Parce que l’Huma touche au coeur de façon si singulière, nous avons décidé de chroniquer cette Fête hors du commun à notre manière, avec égalité et sincérité. Tous les chroniqueurs du Musicodrome présents ont posé en quelques mots leurs émotions post-traumatiques. Une pensée pour les membres de l’équipe qui n’ont pu faire le déplacement, et spécialement le patron Aïollywood.
« Qu’elle est belle cette humanité ! Déterminés, bien que minés, à l’idée de s’en aller à 16h le dimanche pour tendre notre pouce direction Lyon, nous décidons de faire un saut au stand du PCF du Rhône pour demander si jamais un camarade avait de quoi partager un bout d’APRR et un bout de rage à chaque péage. « Putain de privatisation des autoroutes ! » s’emportait déjà Dédé à l’aller. A peine arrivé à la fédé lyonnaise, un afflux de camarades s’active pour nous aider. Pas de place dans les voitures, mais encore quelques sièges dans le bus loué par la fédé. Départ 22h, arrivé 5h à Lyon. Banco ! Alors, on en profite pour finir l’Huma en beauté avec Christian, petit latin de 50 ans au cœur tant humain. Ouvrier en métallurgie, Christian nous raconte son militantisme vieux de 30 ans, son combat quotidien, sur les marchés ou à toquer aux portes de Villefranche, à parfois se faire insulter mais à toujours tenter de convaincre, d’expliquer. Forcément, on se laisse inspirer par tant d’engagement, de détermination, avec toujours cette lucidité et cette nuance qui font l’intelligence. « Moi je suis un zinzin » nous disait-il, racontant avoir arrêté l’école en 5ème. C’était bien sûr tout l’inverse. Et si la lutte des classes pouvait prendre ce visage là, La République serait définitivement en Marx ! ».
Par Clem
« Si je devais décrire ce week-end en quelques mots, je dirais que c’est un assemblage de moments plein d’humanités… ces moments intenses d’échanges ,de rire, de vie et de partage. Tellement fort que t’as les poils hérissés rien qu’en y repensant quelques jours après. C’est d’abord bloquer sa carte bleue le jeudi d’avant la fête, puis c’est un départ pour la fête et une retrouvaille avec les copains, c’est un retour a pied pour les courageux, c’est un retour a pied et une longue attente devant la porte pour les seigneurs, c’est également des rencontres, des concerts et des « A Jean Gabin » pour vider son verre. C’est une accolade entre futurs « ex colocs », c’est un vieux monsieur qui redonne espoir à la jeunesse (sacré Jean-Marc Le Bihan), c’est également des diots de Savoie, des bouteilles de rouquins et des histoires entre copains. La fête de l’Humanité, c’est la fête qui ne finit pas ! C’est un lundi soir au restau , c’est un pastis qui ne passe pas bien, un rhum qui ne passe pas bien, c’est une entrecôte, deux pour les plus affamés (également débiles), des chi-fu-mi idiots… En bref, l’Huma c’est de l’amour, des aspirations, des rêves, des combats, des envies, l’huma c’est l’humain, l’humain c’est la vie… ».
Par Ius
« La fête de l’Humanité c’est avant tout des rencontres, des gueules croisées, des sourires échangés. Ce grand brassage d’âmes perdues dans l’époque, c’est aussi se balader dans une avenue (Georges Séguy ? Che Guevara ? L’histoire nous pardonnera ce manque de précision), filer à un concert de Cyril Mokaiesh et entendre une voix, un timbre, une révolte perpétuelle mais jamais rassasiée. C’est regarder son pote sur la gauche et voir dans son regard que oui, c’est bien Jean Marc Le Bihan que nous avons en face de nous.
