Nous vous l’avions présentée dans nos pages il y a quelques semaines et l’heure est maintenant de vous raconter cette fameuse édition spéciale du festival Au Large. Une édition qui s’est exceptionnellement tenue dans un nouveau lieu et qui a su tenir toutes ses promesses.
Samedi 22 juin
Une fois n’est pas coutume, le festival démarre un samedi pour cause de fête de la musique la veille. Et comme les choses ne veulent définitivement pas se dérouler normalement depuis deux ans, c’est sous un ciel menaçant que nous gravissons la pente inclinée de la citadelle de Marseille afin d’accéder à son cœur secret.
Nous rentrons littéralement au sein d’une forteresse au centre de laquelle a été installée la scène sous un grand eucalyptus qu’on n’aurait pas imaginé trouver dans cet édifice en pierre… En grimpant dans l’escalier, nous nous retrouvons sur un chemin de ronde qui offre une vue incroyable sur Marseille et la Méditerranée.
L’espace repas est situé en hauteur et nous offre notre première déception : pas de panisses au programme pour de sombres raisons d’interdiction de bain d’huile. Dommage pour nous et pour notre apéro made in Marseille.
Passé cette déconvenue, nous partons écouter S.H.A qui ouvre le bal sous un barnum installé en prévision de la pluie annoncée. Cette jeune et très charismatique artiste à la voix soul soyeuse nous propose un voyage lumineux que les gouttes n’arriveront pas à réfréner. On sent un vrai potentiel et de belles propositions à venir.
Entre chaque concert, l’ambiance est assurée par la la Djette SABB, résidente chez Piñata Radio et figure de la scène queer marseillaise.
La pluie est maintenant de plus en plus présente ce qui met en péril la suite de la soirée. Heureusement pour nous, Ladaniva décide finalement d’y aller. Le groupe a longtemps hésité avant d’accepter en proposant une version moins « électrique » afin de se préserver de tout risque sur scène.
Ce qui va se passer est de l’ordre de la magie que seul le spectacle vivant peut nous faire vivre. Sous une pluie plus ou moins marquée, l’enthousiasme du groupe a su entrainer le public qui n’en demandait pas moins. La musique festive de Ladaniva s’est imposée et une belle transe joyeuse s’est installée dans la citadelle. Ce groupe, qui a représenté l’Arménie lors de la dernière édition de l’Eurovision, a un vrai sens du spectacle et énormément de générosité.
La nuit a ensuite été happée par la très talentueuse Calling Marian qui a déroulé un set électro à la fois doux et puissant d’une grande maitrise. Difficile de ne pas utiliser de superlatifs pour cette productrice surdouée qui nous a projetés dans une autre dimension malgré la pluie et le fraicheur qui s’étaient abattues sur la cité phocéenne. Elle ne s’attendait d’ailleurs pas à ce que Marseille soit sa date la plus humide. On vous invite à la découvrir si ce n’est pas encore fait !
Dimanche 23 juin
Changement radical d’ambiance pour cette deuxième soirée dans laquelle le Mistral s’est invité (oui, le mois de juin n’avait définitivement pas décidé de passer en mode été). Le soleil est tout de même là et nous gérons les panisses avant de monter dans la citadelle (faut pas déconner !).
Comme hier, une jeune artiste marseillaise assure ce début de soirée. Amalia propose un rap qui tutoie largement la pop avec une belle énergie et des textes ciselés. La jeune femme ne se démonte pas malgré les gens perchés au-dessus d’elle qu’elle incite à plusieurs reprises à descendre plus près de la scène. Car le lieu reste impressionnant avec ses hauts murs et ses ouvertures limitées. Une artiste à suivre qui se nourrit déjà de pas mal d’histoires de vie malgré son jeune âge.
Ce soir, les inter-plateaux sont assurés par le musicien Jon Onj qui propose un set chill qui se marie bien à l’ambiance détendue de la soirée. Ce dernier a sorti son premier EP Love Machine dont on vous dira bientôt deux mots.
L’événement ce soir, c’est la venue du duo Papooz, parisiens installés au Cap Ferret en mode décontractés. Le duo propose la bande son seventies des années 2020. C’est un hymne à la musique aérienne et solaire du rêve américain. C’est planant et groovy à souhait et Au Large est le lieu pour accueillir de genre de répertoire. On se régale sur It hurts me ou Too young au cours d’un concert où Ulysse Cotin assure le show avec son compère, plus sage, Armand Penicaut.
Les échanges avec le public sont réguliers jusqu’à la demande d’une clope par Ulysse définitivement dans son élément dans cette ambiance sudiste.
Bien lancée, la soirée allait prendre une autre dimension avec le set musclé de Minuit Machine. Derrière les platines, Amandine joue une musique puissante, noire et torturée aux accents techno. Concentrée derrière ses platines, celle-ci n’a pas d’yeux pour le public qui se prend rafale sur rafale dans une explosion de basses et de lumières.
Minuit Machine était invitée par Rebeka Warrior qui elle, arrive tout sourire sur scène. Elle commence d’ailleurs par un bain de foule sous la forme d’un slam qui surprend tout le monde. C’est que la dame était très attendue. Attaquant sur un morceau de musique classique parsemé de clavecins, Julia assure ensuite un set électrisant qui saura porter les festivaliers jusqu’au bout de la nuit. C’est frais et détendu. elle assume, en rigolant, sa transition loupée à un moment de la soirée et on sent que Julia est heureuse d’être sur scène face à son public conquis.
Rebeka Warrior sera en tournée cet automne avec Vitalic avec leur génialissime projet Kompromat et ça aussi, c’est une sacrée bonne nouvelle.
Nous pouvons dire que nous sommes ravis d’avoir découvert ce nouveau lieu marseillais dans le cadre de l’un de nos festivals préférés. La programmation est toujours au top et nous nous réjouissons déjà de retrouver le théâtre Silvain rénové pour la prochaine édition.
Crédits photos : Olivier Scher