On y est ! Près de 6 ans après avoir mis le festival en pause, les organisateurs du This Is Not A Love Song (TINALS) réinvestissent le beau site de Paloma pour faire résonner le rock indé. Baptisé « Beau week-end », le premier soir a pu rugir pour fêter son grand retour.
Le TINALS festival a donc signé son retour cette année alors que, sur le papier, la période est plutôt difficile pour les organisateurs d’événements musicaux. D’autant plus que cette nouvelle édition est marquée par une volonté de proposer un festival plus humain (jauge réduite par rapport aux précédentes éditions), un peu plus court (2 jours au lieu de 3) reposant sur une programmation axée « découverte » sans (officiellement) de tête d’affiche. Un défi ambitieux pour les organisateurs qui connaissent l’embellie autour du festival et les questionnements chaque année sur un éventuel retour du TINALS.


Mais qu’en est-il réellement ? Un public peut vite se lasser d’attendre et se tourner vers d’autres événements alors, forcément, les habitués des années passées vont-ils retourner à Paloma pour ce Beau Week-end ? La réponse fut oui ! Sans pourtant afficher sold out (2 900 billets vendus sur une jauge de 3 000), il y avait du monde pour ce premier soir alors que le département du Gard était placé en vigilance orange « canicule ». Sous un soleil de plomb, la chaleur n’a pas réussi à décourager les festivaliers… et nous pouvons remercier la bonne anticipation des organisateurs de ce côté-là : entre les brumisateurs du Patio (salvateurs !) et les très nombreux points d’eau sur le site pour se rafraîchir et remplir sa gourde, nous n’avons rien à dire.



Le lieu, dans son ensemble, est d’ailleurs toujours aussi beau : le cheval ailé Pégase veille encore et toujours sur les festivaliers, plusieurs coins « chill » sont disséminés sur le site avec chaises longues et transat’, tandis qu’une multitude de petits drapeaux fleurissent l’immense jardin éphémère où se situent les 2 scènes extérieures. L’ambiance est soignée et fait son petit effet. Pendant que Dolly Elvis enchaîne les mariages, d’autres s’engrainent sur le terrain de beach volley, les pieds dans le sable. Notre seul hic concerne véritablement la nourriture : sans s’armer de patience, ce fut difficile de manger en ce premier soir au TINALS. Dommage, car la proposition avait l’air sympa.


Un début chaud, chaud, chaud !
Fin de semaine oblige, l’arrivée au TINALS se fera autour de 20 heures avec la traditionnelle visite des lieux, surtout extérieurs. Lors de cette première déambulation, nous verrons un (petit) bout de BDRMM. Nous avions déjà écouté des sons des anglais de BDRMM et ce que nous avons entendu est fidèle à leur univers : c’est gentillet mais entraînant, le groupe a l’air sincère et le public semble adhérer.


En remontant vers le vaisseau, un gros son émane du Patio : Tea Eater a déjà démarré et heureusement que les punkettes new-yorkaises jouaient dehors, à l’ombre ! On se demande toutefois comment elles ont fait pour dégager autant d’énergie, entre la chaleur et leur costume de scène, toutes encapuchonnées. Formé en 2022, Tea Eater n’a qu’un seul album à son actif (« Obsession », sorti en 2023) mais cela suffit amplement pour se faire littéralement retourner ! Première belle claque de la soirée.

Un concert finit laisse donc place aux habituels dilemmes : faire le TINALS, c’est faire obligatoirement des choix. Sur les 4 scènes du site, 3 groupes jouent systématiquement en même temps. A l’instar de notre photographe, Photolive30, qui cherche à voler entre chaque scène, nous essayons de rester au moins une bonne vingtaine de minutes devant chaque groupe « choisi » pour mieux s’imprégner de l’ambiance véhiculée.
Dans un premier temps, la stratégie est de filer du côté de la scène Mosquito pour aller rencontrer Ghost Woman, le duo canado-belge. Pas de basse ici, nous sommes donc sur un combo batterie (avec d’Ille van Dessel) et d’un guitariste (Evan Uschenko) qui se partage le chant. En mode découverte, nous tentons l’expérience : c’est assez posé, parfait pour ce début de soirée, les influences rock sont bien là mais l’immersion sera un peu gâchée pour les problèmes de son. Le temps de notre passage, il a été bien compliqué d’entendre les voix, trop en retrait par rapport aux instruments.


La décision d’aller voir LE phénomène John Maus s’est donc rapidement prise : direction la Grande Salle… et sa clim. Et c’est un John Maus intenable, transpirant à très grosses gouttes, qui a « claqué » le TINALS ! Il est bien difficile de venir mettre des étiquettes sur l’univers de l’américain : il y a forcément un côté synth-pop qui prédomine mais il vient y intégrer de la techno, de la new-wave… Sa musique est cyclique et entêtante, comme des boucles sans fins qui viennent vous marteler fort, très fort. En agitation perpétuelle avec sa musique, John Maus a du faire ses 10 000 pas quotidiens en 1 heure à peine, cramponné à sa fameuse chemise bleue. A la fois énigmatique et hypnotique, John Maus est la deuxième belle claque de la soirée.
Un milieu de soirée à 2 vitesses
Même si, officiellement, cette édition 2025 n’a pas de tête d’affiche : les trois groupes qui vont se succéder sur la scène Flamingo et dans la Grande Salle en forment des cachées. The Murder Capital, d’abord, ouvre le bal. Passés sous nos radars jusqu’à la programmation dévoilée, nous nous sommes laissés tenter par The Murder Capital d’abord en studio. Estampillé « punk », c’est plutôt les penchants rock qui nous interpellent et leur passage paraît particulièrement attendu. Sans véritable attente de notre côté, il s’avère que nous sommes ressortis déçus du concert, un peu plan-plan et surtout avec peu de plus-value par rapport aux morceaux déjà entendus. Nous laissons les irlandais pour nous rendre au Patio.




