Les Dirty Honkers sont barrés. Complètement barrés. Quasi-inconnus du grand public jusqu’à leur apparition plus que remarquée sur les planches de Garorock le week-end dernier, les trois membres de Dirty Honkers bousculent les codes. Brutalement projeté dans un univers burlesque qui explose de mille feux, il est temps de battre la mesure et de lever le voile sur ces mystérieux agités du bocal.
Un premier album « Death by Swing » en 2011, une tournée dans toute l’Allemagne pour fêter ça et un joli carton à la clé. La vague électro/swing a beau être en vogue en Europe, Dirty Honkers a pris le temps de chercher la petite chose qui ferait la différence pour faire tourner les têtes. Pour vous aidez à visualiser le monde merveilleux des Dirty, imaginez que vous prenez trois hurluberlus qui transforment une scène en un véritable terrain de jeu remplie de délires extravertis. Gardez alors dans un coin de votre tête que tout ça n’est que folklore et show burlesque et vous aurez, dans ce cas, percé la première énigme. De plus, en écartant l’idée de produire un son plutôt propre (comme Caravan Palace sait le maîtriser dans son domaine), Dirty Honkers se veut avant tout comme être un immense défouloir sonore. Aucun doute, le terrain est miné !
Avec de nombreuses collaborations à travers de nombreux projets à Berlin, Dirty Honkers s’est forgé une réputation de bourreau… Sous la bannière d’une configuration assez inédite, le trio se compose d’un Dj israélien (Gad Hinkis alias Dj Neckbreaka) qui a comme rôle d’imprégner sa patte hip hop au band. En perpétuelle gravitation, deux chanteurs/saxophonistes (la canadienne Andrea Roberts puis le français Florent Mannant), tout aussi déjantés, viennent boucler la boucle. Leur objectif ? Il est simple : déverser une avalanche de sonorités à travers une prestation unique sur la scène actuelle. Sur « Death by Swing », la folie dont le groupe est imprégnée n’a fait que révéler une irrésistible envie de partager, de rester proche de son public. Toujours dans un état d’esprit très festif, jazz et swing sont martelés par les machines qui dictent leur loi. Entre les scratchs incessant qui finissent par imposer le rythme, il ne manquait plus qu’un premier hit (« Gingerbread Man ») pour marquer son territoire. Et en ayant aucune limite musicale, les Dirty Honkers ont ouvert les vannes du métissage : quand les apports jungle amorcent les points de ruptures, c’est l’électronique qui se charge du reste. Baigné dans la culture berlinoise depuis sa création, le groupe surfe ainsi sur deux influences : un trempage intensif avec des représentants de la scène électronique bavaroise (Jazzsteppa ou la tigresse dubstep de Jahcoozi)… et cette envie de conserver les penchants punk des 80’s.
Avec ces différentes étiquettes collées au corps, Dirty Honkers s’est dit que le secret de la réussite viendrait de cette incroyable fusion… Le premier album est un mix contagieux où tous les ingrédients s’entrechoquent sans ménagement. Presque un grand n’importe quoi sonore d’une intensité imparable… mais qui dégage l’impression d’être maîtrisé quand bon lui semble ! Messieurs dames restez concentrés, les beats sont implacables, les mélodies accrocheuses, les intonations variées.
Sur les planches de Marmande, cette synergie sans faille s’est encore retrouvée. Dirty Honkers en a d’ailleurs profité pour présenter ses 4 nouveaux morceaux, issus de leur dernier EP « Just a Taste », sorti le 11 Juin 2012. Tandis que le second opus est annoncé pour l’automne prochain, les tendances musicales n’ont guère évolué : les saxos sont toujours en première ligne même si les tracks semblent avoir davantage de cohérence. Sur Old House, il y a moins de superpositions de sonorités et la pate swing/jazz s’affirme. Rajoutez un flow envoûtant du MC donnant un petit côté rétro et, d’entrée, on peut remarquer des similitudes avec les aixois de Deluxe (Superman avec MC Taiwan).
Sur Sugar, on reste d’ailleurs assez surpris de voir avec quelle puissance Andrea Roberts prend les choses en main : beats assommant à la limite de la techno, la chanteuse canadienne enveloppe l’auditoire dans une fine enveloppe qui ne tarde pas à se déchirer sous des variantes dubstep puis ragga. Le saxophone toujours utilisé à bon escient, l’équilibre du track fait froid dans le dos. De là à croire que Dirty Honkers en a terminé avec ses longues envolées, c’est sous-estimer la force de frappe du groupe : l’intensité retriuvée, Club Cats se pare d’ondes digitales et de pulsations déchirantes. La place d’Andrea décidément reconsidérée, cette dernière s’offre une dernière démonstration vocale sur Be My Baby. Sensualité, chaleur, Andrea tombe le masque et dévoile la face cachée du groupe.
Avec une énergie canalisée et une fusion musicale bien plus léchée, les Dirty Honkers semblent se diriger vers un second album beaucoup plus soigné… On peut imaginer que le groupe souhaitera conserver ce côté « allumé » qui en fait son identité, mais d’autres horizons sont en approches.
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1) Old House
2) Sugar
3) Club Cats
4) Be My Baby
Durée : 16 minutes
EP : 2e
Sortie : 11 juin 2012
Genres : Jazz / Electronique / Hip Hop