Caravan Palace « Gangster melody club » (2024)

7 min de lecture

Depuis leur premier album éponyme en 2008 qui avait littéralement cartonné avec ses hits à la pelle, nous avons toujours gardé une oreille attentive aux sorties du groupe d’electro/swing. 16 ans plus tard, Caravan Palace est peut être moins médiatisé mais il n’en reste pas pour le moins actif. « Gangster melody club » est le petit dernier à être sorti.

A l’aube du printemps, Caravan Palace est venu présenter « Gangster melody club », son cinquième album studio. Le groupe sait prendre le temps dorénavant : moins de pression des labels, moins d’attente éventuellement, une nouvelle configuration ces dernières années, bref, les raisons peuvent être nombreuses. Dans tous les cas, 5 ans se sont écoulés depuis la sortie de « Chronologic »… qui avait déboulé 4 ans après « <|°_°|> ».

Pour cette nouvelle mouture, 12 titres viennent fleurir ce « Gangster melody club ». Un nom un peu plus évocateur que les précédentes qui laisse, éventuellement, présager de nouvelles explorations musicales. Les dernières en date, plus digitales et moins jazzy, nous avaient laissé un peu sur le bord de la route. Presque trop facile pour un groupe qui a toujours eu une sacrée dose de créativité dans ses compositions.

L’écoute de ce nouveau disque se fait donc sans forcément d’appréhension : ce « Gangster melody club » doit avant tout nous convaincre à nouveau et être ingénieux. L’audace, Caravan Palace sait y faire. En ouverture de l’album, MAD, déjà dégusté plusieurs semaines en arrière, ravive l’espoir ! Le vieux gramophone crépite à nouveau et ce premier titre a un goût oldschool et de « reviens-y ». Il est à la fois envoutant et sexy, à la sauce electro/swing, et les cuivres s’offrent de belles envolées. « Go away ! », l’album est lancé !

L’enchaînement avec Mirrors va pourtant déstabiliser : cette chaleur retrouvée est de courte durée, Caravan Palace nous amène dans un de ses mondes parallèle, ceux plus modernes, ceux plus digitaux… C’est finalement à prendre ou à laisser. On se demande presque sur quel pied danser : vers où veut nous amener le groupe sur ce disque ?

On se rend compte que Caravan Palace cherche finalement à défricher des sonorités plus larges sans se renfermer sur lui-même : à l’image de Spirits ou Portobello, qui ont du mal à faire décoller le vaisseau, ou encore de Blonde dynamite qui n’explose pas en bouche malgré une intensité en montagne russe, il nous manque ces petits plus pour faire la différence.

Toutefois, ces ingrédients magiques que Caravan Palace sait utiliser, on finira par les retrouver sur ce « Gangster melody club »... car cet album est inégal. Sur 81 specials, on ne peut qu’apprécier le mood du morceau : avec un profil hybride, le groupe va allier claviers et machines pour proposer un track résolument jazzy enveloppé de nappes électroniques. Les beats sont subtils, c’est à la fois soyeux et percutant, et le côté mystique prend le pas. Réussi !

Plus loin, Raccoons nous offre un morceau « bascule » intéressant : festif à souhait, Raccoons pratique la fusion des styles et cela se ressent plus que jamais. Cela groove un max, l’electronica côtoie la funk et la recette fonctionne ! L’enchaînement avec Avalanches, opposé dans le genre, poursuit toutefois le plaisir : c’est à l’aide d’une ballade s’inspirant du trip hop que Caravan Palace déboule, en toute légèreté. Enfin, avec Reverse, le groupe montre qu’il aime bien faire varier la température mais en maîtrise, puisque c’est une petite sucrerie electro/swing qui déboule.

Enfin, trois morceaux vont attirer définitivement notre attention sur ce « Gangster melody club » : d’abord, il y a Fool, dompté par un sample d’accordéon du plus bel effet ! Zoé Colotis envoute à nouveau, ensorcelée par un piano bien placé, pour que finisse par arriver une fanfare cuivrée d’un seul claquement de doigts. Les deux dernières pépites achèvent l’album : après deux morceaux mitigés, les conclusions de l’album nous surprennent ! City cook est là pour nous donner le coup de fouet qu’il manquait : soupçon digital en guise de fil rouge, cuivres parsemés pour rythmer le tout, et voilà qu’une mélodie entêtante pointe le bout de son nez. Villa rose provoque la même sensation.

Vous l’aurez compris, ce « Gangster melody club » est inégal et hétérogène dans ses influences musicales. Cela n’enlève à rien que Caravan Palace arrive encore à nous surprendre et que plusieurs pépites fleurissent l’album. Rien que pour cela il mérite d’être dégusté, à froid ou à chaud, pour mieux en profiter en live.

Caravan Palace, « Gangster melody club », disponible depuis le 1er mars 2024 (12 titres, 43 min), chez Lone Diggers.

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