Pour ces premiers jours du printemps, nous vous proposons un petit coup de projecteur sur deux sorties dub qui nous ont marquées ces dernières semaines (voire mois, pour Ashkabad) : celles de Dubanko et Ashkabad en l’occurrence.
Dubanko « Hidden feelings » (17 février 2023) chez ODG Prod / DUB
Découvert il y a tout juste 2 ans avec un album « Migration » qui réservait son lot de surprises, Dubanko poursuit donc sa route avec quasiment tous les ans de nouvelles cordes à son arc. Ce n’est pas la collaboration avec Woody Vibes, matérialisée par un EP, qui prouvera le contraire (ou à travers leurs nombreux partages de toast avec des artistes de la scène dub/reggae hexagonale.
Le mois dernier, Dubanko est en tout cas venu présenter le deuxième LP de sa discographie, « Hidden feelings », avec 12 titres pour raviver la flamme. Dans ce nouvel album, on trouve assurément cette griffe sonore du dubmaker, un dub qui aime toujours autant skanker avec une touche japonisante (Rebirth, Slowlydown). Pour autant, l’artiste ne va pas s’enfermer dans le moule de son premier opus : il y incorpore davantage d’ingrédients, à l’image de cette track cuivrée étonnante en ouverture de disque (Hazy sky). Et cela ne sera qu’un début : cela se digitalise sans gène aux côtés du montpelliérain Jael (My eyes on you), cela endosse même un costume rock sur le très speed Sweet vision… Avant de basculer dans un dub cradingue (Dystopia) ou d’un frénétisme ambiant (Monkey dance), Dubanko va continuer à décaler son curseur créatif : on aime le featuring avec Wailing Trees (Inner kingdom) qui a de multiples facettes, on kiffe encore plus At the other end, electro/dub quasi acoustique oriental qui électrise le tout…
Bref, si vous n’avez pas encore écouter ce « Hidden feelings », nous vous conseillons vivement de le faire !
Ashkabad « Fire drop » (21 octobre 2022) disponible chez Patch Work Prod / DUB
Oula, petit retard dans notre sélection d’albums « coup de cœur » à vous faire partager mais mieux vaut tard que jamais… Bon, il s’est fait attendre le successeur de « Reptile » (2018) ! Attention, le duo n’est pas en reste puisque avec la crise sanitaire qui a fait arrêter le temps et les multiples EPs dévoilés (sous Baltimores ou avec les Bass Trooperz), Ashkabad a su s’occuper.
Avec ce « Fire drop », Ashkabad a décidé d’aller un peu plus loin dans sa phase d’expérimentation musicale avec 10 nouveaux titres exploratoires du genre : on y retrouve d’ailleurs des têtes connues puisqu’il y a pas mal d’invités sur ce disque. Au rayon des bonnes sensations, il y a Jael (décidément, encore lui !) qui place la barre haut avec un Out of a space puissant et énergisant ! Impossible de ne pas citer le raton laveur le plus en vogue du moment, Rakoon, qui signe avec Ashkabad le titre éponyme de l’album, revitalisant et terriblement dansant ! Dans un registre plus ragga, le micro s’ouvre pour Davojah, on regrettera peut-être que Art of war voit débarquer du vocoder… qui n’apporte pas grand chose. Le constat diffère forcément sur Anarchy.org, plus slow, plus oriental aussi, qui apporte ce coup de frais sur l’album.
L’autre partie du disque se laisse également approcher sans embûche puisqu’Ashkabad a su creuser sa place dans le paysage français dub : on le voit avec Zombie, morceau signature du duo dans les règles de l’art. Mais Ashkabad sait aussi le dépasser : Owenga, triture le genre et s’en détache… Car pour dresser le portrait de Vegan piranha, taillé pour la night avec un côté clubbing, ou très expérimental Urban nature, atmosphérique et presque digne d’EZ3kiel à ses débuts, Ashkabad entame sa mue. The beginning est une invitation à clôturer l’album sur une sacrée proposition : celle d’un groupe qui n’a pas oublié ses racines dubby à l’assaut des influences du monde tout en étant tourné vers un désir de perpétuelle évolution. En une compo, cela résumerait presque le message d’ouverture de « Fire drop ».