Après quelques jours de coupure, nous voici de retour en festival pour la deuxième édition de Palmarosa à Montpellier (34). Avec sa programmation alléchante (Aimé Simone, Izïa, La Femme, Franz Ferdinand, Alt-J et French 79), nous avions inscrit l’événement montpelliérain dans les priorités de notre agenda estival. Bien que mis en garde sur tous les dysfonctionnement relevés lors de sa première édition, nous partions confiants à la découverte de ce festival ambitieux.
Pas de chance pour nous (et les organisateurs), ce dimanche 20 août allait être une des journées les plus chaudes de l’été. Qu’à cela ne tienne ! Nous décidons de décaler notre arrivée au début d’après-midi pour assister au concert d’Aime Simone, déjà vu en mai dernier au Rockstore. Première étape, récupérer le fameux bracelet cashless dont nous ne comprenons finalement pas l’utilité vu qu’il est possible payer par CB. D’autant plus que ce morceau de plastique finira dans une poubelle après le festival…
Mais en ce début d’après-midi caniculaire, c’est Aime Simone que nous venons écouter. Nous traversons d’abord l’unique zone d’ombre sous les pins, dans laquelle de nombreux festivaliers se sont installés afin de mieux supporter les dards du soleil. Dans le public, éventails, chapeaux et étoffes en tous genres voire ombrelles sont de guise pour tenir face à la scène.
De son côté et comme à son habitude, Aime Simone lâche les chevaux et met le feu au public rassemblé devant lui. Toujours seul sur scène, Aime déroule une bonne partie de son dernier album « Oh Glory » sans oublier ses hits Shining light ou Baby don’t quit.
C’est dans le public qu’il finit son set après avoir embarqué tout le monde dans une teuf bondissante et joyeuse. Nous le croisons un peu plus tard en bord de scène où il nous confie qu’il travaille actuellement à une nouvelle scénographie dans laquelle il ne serait plus seul sur scène. Il précise qu’il ne sera pas entouré de musiciens mais que son ambition est de proposer une expérience sensible de sa musique.
Après cette belle entrée en matière, il est temps pour nous d’aller remplir nos gourdes qui se sont rapidement vidées. Nous n’imaginions pas que ce serait aussi compliqué. Un seul point de ravitaillement est accessible, nécessitant de contourner une grande partie du site et de faire la queue des plombes face à une marée de festivaliers desséchés. Pas très pratique sachant qu’il y a de véritables goulets d’étranglement à passer (espace VIP, espaces d’animation, bars) avant d’y arriver.
Partis à la recherche du précieux breuvage, nous n’aurons pas le loisir de découvrir Hermes Fury, groupe sélectionné dans le cadre du tremplin organisé par Palmarosa.
Retour devant la scène pour y retrouver Izïa dont nous avions assisté au redémarrage de la tournée il y a quelques mois à Paloma. Arrivée tout sourire , Izïa entre tranquillement dans son concert avec Dragon de métal, peut-être pour s’habituer à la température ambiante.
Il ne faudra pas trop de temps pour que la jeune femme se débarrasse de sa veste en cuir et, lancée sur La vague, enchaine les titres à toute allure.
Virevoltant d’un bout à l’autre de la scène, ses hits des albums Citadelle ou La Vitesse sont lancés dans la foule qui continue à monter en température. Elle aussi y perd son souffle et s’asperge régulièrement d’eau tout en se coiffant d’un bob du plus beau style.
Jamais avare de conseils, elle nous invite à nous asperger le slip, histoire de rafraichir nos pubis flamboyants ! Une manière de ne pas oublier de s’hydrater sans doute, elle qui subit la puissance de cette chaleur qui n’est définitivement pas prête de l’arrêter.
C’est au son de sa Fugue italienne, que La Femme nous accueille pour notre troisième concert de la journée. Tout de blanc vêtus, les huit membres de ce groupe protéïforme déboulent avec classe et un Cool Colorado qui nous met tout de suite dans l’ambiance.
On retrouve le son si caractéristique de La Femme et de ses claviers (au nombre de 4). Côté chant, cela se bouscule devant la scène avec Clémence Quélennec, Fanny Luzignant ou Yzé Grospiron qui viennent régulièrement bousculer le public acquis à leur cause.
Les vestes tombent au fil des morceaux qui emmènent petit à petit le public vers un point de folie encore non atteint. Avec Aloha Baby, Sacatela, Elle ne t’aime pas puis les incontournables Sur la planche ou Foutre le bordel, la folie prend une autre dimension et c’est dans un nuage de poussière et de sueur que le concert se poursuit.
L’espace se réduisant à vue d’œil avec l’arrivée de nombreux nouveaux festivaliers, nous décidons, avant la fin du concert, de tenter de partir à la recherche de quelque chose à manger. Mauvaise idée, ceci s’avèrera être notre pire expérience de festival.