Et voilà la nouvelle claque que nous allons nous prendre ! Dans un Patio où il est quasi-impossible de circuler, les anglais de Knives constituent une très belle surprise de ce vendredi soir. En mode rouleau compresseur, ils ont transformé le petit bout de scène qui leur a été proposé en véritable volcan : il y a du punk, du rock, de la fusion, un côté rap qui laisse penser à des influences des Rage Against The Machine, agrémenté d’un cuivre. Le groupe, assez jeune, a sorti son premier album en mai (« Glitter ») et vous pourrez y retrouver un bon condensé de cette énergie live.
On change de génération et d’intensité avec une mise au frais dans la Grande Salle pour voir un grand monsieur du blues américain, Robert Finley. A plus de 70 ans, Robert Finley a assurément fait le show ! Lui-même guitariste, il est accompagné sur scène de ses musiciens qui mettent davantage de profondeur à la prestation, notamment avec des chœurs. Originaire de Louisiane et forcément influencé par le blues, Robert Finley a puisé dans des influences blues, soul et rock pour envouter la Grande Salle. Rien qu’à voir la quantité de vinyles sous les bras des festivaliers de Robert Finley, cela ne fait que confirmer que son passage a été apprécié. Malgré une programmation tardive (de 23h00 à 00h), Robert Finley est d’autant plus resté jusqu’à 1h00 au merch’, sourire aux lèvres. De belles images !


Pile au même moment que Robert Finley, c’est une artiste latino-américaine, Girl Ultra, qui prend les reines de la scène Mosquito. Le TINALS étant fait malheureusement de choix, nous ne verrons que quelques brides de son concert. La proposition avait l’air pourtant éclectique avec Girl Ultra qui est réputée pour mélanger les influences. Une prochaine fois !
Juste avant de rejoindre Flamingo et le grand rendez-vous de minuit, un crochet s’est imposé du côté du Patio pour y croiser A. Savage, en solo. C’est assurément folk et la température redescend un peu (enfin !) sur les braises incandescentes de Knives, mais c’est également entraînant : les mélodies des compos font leur effet et A. Savage fait une bonne transition avec la suite et fin de la soirée.
Le couac Death in Vegas
On y arrive à cette dernière ligne droite de ce premier soir et elle débute sur la scène Flamingo avec le groupe certainement le plus attendu de la soirée avec Death in Vegas. Croisé il y a quelques années à Marsatac, c’est toujours un plaisir de retrouver les anglais de Death in Vegas avec leur electro/rock psychédélique. Il faut dire que le cadre s’y prête bien et que le public semble les attendre de pied ferme.

Nous sommes présents un peu avant le démarrage du concert, pour être bien placé. Les minutes juste avant le concert ont commencé à nous faire comprendre que quelque chose n’allait pas : les techniciens s’agitent et le début de concert glisse (chose pas commune au TINALS). Et les craintes se confirment rapidement : un semblant de démarrage plus tard, le trio est amputé d’un membre qui n’a visiblement pas son clavier de branché. Début tronqué. Plusieurs minutes d’arrêt avant la reprise. Les Death in Vegas tentent de repartir mais cela ne tient qu’un morceau. Terriblement frustrant quand on connait la capacité du groupe a étiré les morceaux, faire varier l’intensité et faire muter son univers musical d’un morceau à un autre. Il est forcément très difficile de créer une communion avec le public qui se retrouve brutalement éjecté de son environnement toutes les 5 minutes.

Rien n’y fera. Les stops techniques répétitifs ont fait fuir les festivaliers vers d’autres scènes. Les allers et venues sans cesse des techniciens auprès des musiciens quand cela semblait fonctionner ont cassé l’immersion et on a même pu y voir les Death in Vegas s’agacer. Nous pouvons regretter le manque de communication envers le public pour expliquer la situation tout comme nous pouvons aussi saluer que le groupe a tant bien que mal décidé de rester sur scène sur toute son heure de concert prévue malgré les contraintes.
Une fin de soirée décomplexée
C’est donc vers la Grande Salle que beaucoup de festivaliers finissent par se diriger pour y croiser la route de norvégiens, Heave Blood & Die. Le groupe est jeune mais a déjà sorti quatre albums, dont le dernier (« Burn out code », date de 2024). Tout est dans le titre : le groupe est enragé et c’est le mélange des genres qui fait que Heave Blood & Die a ce petit truc en plus. En effet, vous pouvez passer d’un rock à du post-rock, comme du métal ou à du post-punk. La scène paraissait un peu grande mais l’énergie est bien passée ! Un groupe à suivre.

Pour cette dernière heure de concert, ce sera deux salles pour deux ambiances. Il y aura le Patio, à nouveau chaud, pour MJ Nebreda, qui passe en mode dancefloor avec son tube Iconica… ou un dernier round extérieur, avec les irlandais d’Enola Gay. Nous choisirons plutôt le punk rock d’Enola Gay pour cet ultime tour de piste : il faut dire qu’ils étaient particulièrement bouillants pour clôturer ce premier soir. Entre les riffs affûtés et les influences hip hop, le public a jumpé ! Les beats envoyés ont répondu aux envolées du chanteur (dommage qu’il ait un peu trop forcé sur la reverb par moment) et cette dernière virée a bien fonctionné. Le TINALS n’en demandait pas tant !


Crédits photos : Photolive30