Retour sur le Spring Break festival à Victoire 2 (Montpellier, 34) 23 & 24.05

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Le label Kicking Records, à l’origine de l’événement, nous avait promis un avant goût d’été avec son Spring Break. Promesse tenue avec un festival très réussi autour des valeurs du label gardois. Au programme une bonne dose de punk, de fous rires, de pogos, de bière et de bonne musique.

Vendredi 23 mai

Pour l’événement, Victoire 2 s’est multiplié en proposant des concerts à la fois dans sa salle mais aussi dans son patio dont le sol devant la scène s’est paré d’un nouveau revêtement (adieu la poussière). Comme promis par Kicking, l’atmosphère est douce et estivale nous plongeant direct en mode festival. A l’extérieur nous retrouvons un beau choix de stands parmi lesquels le Brico Saucisse qui propose un aligot préparé à la bétonnière et servi à la truelle.

Cette première soirée débute dans le patio avec Forest Pooky Quartet. Biberonné au punk-rock, le guitariste qui ne s’arrête jamais de tourner propose un projet folk rock bien énervé. Avec deux albums au compteurs dont Violets are red, roses are blue and dichotomy sorti en 2023, Forest Pooky assure le show parfait pour démarrer le festival. De Choosing lies à I know what love is, le song writer nous emmène avec lui dans son univers fait de douceur et de rage.

Changement d’ambiance dans la grande salle avec le groupe parisien The Mercenaries qui nous offre un grand moment de ska et de rocksteady. Les cuivres éclatent sur des titres comme Bad girl ou Antisocial tirés de leur album Turn it up qui est sorti il y a quelques jours.

A peine le temps de nous remettre que nous retournons dans le patio où la nuit est arrivée pour assister à l’arrivée sur scène de Panic Monster. Seul sur scène avec sa guitare, un tee-shirt Punk is Dad et un alien en bord de scène, Panic Monster nous régale avec des titres aussi ambitieux que I love you but i need Natalie Portman ou (Utah, Get Me Two) Keanu Reeves ou d’autres comme I want an alien for Christmas.

Retour dans la salle pour retrouver du bon punk bien énervé avec les Dirty Fonzy qui ne cherchent pas à faire des manières pour foutre le bordel (ils enclenchent d’ailleurs un circle pit dès le premier morceau). C’est d’ailleurs un manchot affublé d’un trombone en plastique qui devance les albigeois sur scène, ça pose le décor. Derrière, ça déroule à toute vitesse et le pogo agrémenté plus tard de gros ballons en plastique prend de belles couleurs pleines de sueur. Nous retrouvons l’incontournable Beervengers (même si on aurait bien aimé voir les costumes) ou What the Fuck. Le groupe tourne depuis un an et demi avec les Sheriff qu’ils rejoindront plus tard sur scène.

Le ping-pong des concerts continue avec le retour dans le patio pour le set des Not Scientists. Sur scène le batteur et le bassiste de Forest Pooky ont rejoint la formation menée par son frère, on reste donc en famille. Dès les premières notes nous sommes happés par la puissance de la proposition. Certes l’album Staring at the sun est paru en 2023, il n’en garde pas moins une transposition très réussie sur scène. Entre cold-wave, et guitares saturées, les mélodies sont entêtantes tout en transpirant la nostalgie. The Cure ne sont jamais très loin et on aime ça. Le gros gros kiff de cette première soirée.

Nous restons jusqu’au bout du set comme une grande partie du public. Pendant ce temps Les Sheriff ont attaqué leur tour de chant. Déjà 40 ans que les montpelliérains mouillent la chemise. Jamais fatigués, ils enchainent les titres plus vite que leurs riffs. À coup de battes de base-ball, Soleil de Plomb, Ne fais pas cette tête-là, A Montpellier, Jouer avec le feu… Bref, tout y passe dans une bonne ambiance presque familiale. C’est toujours un plaisir de retrouver les vieux routards du punk et les voir autant en jambes est enthousiasmant.

Samedi 24 mai

Première déconvenue en arrivant à Victoire 2, les amis de l’aligot bétonnière ont plié bagage… Dommage on aurait bien recommencé cette expérience extrême ! Dès les premiers pas à Victoire 2, on sent que la moyenne d’âge s’est abaissée depuis la veille. On y retrouve plus de jeunesse, plus de couleurs et de déguisements. bref, ce sera une soirée assez différente de la veille.