Après avoir bataillé pour rejoindre le « food court » installé de l’autre côté de l’espace VIP (là où se trouve aussi l’eau), nous voici lancés dans une interminable attente devant le stand des empanadas. Car oui, montre en main, il se passera 1h15 entre notre arrivée dans la file et l’assiette enfin en mains… De nombreux festivaliers, coincés là parfois depuis 30 ou 40 minutes abandonnent, résignés afin d’aller écouter un peu Franz Ferdinand de l’autre côté.
Mais au delà de l’attente, il faut planter le décor : nous nous retrouvons entre la scène électro des Mixeuses solidaires (qui passent du très bon son mais dont une pause pendant les concerts serait vraiment bienvenue) et la file d’attente vers les robinets mais surtout, au bord d’un foutu terrain de volley. Mais qui a eu cette idée saugrenue ? Pourquoi avoir installé un pseudo-terrain de volley-ball au milieu des files d’attente des food-truck ? Ce n’est que poussière dans la gueule pendant une heure alors qu’on aimerait vraiment être ailleurs à ce moment là.
On ne vous parle pas non plus de la cacophonie intégrale entre le concert sur la grande scène qui a débuté et les Mixeuses solidaires qui ne lâchent pas les platines. Il est tellement dommage de ne pouvoir profiter du concert de Franz Ferdinand, même de loin, alors qu’on est coincés dans cette foutu file d’attente poussiéreuse.
Que cela ne tienne ! Nous partons en quête de quelques images avant la fin du concert.
Si le soleil était le seul responsable de la chaleur excessive vécue dans la journée, c’est la chaleur humaine qui vient de prendre le relai en ce début de soirée. En effet, difficile de se mouvoir au milieu de cette marée humaine qui donne l’impression que le site est vraiment trop petit pour accueillir les 8 000 personnes annoncées.
Tout laisse à croire que que Franz Ferdinand, et encore plus Alt-J, sont les groupes qui ont mobilisé le public à venir. Et Alt-J n’est pas là pour décevoir les festivaliers avec une longue setlist de 17 titres qui révèle une grande partie de l’histoire du groupe. Et particulièrement pendant ce concert, la musique électro en fond vient vraiment gâcher le plaisir.
Le groupe débute avec Every other freckle qui pose le décor entre folk et électro. C’est beau et planant. On passe d’une ambiance à l’autre avec The actor, In cold blood ou Deadcrush. Alt-J possède un univers singulier dont la reconnaissance par l’industrie musicale a semble-t-il parfois été un peu compliquée à gérer pour le groupe.
Il n’en reste pas moins que des titres comme Fitzpleasure, Tessellate, Matilda, Left hand free ou Breezeblocks sont d’une grande efficacité et très beaux à découvrir en live.
Après cette déjà belle journée de concerts, nous sommes ravis de revoir French 79 sur sa nouvelle tournée. Contrairement à l’impression qu’il nous avait laissée au Yeah! en juin dernier, nous sommes totalement happés par le show de ce soir.
La musique de French 79 est à la fois aérienne et profonde. La scénographie basée sur un mur de LED passant de la couleur au noir et blanc nous plonge dans l’univers du producteur marseillais qui, pour une fois, est plus visible face à ses claviers. Les titres sont piochés dans ses deux albums « Joshua » et le tout récent « Teenagers » dont on reconnait les nappes synthétiques.
Finalement que retenir de cette édition ?
Tout d’abord une très belle ambition avec une programmation enthousiasmante pour une ville comme Montpellier. On ne va pas bouder notre plaisir sur ce point. Ensuite, une organisation efficace des transports en lien avec la Métropole.
Par contre, il y a de sérieux progrès à faire du côté de l’organisation pour éviter les très nombreux écueils déjà cités (et qu’on a vécus) et tout ce qui est remonté des réseaux sociaux. La jauge ne semblait pas du tout adaptée à l’espace disponible. Les déplacements sont devenus très complexes dès la fin d’après-midi et on n’ose imaginer ce qu’ont vécu les personnes à mobilité réduite face à cette difficulté.
Nous avons pas mal discuté avec les festivaliers tout au long de la journée et beaucoup d’habitués de ces événements s’interrogeaient sur les points évoqués tout au long de ce live report. Par ailleurs, nous avons croisé plusieurs personnes qui sont carrément parties du festival tellement ils arrivaient à saturation. Nous en connaissons même qui ne sont pas venues cette année du fait de l’expérience vécue l’an dernier.
Le succès populaire de Palmorasa plaide clairement en faveur d’une nouvelle édition mais une remise en question profonde de l’accueil du public est une priorité face au risque de vraiment planter ce festival.
Crédits photo : Olivier Scher