La fête de l’Humanité, c’est ce moment précis, où par joie de l’imprévu on s’arrête devant ce stand, on s’assoit par terre, on se tient chaud au creux des mots de Jean Marc Le Bihan, au fin fond de sa poésie atypique et de ses coups de gueule contre le capital, contre les puissants, les riches, les traitres à la cause. La fête de l’Humanité, c’est entendre cet homme causer pour les petits, pour les sans rien, pour vous, pour nous, pas bien pour lui. C’est entendre le poète rêver que demain aura d’la gueule, que ses enfants connaîtront un monde plus juste. Cette bringue de l’Humain, c’est aussi ce merci réciproque à la fin du récital, ce sourire échangé et l’espoir, la joie d’avoir croisé par hasard, à même la rue et le cœur, ce grand humain qu’est Jean-Marc Le Bihan. Des étoiles plein les mirettes, on a raté le début de Mokaiesh. Tant pis. »
Par Bapt
« Des premières fois dans la vie ce n’est pas tous les jours. Et des premières fois qui en durent trois, c’est plus rare encore. Vendredi, samedi, dimanche, c’est simple comme tout. Marcher trois heures à la recherche des potes, sans téléphone pour les appeler, sans un copeck dans les pockets pour s’acheter une bière. Pourtant le temps passe, et vite malgré les pieds et le dos qui pleurent. Les concerts de partout, le jazz band au saxophoniste enchanté, et du rock à la scène zebrock. Ivres de joie, d’alcool et d’amitié on trouve enfin les copains pour une franche accolade ô combien inespérée. Samedi, tout est bon, et surtout le diot au rouge. Dimanche, presque tout me régale, Mokaiesh, Le Bihan et j’en passe. Puis enfin mon premier concert de Renaud, sans doute le dernier, ici on ne se fait pas d’illusion. Et pour finir le weekend…reprenons un diot de Savoie ! Merci les copains ! Merci la Savoie ! Merci l’Humanité ! ».
Par Greg
« Vendredi, samedi : tout ne se résumerait pas en un livre, aussi une phrase suffira-t-elle. Le souvenir de la fête se résumera pour ma part à ces quelques rideaux de pluie se fracassant sur la foule devant la rage de Melissmell. Les Sans Voies présents dans la fosse auront vu se cristalliser en cet instant tous leurs rêves et leurs espoirs.
Dimanche : un billet à l’aube pour rentrer à temps pour un anniversaire m’aura au moins permis de louper ce social traître de mokaie…Renaud ! Petite pensée pour mon Jean-Marc, mon seul grand regret. »
Par Théo
Un grand merci et un immense bravo de la part de toute l’équipe à tous les organisateurs et à cette horde de bénévoles militants des différentes Fédérations qui font vivre l’Huma et rendent cette fête si unique. La gauche n’est pas morte, vive la Gauche !
Par Daffy :
Dormir à 17 dans 40 m² n’était pas le plus mince défi du week-end… Et tout ça au nom du sacro-saint « Parisiennes, Parisiens qui avez des places chez vous, s’il vous plaît, aidez-nous à soulager le camping ». Ainsi fût fait avec une cohorte de « provinciaux » d’obédiences diverses et variées, aux convictions diversement ancrées (à gauche tout de même) mais avec cette même curiosité et cette ouverture qui forment le point commun de tout individu croisé sur la fête. Ce n’est pourtant pas compliqué : un seul point de repère, le stand d’Aubervilliers. Pas des plus compliqués à trouver quand même ! Partant de cette base, rien ne pouvait altérer la saveur de ce week-end, pas même la double défection qui n’aura finalement qu’apporté un poil plus de confort aux pensionnaires du 211 avenue Jean Jaurès.
Les arrivées au compte goutte engendrant des semi-départs collectifs n’auront pas permis à tous d’assister à l’ouverture de Jahneration. Des départ au compte-goutte n’auront pas permis à tous d’assister à la clôture (de Mokaiesh), ni à la deuxième clôture, aux bar des oliviers. Mais l’intensité du week-end aura permis à tous de (se) dépenser dans cette joie indescriptible de se sentir bien entouré en permanence.
Une pensée pour Dub Inc qui aura joué devant… Plus de monde qu’Iggy Pop ? Du jamais vu d’oeil de novice en tous cas à cette heure précoce de l’après-midi, un concert faisant l’unanimité de 60 à 70 milles personnes ? Du jamais vu, vraiment… Une pensée pour Melissmell qui nous aura gratifiée de son meilleur live de mémoire de Musicodrome, sans doute le plus beau concert du week-end. Une pensée pour Cyril, sans doute à la bataille pour la première place du concert le plus émouvant. Une pensée pour Jean-Marc Le Bihan, et merci à notre étoile de l’avoir croisé dans cette allée improbable… Merci au stand de l’Allier de son accueil !
Une pensée pour feu la colloc’ et feu le riflond au fond des chiottes. Un grand merci à la fête de l’Humanité, et à l’année prochaine !
Crédits photos : Hugo Josse