Debout Sur Le Zinc « Mémoire électrique » (2025)

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debout sur le zinc mémoire électrique chronique

Debout Sur Le Zinc est un groupe qui ne se présente plus sur la scène alternative française : pour preuve, le groupe fête ses 30 ans de carrière cette année avec la sortie de son onzième album studio, « Mémoire électrique ». Un retour signé 4 ans après leur dernier disque en date, « L’importance de l’hiver ».

Aux côtés de la grande famille du genre toujours active (Les Ogres de Barback, La Rue Kétanou ou encore Les Hurlements d’Léo), Debout Sur Le Zinc continue de tracer sa route au gré du vent et surtout de ses envies.

Même si, à l’époque, « L’importance de l’hiver » nous avait intéressé sans pour autant avoir réussi à nous transcender dans la casque, Debout Sur Le Zinc réussit depuis une dizaine d’années à faire souffler un vent de fraîcheur sur ses créations studio. Le groupe ne tourne pas en rond musicalement et parvient à garder cette magie en live en y retrouvant bien souvent les influences musicales de son dernier disque en date.

Pourtant, continuer à surprendre après toutes ces années n’est pas chose aisée même si leur réputation n’est plus à démontrer. Et lorsque « Mémoire électrique » a été annoncée, difficile de savoir où le groupe allait décider de nous embarquer. Rien qu’en écoutant Ferme les yeux, le premier extrait, l’excitation s’est réveillée puisque ce morceau était résolument audacieux.

Et l’audace sera bien le maître mot de ce nouvel album.

Vois comme je suis devenu aveugle et sourd (…) vois comme je fuis le monde et ses contours

« Mémoire électrique » débute. D’emblée, c’est une introduction déroutante qui nous laisse sans voix. Un rock spoken jaillit, voilà que l’on se met à vaciller dès la première compo. Une fracture entre l’avant et l’après. Les tourments de l’homme, son changement de perception et de tempérament. Comme pour mieux fermer les yeux sur ce qui nous tourne pas rond.

Clarinette, banjo et violon s’invitent, nous retrouvons-là des repères musicaux plus habituels : Je ne manque pas de cœur est un morceau plus dans l’ADN musicale du groupe. Mais un morceau qui sonne terriblement frais, comme un nouveau souffle qui propulse le groupe bien au-delà de nos attentes. DSLZ ne manque de cœur, on le sait bien, et on aime comment la rythmique nous embarque très loin. On peut bien laisser vagabonder notre imagination : dériver vers de nouveaux horizons pour enfin trouver le calme… ou lever le menton contre les opportunistes de notre monde.

Sur ce début d’album, on Ferme les yeux sans ciller. Là encore, Debout Sur Le Zinc continue son contre-pied parfait. Le cœur mis en sourdine, le groupe nous impose son prisme spectral et nous montre ce qui ne tourne pas rond. Mais petit à petit, la lumière perce la noirceur du monde : percus, chœur et violon s’épaississent avant que les cuivres nous fassent soulever les paupières avec des influences celtiques. Un coup de maître.

Dans un élan quasi pop, Debout Sur Le Zinc poursuit son introspection intime (Les souvenirs) : au gré du temps, la question des souvenirs, ceux qui restent et ceux qui partent, finit par se poser. Même si les tentatives de réponses glissent sur les cordes des guitares, on est bien tenter de se laisser porter.

Et justement on continue de se faire balloter avec une minutie au poil. Ce que tu es nous amène vers des contrées country/jazz avec une énergie du démon pour exploser dans un cocktail cuivré. Le questionnement sur soi, les balbutiements de la vie, les réponses à trouver, DSLZ les met en musique avec une facilité déconcertante tant il s’efforce à explorer nos sens musicaux.

En quête de sens, La petite mort remet les choses à leur place, sur des airs de Cabrel ou de Saez, et ça a le don de calmer les émulsions.

Parti dans un autre monde, sans douleur, Comme si nous enveloppe dans une compo quasi post-rock qui nous fait hérisser les poils sur les bras. Debout Sur Le Zinc continue de repousser les frontières de leur univers que l’on pensait connaître par cœur. La « Mémoire électrique » bat son plein avant que La belle électrique vagabonde aux abords de la Méditerranée : une envolée folk orientale s’entremêle à une plus cuivrée, le soleil brille à nouveau.

Ce dernier va plus que scintiller puisque L’espoir va faire souffler un vent groovy et funky sur la compo. Malgré une facette cyclique côté paroles littéralement assumée, Simon Mimoum ne perd pas en tête son objectif : nous faire tenir pour mieux combattre.

Allant piocher dans des influences du siècle dernier, Ailleurs apporte un côté mélancolique presque vaporeux, on y verrait du Feu! Chatterton dans l’esprit.

Mais quand Rayone arrive, malgré le triste sort du protagoniste, l’embellie envahit les ondes : la mélodie est tonitruante, les changements de rythme millimétrés, la compo nous transporte sur un autre continent. Les influences nous font drôlement penser aux Cowboys Fringants et on espère croiser la route de Rayone dans les salles obscures !

On ne la voulait pas cette fin tant cet album nous a électrisé mais elle finit par arriver : Dans mes bras ponctue cette onzième virée par une invitation, une ultime proposition qui s’achève sur un accord de guitare sonnant le glas.

Inutile de se mentir, cette « Mémoire électrique » est déroutante. Debout Sur Le Zinc réalise-là un album déconcertant : il nous surprend par sa température, sa profondeur et les influences travaillées. Cet album est incontestablement un de nos coups de cœur de cette année. L’originalité de ce disque réside autant dans sa richesse musicale que dans les tonalités qui en ressortent : on se surprendrait même à penser pourquoi, après 30 ans de carrière, un tel album n’a pas été proposé plus tôt. Mais comme dit un vieux dicton : mieux vaut tard que jamais !

Debout Sur Le Zinc, « Mémoire électrique » (12 titres, 42 min.), disponible depuis le 19 septembre 2025

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