Temps de lecture : 4’30
Annoncer que ce soir, en pleine crise du COVID-19, c’est festival… cela peut surprendre ! ODG et Aftrwrk viennent de passer à l’action. Et ce sont loin d’être les seuls.
L’Aftrwrk Online Festival. Voilà le nom de ce projet en passe de devenir réalité grâce à la collaboration d’ODG Prod et d’Aftrwrk. Sur le papier, l’idée est simple : il s’agit de diffuser, en direct sur les réseaux sociaux, des lives, des mix, des présentations de nouvel album aux internautes à différentes dates retenues en amont.
Pour l’heure, seule la partie 1 du festival a été dévoilée… et elle est déjà alléchante avec 7 événements annoncés. Le premier, qui débute dès ce soir 20h00 pétantes, consiste à la présentation du nouvel EP du groupe Bass Trooperz, « Force », qui a officiellement été dévoilé aujourd’hui. Le combo, créé par Mahom et Ashkabad, risque bien de ravir les aficionados de dub, de reggae et de musiques électroniques avec ce projet coopératif (leur EP éponyme avait d’ailleurs été chroniqué, en 2016, sur Le Musicodrome). Pour ceux qui voudraient faire partie de la fête, le rendez-vous se prend donc à 20h00 sur la chaîne YouTube d’ODG Prod (ici).
Ce mercredi 25 mars, le deuxième round sera mené par les agités de Tetra Hydro K en mode dub/electro/transe ; vendredi prochain (le 27) c’est une session live (enregistrée certes) dans le jardin d’Alpha Steppa qui s’annonce pour un voyage entre reggae, dub et world. Dimanche 29 mars, il va falloir réserver une plage horaire de 4h (de 14h à 18h) pour profiter du premier set live, en direct depuis Malte, avec une dubcast signée Bass Culture.
Plus tard, c’est encore une belle brochette d’artistes qui va devenir agitateur de sons. Le 30 mars, c’est le montpelliérain Bisou qui vient présenter les titres de son nouvel EP, « Miniature », toujours à 20h. Les 1er et 3 avril, ce sont respectivement Full Dub et Mahom qui prennent le flambeau. Ça promet !
La partie 2 n’est pas encore dévoilée dans le détail, mais des « incontournables » de la scène dub sont prêts à passer à l’action comme Panda Dub, High Tone, Ondubground, Mahom ou encore Rakoon.
Laisser la lumière allumée, coûte que coûte
Il faut savoir que cette initiative n’est pas un cas isolé et que les événements similaires se multiplient… et ce dans tous les domaines. Les musées ouvrent leurs portes pour des visites virtuelles, des chaines comme Arte rendent en libre accès plus de 600 concerts, les plus grands opéras s’invitent dans votre salon, bref, le hashtag « restezchezvous » prend de plus en plus de poids… La culture, au sens large, essaie de trouver des solutions pour, premièrement, inciter les gens à ne pas sortir et, aussi, pour que le monde du spectacle vivant puisse le rester. Un artiste cherche à créer et à partager ce qu’il fait. Pendant que les salles sont plongées dans le noir, la peur du vide surgit à nouveau.
On a pu voir que certains artistes ont su jouer la carte de la spontanéité comme Ultra Vomit, qui n’avait pas manqué de surprendre son monde, en étant les premiers à diffuser en live, sans public, suite à l’interdiction de rassemblement décidée à la dernière minute (lien toujours disponible ici). D’autres ont suivi, et pas qu’en France, à l’image des Dropkick Murphys qui n’ont pas pu s’empêcher de jouer pour fêter la Saint-Patrick. Certains se montrent créatifs, comme Laurent Garnier et Manu le Malin, qui balancent un mix de 7h pour continuer à rester chaud ; d’autres préfèrent donner rendez-vous, à des heures précises, pour des performances en live sur Facebook (Bob’s Not Dead, Neil Young…). Mais citer les initiatives individuelles seraient trop fastidieux et surtout inadapté car l’urgence touche toute la chaîne, bien plus que son dernier échelon, à savoir l’artiste arrivant à se produite devant un public, quel que soit le canal utilisé.
Pour que le monde de la musique arrive à se relever d’une crise qui commence, déjà, à sentir pas bon du tout, c’est un sursaut collectif qui est attendu. Un groupe en tournée, c’est bien plus que des musiciens : il y a les ingénieurs (son et lumières) mais aussi les personnes s’occupant du merchandising, le manager et aussi le booker. Le groupe a besoin d’un lieu pour jouer, il faut donc rajouter à ça les membres de la salle de concert (guichet, bar, snack, accueil, sécurité l’équipe technique, le régisseur plateau…) sans oublier l’organigramme. En d’autres termes, il est urgent de rallumer la lumière, coûte que coûte, et ce à tous les étages.
Pour y parvenir, cela passe forcément par l’émergence de collectifs afin de mutualiser les moyens. Dans le milieu des musiques électroniques, des soirées thématiques ont émergé comme les soirées Antivirus party où l’électro s’incruste à la maison (plus de 50 artistes se sont rassemblés sous la houlette de la webradio White Label Radio). Il y a aussi les soirées Boiler Room avec des lives streamés depuis la maison même des artistes. Par exemple, sur la chaîne YouTube de Boiler Room, vous pouvez notamment trouver les lives déjà diffusés de The Black Madonna, Mall Grab, HAAi, Sippin’T). Plus simple, peut-être, lorsque des liens existent déjà entre les artistes programmés ?
Mais un des rassemblements les plus marquants est venu d’Allemagne, avec une prise d’initiative lancée par les clubs berlinois. Ces derniers sont notamment passés à l’action avec la mise sur pied ultra rapide de la plateforme United We Stream. L’objectif ? Rester dans la mouvance electro/techno des chaudes soirées de la capitale allemande pour continuer d’animer des lieux physiquement fermés. Pour cela, la plateforme diffuse des mix et des concerts, mais aussi toute une série de reportages pour présenter cette spécificité culturelle qui est inscrite dans l’ADN des allemands (lien du site internet ici).
A la sortie de la crise, il ne faudra pas s’attendre à des bouées de secours de la part de l’État pour sauver les petites et moyennes structures impactées et les intermittents. S’il y en a, ce ne sera pas pour tout le monde. Les reports de charges ou les gels de certaines dépenses le temps du confinement ne vont pas effacer les pertes sèches de chacun liées à l’arrêt total de leurs activités. La guérison passera certainement par l’entraide et la coopération semble être le seul remède.