La navette spécialement affrétée arpente les petites routes qui traversent les villages de pierre des Monts d’Or, alourdie par des festivaliers chargés à bloc. Arrivés sur site, on sent le parfum spécial de ces week-ends où la fête et la musique se mêlent amoureusement. Cadre propice aux rêves festifs, les Monts d’Or dévoilent le vert apaisant de ses hêtres qui surplombent au loin la Bresse et sa vallée des Trois Belettes. En ce vendredi soir pluvieux, la large forêt démoniaque qui encercle les scènes s’apprête à posséder les esprits des festivaliers. Les très nombreuses sources d’eau qui font le prestige des Monts d’Or seront bien futiles : place à l’Apéro.
Sur le camping, les tentes se jettent et s’acoquinent, premier vecteur de rencontres heureuses (big up à nos voisins de campement !). La pluie s’arrête et l’on en profite pour s’immiscer sur le site. Surprise, toute la configuration a été revue pour élargir ses invités : à l’entrée, la scène dub a laissé place à une petite “Capsule” techno, anciennement perché en haut du site. Justement, c’est la scène dub, “La Dune”, qui a hérité de la hauteur, histoire que les basses puissent se propager jusque dans les forts militaires voisins. Le chapiteau principal s’est transformé en une imposante scène, “La Sphère”, moins esthétique, plus pragmatique. Seule “La Comète”, le chapiteau trance, n’a pas connu d’évolution, toujours paré de son rouge vif en fond de site. Les spots de lumière dans les arbres, les couleurs vives des affiches et les palettes bricolées font toujours des Démon d’Or un vrai joyau pour les yeux. En ajoutant une friperie solidaire à l’entrée, les costumes des protagonistes parviennent même à se hisser à la hauteur du décor dorée. Mais très vite, on comprend que le Démon d’Or a du succès (guichets fermés les deux soirs) : beaucoup de monde, au camping, dans les allées, sur les scènes ou au bar. Un mouvement de foule à l’entrée le vendredi faisait regretter la belle époque aux habitués du festival. Heureusement, l’organisation rodée a permis de s’adapter. Surtout, l’esprit toujours positif et festif des bénévoles et festivaliers reste gravé. Et permet aux Démon d’Or de s’inscrire encore et toujours en antithèse du pandémonium faussement éponyme.
Côté musique, on s’extasie d’une programmation qui a logiquement pris du galon : Polo & Pan, Wax Tailor et N’To & Joachim Pastor sur la grande scène, Killason à la Comète, Stand High Patrol en soundsystem sur la Dune. Un beau gratin qui permet de passer du sucré au salé dès que le palet est écoeuré. Mais il ne le sera que rarement : Pupajim & les compères déroulent leur dubadub devant un public en feu et en fumée. Avec ses trois artistes phares, “La Sphère” parcourt toute la diversité de l’électro, du trip hop de Wax Tailor à la techno mélodieuse de Joachim Pastor & N’To, sans oublier le show coloré de Polo & Pan. Une petite dose de trance plus tard, on finit de partager la précision du Stand High Sound jusqu’au lever du jour. Les festivaliers rentrent doucement au camping, les chemins se séparant entre les jams de certains, les slams des autres, le sommeil des premiers et la hardtek des derniers.
Pas de soleil pour cette édition mais une fraîcheur salvatrice en journée pour profiter du Out of Space où la disco et la funk font swinguer le public. Ailleurs, on fait chauffer le gosier sous les bâches pour ne jamais laisser retomber le grammage de jaune dans le liquide rouge. Le soir, la pluie s’invite rapidement alors que le festival affiche de nouveau complet. Sur le terrain de cross où s’établit le site, les glissades et dérapages dans la fine boue embellissent les courbes des festivaliers. Pendant ce temps-là, la nueva cumbia de Baja Frequencia retourne la Comète et OBF commence à tartiner sur son sound system surpuissant côté Dune. Avant cela, Kacem Wapalek avait réinventé la langue française, a capella ou accompagné, jouant avec les mots, dansant avec les sons en osant dénoncer l’essence insensée de notre société (piètre copie du talent acerbe de Kacem). Plus tard, la pluie redoubla d’intensité, donnant une dimension divine, presque enfin démoniaque à la forêt d’Or. Gentlemen’s Club n’attendait que ça pour envoyer son dubstep et tout faire péter : les capuches sautaient et se cognaient sur les drops archi-offensifs des anglais. Plus haut sur la Dune, Mungo’s Hifi puis OBF faisaient la même chose façon dub à grands coups de basses. La foule profitait des derniers moments pour libérer toutes ses forces diaboliques.
Dans ce cadre féerique, les esprits angéliques se souviendront de cette fête onirique, parfois psychédélique. Le sourire et les pupilles dorées pour parer la pluie et s’extasier dans la musique. Encore la musique, toujours la musique.
Et on ne va pas vous laisser sans vous faire un petit cadeau: L’interview de Stand High Patrol, c’est ici :
Retrouvez plus de Stand High sur notre précédant live report lors de leur passage au Virgo à Paris.
Clem – Julius – Tetex