Invité au beau milieu de la programmation indie-rock du Check-in et quelques jours à peine après le Sziget, French 79 nous a accordé un entretien tout en décontraction avant sa montée sur scène. Une bonne occasion pour parler de ses récentes expériences américaines et de son prochain album.
Bonsoir Simon, merci de de nous accorder un peu de ton temps. Peux-tu nous parler de la tournée américaine que tu viens de vivre (Joshua Tour, mai 2022 – reportée pour cause de Covid) ?
C’était un truc un peu spécial pour moi, dans ma vie. Je pense que comme pour tout musicien, c’est un peu un rêve de gosse. Car ce n’était pas seulement deux dates prises comme ça, mais vraiment une tournée qui passait par la côte Est, la côte Ouest et toutes les grandes villes. Déjà sur le papier ça faisait un peu rêver. Mais en plus de ça, tout était complet.
J’ai d’ailleurs un peu halluciné sur les américains qui sont ultra fascinés par la musique électronique française. Je pense d’ailleurs que c’est la seule musique qui s’exporte de cette manière-là.
C’était donc un moment assez fort pour moi car même si j’y retourne, cela restera ma première tournée américaine, celle dont on se souvient le plus je pense. J’ai été super bien accueilli, toutes les villes étaient top. C’était des salles entre 400 et 1500 places et tout était complet partout, les gens connaissaient les chansons. C’était vraiment magique.
En plus je jouais dans des villes où tu ne pars pas en vacances, comme Minneapolis, ce genre de ville-là. Tu y vas parce qu’on te dit d’y aller et tu y découvres la vraie Amérique. C’est quand même top. Une super expérience
Et cela s’est organisé comment ? Ta musique est beaucoup écoutée outre-Atlantique ?
Oui, quand même. Aujourd’hui, tout est très international grâce au streaming. Et comme je te le disais, la musique électronique française est plébiscitée par le public d’Amérique du Nord. Après on ne sait jamais trop comment cela va se répercuter sur les ventes de billets. On a donc mis en place une petite tournée avec comme objectif que tout soit complet. Et c’est ce qui s’est passé !
La tournée actuelle est toujours celle de ton deuxième album « Joshua« . Peux-tu nous rappeler à quoi correspond ce nom pour toi ?
On peut dire qu’il y a deux références. Il y a d’abord un bateau que j’aime beaucoup. Et il y a aussi un référence au film WarGames dont j’étais fan quand j’étais petit et qui m’a fasciné. Et le nom de l’ordinateur super intelligent de cette histoire s’appelait Joshua. Et vu que cet album tourne autour des sons que j’ai découverts pendant mon adolescence, cela correspond à ça.
Tu vas bientôt monter sur scène. Pour ton show, est-ce que tu conserves une part d’improvisation ? Est-ce que tu adaptes ton set aux réactions du public ?
J’improvise beaucoup sur les synthés. Pour le reste, je vais plutôt jouer sur ma setlist. J’essaie de m’adapter au maximum aux réactions du public mais j’essaie surtout de me faire plaisir car si c’était tout le temps pareil, ce serait chiant. Je garde donc toujours une part de choses que je peux faire ou ne pas faire, que je peux jouer ou pas.
Il y a également un show avec les lumières. Je ne peux donc pas faire n’importe quoi non plus.
Et que retires-tu de l’expérience de venir jouer dans un festival plutôt axé rock comme ici ?
J’aime bien justement. Je pense que je fais de la musique électronique pour des gens qui n’écoutent pas trop ça. C’est donc un joli défi de jouer dans un festival très rock’n roll comme ici.
Je me rappelle d’un concert bondé à Marseille, à l’Espace Julien, juste avant le Covid. Pour la sortie de l’album il me semble. Cela fait maintenant deux ans que tu tournes avec de nombreux concerts partout dans le monde. Es-tu en préparation d’un nouvel album ? Trouves-tu le temps de travailler sur de nouveaux sons ?
J’ai pris ce temps là. En ce moment (août, ndrl) je suis à fond dedans. Bien que je tourne beaucoup jusqu’à l’automne, j’essaie de rentrer en studio du lundi au mercredi. J’y passe ma vie pour préparer mon troisième album.
J’ai bien essayé de composer pendant la période de Covid mais j’ai tout jeté à la poubelle. Je me suis rendu compte avec cette période-là que j’ai quand même besoin de vivre des trucs cool pour faire des trucs cool en studio. Je me suis rendu compte quand tu passes ta journée à ne rien faire chez toi, à être enfermé, à regarder la télé, en définitive au studio ça marche pas.
J’ai donc fait d’autres choses, je me suis mis à la peinture, à la photo, des trucs comme ça. En tout cas, ce n’était pas du tout une période productive pour moi. J’ai fait des choses que je n’avais pas le temps de faire d’habitude comme reprendre des trucs pour le live. Mais en termes de création pure, ce n’était pas bien.
Et dans ces nouvelles productions à venir, il y aura encore des voix ? Ce sera dans la continuité du précédent ? Peut-être des featuring ?
C’est possible. Je ne sais pas encore. J’en ai déjà où je chante, ou avec d’autres personnes. Je ne sais pas encore ce que je vais choisir, ce que je vais mettre à la poubelle. Après, l’ADN du projet reste la musique électronique. J’avais un groupe de pop et un groupe de rock. Si j’ai créé ce projet là, c’est pour faire de la musique électronique. Si vraiment j’ai envie de refaire de la pop, on refera un album avec Husbands ou un de mes groupes. Mais oui, j’aime quand même bien quand il y a un peu de voix.
J’imagine que l’on va rester sur de la house, sur une musique enveloppante, sur ce que l’on pourrait qualifier de French Touch ?
Pour moi la French Touch, c’est Air, Phoenix, etc. Ce n’est pas un type de musique mais plutôt les mélodies et les harmonies, le côté un peu classe de la musique électronique. Les anglais sont ultra novateurs, les allemands sont les meilleurs en son, les américains, ça frappe. Les français ont ce coté un peu « classe », imprégné de choses différentes.
Depuis cet entretien réalisé en août 2022, French 79 a sorti son nouveau single Burning Legend (dont le clip est à découvrir ci-dessous). La sortie de son nouvel album, chez les marseillais d’IN/EX est prévu au printemps prochain. On y retrouvera la « patte » French 79, des claviers emblématiques tous droits venus du studio de Jean-Michel Jarre et un mixage réalisé au studio Miraval, en Provence, où ont été produits des albums emblématiques de The Cure ou Pink Floyd et qui a été récemment racheté par… Brad Pitt !
Crédits photos : Olivier Scher