Ceci ne nous empêche pas de retrouver le patio pour y découvrir Bad Bad Bird, projet post covid mené par Madeleine en parallèle de son groupe Toybloïd. C’est avec son premier album Si brutal sorti il y a quelques semaines que Bad Bad Bird arrive sur la scène de Victoire 2. Enfin du rock au féminin chanté en français ! Le tout avec une bonne énergie pop rock et des mélodies pop. On a même droit à un petit featuring de Marie-Eve Roy des Vulgaires machins pour Je rêve à l’envers.

A l’intérieur, le Réparateur a pris les rênes de la grande salle avec son style alternatif tout droit sorti des années 80. Dans un style très branleur et en engueulant en permanence le public, le Réparateur tire à bout partant sur tout ce qui bouge. Couper les couilles au Ministre de l’intérieur (politesse) ou Fermer la gueule de Charlotte Gainsbourg, tout est possible avec le Réparateur. Finalement, sous ses airs destroy, c’est avec lucidité qu’il regarde notre monde à la con, en particulier dans T’es malade, chanson qui pourrait résumer l’époque :

 » (…) Et tu te sens responsable de
guerres que t’as même pas vécues
T’as l’impression d’être sale tu te
sens toxique tu sens que tu pues
Tu portes le monde sur tes épaules
et les humains qui s’entretuent
Tu regardes le chien
et t’aimerais mieux être à sa place (…) »

Retour ensuite au patio pour découvrir The Dead Krazukies et leur punk mélodique entrainant et puissant. Encore une femme aux commandes avec Maider au chant qui n’est pas là pour faire de la figuration. Un excellent wall of death est d’ailleurs rapidement lancé afin de chauffer la foule. Les riffs sont lourds, la batterie éclatante et on en prend plein le corps. Nous avons même la surprise d’une reprise de Michael Sembello avec un Flashdance Maniac qui dépoussière le titre. Le set se termine par This is not the End tel un appel à nous réveiller et à nous battre pour nous-mêmes.

Pourtant le patio tend à se vider petit à petit. La raison ? Le démarrage imminent des déglingos de Poésie zéro dans la grande salle. Tête de punk géante à crête verte pour annoncer le show et déferlement de punkitude déjantée sous la forme d’une fusion hip-hop et rock qui déchaine la jeunesse. Difficile de résister aux pogos rageurs dans cette fosse joyeuse et dégoulinante de sueur. Dans la veine du Réparateur un peu plus tôt, tout y passe : la police, les bourgeois, les fascistes, le travail et j’en passe. C’est revigorant et bordélique et le titre C’est nous les punks traduit bien l’ambiance.

Le retour au patio s’annonce compliqué après le déferlement qu’on vient de vivre. Et c’est encore une voix féminine qui nous accueille à l’extérieur avec Marie-Eve Roy des Vulgaires machins. Oui, ce soir, dans le patio ce sont les filles qui font la loi et c’est tant mieux. Le groupe nous arrive tout droit du Canada. Formé dans les années 90, les Vulgaires machins ont déjà huit albums au compteur et une sacrée vie passée sur les scènes nord-américaines et européennes. Le propos est engagé tout en restant mélodique et mélancolique. Un chouette moment entre deux concerts très énervés.

En parlant de gars énervé, nous voici à la fin de ce week-end bien dense avec le concert de clôture assuré par Krav Boca. Difficile de parler de ce groupe sans Aiollywood qui chronique leurs productions depuis près de 10 ans dans les pages du Musicodrome. Que dire qui n’est pas encore été dit sur eux ? Grosse claque scénique pour ce qui est des premières impressions. Ce mélange de musique fusion engagée et d’arts de la rue alternatifs produit un objet surpuissant, véritable ovni parmi les concerts que nous avons l’habitude de chroniquer. Le feu rejoint la sueur pour une performance atypique qui électrise le public. Les énergies se libèrent et comme eux, on veut sauter les portiques comme dans Wesh la Fraude.

En conclusion, bravo à Kicking Records pour cet excellent festival qui a rassemblé la perle de leur production. Aucun temps mort, une excellente ambiance et des concerts de haut vol, que demander de mieux ? Un grand bravo également aux équipe de Victoire 2 pour toute l’orga et un big up aux lighteux du patio car c’était très beau !

Crédits photos : Olivier Scher

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