Plus de 2 ans après la sortie de l’étonnant « A matter of time », Le Peuple de l’Herbe est revenu le 29 septembre dernier avec « Next level » et 12 titres supplémentaires afin de poursuivre sa mutation sonore. Toujours soucieux de diversifier son panel musical et d’y apporter de nouvelles touches, « Next level » réussit, lui aussi, à nous surprendre du bon côté des choses.
Rien qu’à voir la pochette de son nouvel opus, on se dit que Le Peuple de l’Herbe a souhaité un retour aux sources sur « Next level » en proposant une cov’ bien griffée de sa patte reconnaissable avec le retour notamment du célèbre chien qui fait partie intégrante de l’image du groupe. Sobre, méandreuse et curieuse, c’est à se demander quels chemins les lyonnais ont-ils empruntés pour illustrer ce septième opus.
Comme éléments de réponse, on peut bien s’avouer que sur « Next level » Le Peuple de l’Herbe n’a pas souhaité faire les choses à moitié. A la fois fidèle à son univers et soucieux de se renouveler encore et toujours, la formation nous propose-là un album cohérent dans son évolution musicale mais aussi terriblement rafraîchissant, n’hésitant pas à aller vers de nouveaux horizons.
A la manière d’un « Cube » (2005) qui a fait l’échos à une consécration, « Next level » arrive ainsi à dégager cette odeur de soufre, lourde et étouffante, où l’on semblerait évoluer d’un pas pesant en plein désert. L’ouverture (Won’t make no difference) quasi-instrumentale dégaine sans crier gare, déstabiliserait presque, sous ses assauts de guitares, de son digital, accompagné de scratches et d’un harmonica tonitruant. Marqué d’entrée par cette présence de guitares saillantes, le constat se renforce sur Soya green, subitement martelé par le flow appuyé de JC 001. Et cette patte rock, on la retrouve d’ailleurs à peu près partout dans « Next level », plus ou moins assaillie ou triturée ! Oui, C comme ça, ne finit même pas par nous étonner tant cette mutation est limpide, maîtrisée et soignée.
Mais là où Le Peuple de l’Herbe sait ne pas, non plus, tomber dans la facilité, c’est qu’il aime bien aussi malmener son troupeau : son nouveau son « rock » est saupoudré d’influences funk (Sing my song) ou plus sombres (La lune est croche), emporté par la voix entraînante de Louis Michot (The Lost Bayou Ramblers). Sous cette chaleur assommante, le périple se poursuit sans relâche. Tendant vers des tendances dub/electro, Rude bwoy pousse à accélérer le pas : à la fois dansant et bien roots, le clan du Peuple de l’Herbe se confronte à de nouvelles cultures. « Là où tout à l’heure encore on se battait, et bien la vie a repris » : Mogador, trempé d’apparition de sitars orientales, sonne la révolte sans ménagement. Montant en puissance au fil de ses 4 minutes, le rock passe le relais aux musiques trad’, doublées par de grosses doses de jungle qui subliment le tout.
Si les touaregs du Peuple de l’Herbe sont loin d’être marginalisés, ils n’en gardent pas moins un état d’esprit nomade qui repoussent les limites des frontières : avec leur camarade de La Canaille, Marc Nammour, les raisons de la colère ne sont jamais bien loin (Mon étoile rouge) ou bien les embardées saturées et posées du MC londonien n’en font qu’à sa tête (What a shame).
Qu’il soit pris en chasse (Tell the DJ) à coups de beats electro dignes des débuts ; ou qu’il se transforme en véritable machine de guerre survitaminée (Le boom), la fusion des genres n’est jamais bien loin. Ce n’est pas Class war, doté d’un costume pour la piste de danse, qui prouvera le contraire…
Ce qui est sûr, c’est qu’entre retour aux sources et nouvelles explorations, Le Peuple de l’Herbe n’a pas fini de nous surprendre : depuis un « Tilt » (2009) qui paraissait faire stagner la côté de popularité de groupe, les lyonnais, et tous ne peuvent pas s’en féliciter, ont réussi à repartir de l’avant sur « A matter of time ». Ce « Next level » confirme ce regain de forme, à la fois riche et revitalisant. C’est la bonne surprise de la rentrée !
Clip « Soya green »
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Won’t make no difference
2. Soya green
3. Sing my song
4. Mon étoile rouge
5. Le boom
6. What a shame
7. Mogador
8. La lune est croche
9. Tell the DJ
10. Rude bwoy
11. Class war
12. C comme ça
Durée : 43 minutes
Discographie : 7ème album
Genres : Electronique / Hip Hop / Rock
Sortie : 29 septembre 2014
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