sœurs. Mais que ce soit sur scène ou au zinc, dans des reprises ou des compositions des Ogres, Renaud ne sera jamais très loin. Vivement dans dix ans, pour une nouvelle tournée !
Chapeau Frédo, chapeau Alex Leitao, chapeau à la MJC d’Aurec sur Loire et à Free Mômes pour cette belle organisation ! Et merci Renaud, bien entendu.
Super article
Je suis l’un des 2 chanteurs de Leo si vous avez des photos…
Merci
Boris
Très très bel article, qui redonne foi dans la capacité à rester simple dans le succès.
Bel article fidèle à cette soirée en tous points réussie… Frédo énergique et envoutant…Alex Leitao : accordéOH !!! Salle intimiste et chaleureuse…Aucun regret…