Festi’val d’Olt – Jour 3 (Le Bleymard, 48) 31.05

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L’association Rudeboy Crew avait mis le paquet une nouvelle fois cette année pour le festi’val d’Olt, le 21ème du nom. Rien qu’à regarder l’affiche, La ruée vers l’Olt, nous pouvions supposer que l’immersion allait être encore totale dans les magnifiques décors du festival.

Cap sur la Lozère et Le Bleymard pour ce long week-end de l’Ascension. La chaleur étouffante des jours précédents dans les contrées gardoises laisse place à un temps plus humide en ce troisième et dernier jour de festival. Pour preuve, ce sont les orages qui jouent les invités relous en fin d’après-midi, perturbant les spectacles d’arts de rue prévus avant de ré-attaquer les festivités musicales.

Les gouttes ayant finalement décidé de laisser tranquille le festival d’Olt, les cowboys lozériens sont bien mieux armés que ce que l’on pensait. L’entrée se fait tout en douceur et cette ambiance ruée vers l’or et far-west nous imprègne d’emblée. Rodéo artisanal, calèche et décoration en tout genre fleurissent aux quatre coins du site, en intérieur et aussi en extérieur. La « cantine » est ornée de boiseries et de multiples lampes rétro façon lampes à l’huile. Bref, l’univers scénographiques de cette 21ème édition, signée comme toujours Le Hangar’O’Gorilles, est encore une franche réussite !

Côté musique, la soirée s’annonce chargée. Elle démarre, en chœurs, avec Nos Lèvres Révoltées. Ce chœur féministe militant est originaire de Paris. Pas d’instrument ici pour booster l’auditoire. En fait, elles se suffisent à elles-mêmes : elles sont tellement nombreuses sur scène que leurs seules présences en imposent. Elles chantent le patriarcat en chansons, reprenant des textes français ou étrangers, et elles allument la mèche. Mentions spéciales à La rue des lilas… et à la revisite orgasmique de L’Internationale.

Pas le temps de chômer : ce premier concert bouclé, direction le deuxième chapiteau, le grand chapiteau bleu, pour aller à la rencontre de Zombie Zombie. Seulement deux jours après qu’Olivier Scher les ait croisé du côté de Sète (live report complet entre nos murs), voilà que Zombie Zombie s’enfonçait un peu plus dans l’intérieur des terres. Le groupe, adepte du krautrock, adopte une mise en scène efficace : deux batteurs (Cosmic Néman et Doc Shonberg) occupent le devant de la scène tandis que la maître sorciers des sons, Etienne Jaumet, joue l’expérimentateur hybride. Vêtu d’un bleu (orange) de travail, il peut troquer ses machines pour du sax’ quand il endosse pas le costume de bâtisseur de sons. Il règne une alchimie parfaite au sein du trio, la musicalité est tout simplement idyllique : parfois, il semblerait que le groupe s’aventure sur des contrées post-rock avant que des notes electronica et surtout techno berlinoise n’envahissent les ondes. Electrisé, le public met une ou deux chansons avant de rentrer dans le jeu de Zombie Zombie pour finalement y succomber. A la fois doux et brutal, Zombie Zombie fait partie des coups de cœur de la soirée.

La suite, elle sera tout aussi magnétique : au petit trot, les québécois de DVTR (D’où Vient Ton Riz) prennent la relève sur l’autre scène. Présenté sous l’effigie « musique rapide québécoise », le duo mettra lui aussi une ou deux compos avant de faire rentrer dans le rang tous les sceptiques : DVTR, c’est un véritable défouloir électro/punk qui n’est pas là pour faire dans la dentelle ! Le groupe, qui a sorti son premier album live en avril dernier (« Live aux foufounes ») gueule « vasectomie pour tout, fuck le patriarcat ! » puis beugler « les flics sont des sacs à merde ! » toute guitare dehors. Avec une Laurence G-Do intenable sur scène et un JC Tellier déchainé, c’est une effluve punk déjanté qui a déferlé sur Olt ! Une belle découverte et surtout une grosse claque au compteur.

Le temps de ravitailler et de pointer son nez dehors, les grosses basses de DeserTGirlZ déboulent. Le trio, transfem hooligan, était-là pour s’assurer que l’intensité ne baisse pas d’un cran en prenant le meilleur des deux mondes. Un des morceaux phare est Pénis de femme, forcément, le public d’Olt a pu s’en délecter. Engagé et décomplexé, DeserTGirlz a donc proposé un show à son image, décalé et incisif, là où dubstep a succédé à du rap, à de la pop, à de l’electro et toutes ses déclinaisons musicales. En proposant un set en montagnes russes, DeserTGirlz a réussi le pari d’embarquer le public dans son combat. Nous resterons cependant un peu plus dubitatif sur les morceaux vocodés, toujours plus difficiles à appréhender. Mais avec les vautours qui volaient au-dessus de leurs têtes, rien ne pouvait leur arriver.

En ce début de nuit, la fin de soirée finit pourtant par pointer son nez. Mais avant d’envisager de reposer ses yeux, il est temps de s’en mettre plein des oreilles avec le dernier groupe du soir avec Marta. Derrière la qualification de techno acoustique se cache un duo qui nous a franchement scotché. Avoir l’impression d’entendre de la techno avec un violon et une batterie revisitée comme vous en avez certainement jamais vu, alors filez voir Marta. Auteurs d’une performance de haute volée, les deux musiciens se sont renvoyés la pareille dans un chapiteau qui a dansé jusqu’à n’en plus pouvoir… Le rendu est saisissant, nous ne pouvons que vous conseiller d’aller voir le show de Marta pour mieux comprendre l’envergure de la tâche !

De longues années après notre dernier passage, le festi’val d’Olt est toujours aussi épatant. En mode découvertes musicales et beauté du lieu, la ruée vers l’Olt est à nouveau un succès. A l’année prochaine, pour les 3 jours sans hésitation.

Crédits photos : Aïollywood (pas d’accréditation photo / photo d’ambiance)

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