Fête du Pois Chiche à Montaren (30) 05 et 06.06

9 min de lecture

La douche froide est bien derrière. Pour son édition 2015, la fête du Pois Chiche est revenue encore plus motivée que jamais : bénévoles rechargés à bloc, programmation une nouvelle fois éclectique, météo des grands soirs… il était impossible de passer à côté de la 8ème sortie du pois chiche masqué. 

Pour notre grande première au Pois Chiche, il faut bien avouer que nous avons été bluffés… Trouver un festival aussi atypique est devenu presque impossible de nos jours. Le dernier qui nous ait autant marqué est probablement le festival d’Olt au Bleymard, en Lozère. Car pousser les portes du Pois Chiche c’est pénétrer dans l’antre des festivals alternatifs et écoresponsables. Un festival à taille humaine qui place le festivalier au coeur de la vie de l’événement. Le cadre, très chaleureux, nous berce à travers les allées de platanes et incite à prendre place aux côtés des convives. Les tables, sous les feuillus, appellent à être occupées tandis que des stands en tous genres attirent l’oeil. Des traditionnels pois chiches aux sandwiches végétariens, en passant par les délicieuses panisses marseillaises, les amateurs de viande aux assiettes plus que fournies ont pu en profiter tout autant. Le tout arrosé de bières et de vins locaux, le Pois Chiche place le bon goût au premier plan.

Assis sous les lampions, il peut aussi vous arriver de croiser des petits pois chiches au détours d’une conversation. Faisant de leur festival un événement écoresponsable, la sensibilisation porte finalement ses fruits : à Montaren, on ne jette pas ses mégots par terre ! Il y en aura bien dans la fosse, mais les abords sont particulièrement tenus. Entre les tentes aussi soignées que colorées, les animations, elles, s’activent : de déambulations en spectacles d’art de la rue, la proximité devient un point d’ancrage. Ici, les familles s’y mêlent. Des générations toutes entières se retrouvent tous les ans le temps d’un week-end. Entre musique, partage et grand moment de fête, on y trouve vite son compte…

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Pour reprendre notre fil rouge musical, chacun a pu se délecter du programme sonore que proposait cette nouvelle édition du Pois Chiche. Vendredi soir, il ne fallait pas être trop pressé pour se prélasser devant la musique : avec un retard accumulé d’une heure trente (« c’est normal ! » d’après les habitués), les choses ont démarré en douceur. La soirée, lancée tambours battants par les agités Grail Oli, s’est mise à tanguer, ballottée par les ingrédients occitan, créole, français et castillan de ces 10 musiciens. Parfait pour accompagner les premiers coups de fourchettes, le ton a pu monter progressivement. La suite, un peu trop dans le dur pour pouvoir appeler à la danse, a marqué une petite rupture avec l’ambiance générale du Pois Chiche. Le combo SIG accompagné du trompettiste Eric Truffaz a été quelque peu poussif. Non pas d’un point de vue musical car le tout était raffiné et jazzy, mais probablement pas très bien adapté pour passer si tard dans la soirée… Quelques envolées saturées, presque abstract, impulsée par la batterie, auront permis de relancer la machine par soubresaut. Les deux zigotos suivants, eux, ont fait subitement basculer la soirée : dans un premier temps, Scarecrow a démontré qu’il avait, au fil des années, dépassé la rampe de lancement. Les toulousains usent la route en enchaînant les dates et, surtout, les prestations remarquées. Emporté par son MC/scratcheur, Antibiotik Daw, et son bluesman fou (Slim Paul), le groupe tout entier est métamorphosé depuis notre précédente rencontre en 2013. C’est péchu, maîtrisé, hargneux, bref, hip hop et blues fusionnent sans accroc. Enfin, les nouveaux maîtres vaudou gardois de Djamanawak ont pu assurer, sans trembler, la clôture de ce premier soir, eux aussi à leur manière. Baignés dans les influences de groupes tels que Hilight Tribe, Djemdi ou encore High Tone, les nimois manient les sonorités ethniques (didgeridoo…) avec les racines folkloriques (guimbarde…) en les modernisant (claviers, bass synth, batterie). Tantôt electro, hip hop (beatbox), rock et même ethno-transe, les jeux de voix ont fleuri sur le joli set de Djamanawak ! Idéal pour conclure !

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Le lendemain, reprise du marathon et changement de décor ! Formule rallongée, début des hostilités bien plus tôt… il fallait s’accrocher pour affronter le soleil dès 19h30. Histoire de lancer cette soirée musicale sous de beaux hospices, la jeunesse a pris la pouvoir de la pop rock avec le groupe Mad Wire. La fosse se remplissant peu à peu, la jauge s’est copieusement garnie sur les roots de Jayadeva. La voix surprenante de Jayadeva en aura envoûté plus d’un ! Le fil de la soirée se poursuivit avec les tant attendus ASM (A State Of Mind). Après plusieurs années de travail sur leur nouveau projet, il faut bien reconnaître que le visage 2015 du groupe change de dimension. Après quelques embardées en sound system, le groupe revient à présent au grand complet (Djs, MCs, section cuivre) pour enflammer les planches en faisant du Pois Chiche la première date de sa nouvelle tournée ! Le premier constat est qu’ASM a amené avec lui du gros son ! Les lignes de basses sont implacables, les tendances reggae/hip hop/groovy fonctionnent à merveille… et son nouveau show avec ! Chorégraphie, ballet, la danse a répondu à la musique. Magnant même le sabre sur deux morceaux façon Kill Bill, ASM a repoussé les frontières-mêmes du show en intégrant le style jodo sur scène !

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Après cette escapade sono-martiale, la chaleur fut à son comble. Histoire de garder ce beau monde à température, Le Réparateur a sorti ses outils sur la seconde scène afin de la contrôler à sa guise. Un rock à la sauce punk au Didier Wampas‘style s’est propagé à Montaren. A la fois drôle et suintant, les pogos n’ont guère mis de temps à se déclencher sous le Pois Chiche illuminé. Jamais fatigué, le public a maintenu la cadence : Moonson, Dj’s à plusieurs mains accompagnés de MC et d’un saxo, a pu allumer une nouvelle fois la mèche pour un dernier tour de piste !

Cette 8ème édition du Pois Chiche est un grand succès. Le son a été très bon, pas agressif et parfaitement équilibré pour ces prestations en plein air. Les petits pois chiches au t-shirt noirs, eux, ont peut-être couru dans tous le sens, mais franchement cela en valait la peine. A l’année prochaine !

Crédits photos : Photolive30

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