La question que l’on se pose en ce deuxième jour, c’est de savoir comment il est possible d’enchainer après la journée mémorable de la veille. C’est tout le défi que l’équipe du Check-in a relevé pour faire de ce festival, un incontournable de l’été.
Nous sommes de retour sur le tarmac le plus bouillant de la Creuse après une nuit mouvementée. En guise d’accueil, nous sommes reçus par le trio Lysistrata, venu tester en avant première les morceaux de son nouvel album à paraitre prochainement. Voilà une excellente entrée en matière avant de retrouver Los Bitchos qui ne nous émeut pas plus qu’au Yeah! en juin dernier. Le projet est très chouette à l’écoute mais toujours aussi peu incarné sur scène (même si une chorégraphie est venue renforcer le set). Nous nous posons ensuite pour découvrir les reprises de Leonard Cohen par H-Burns & the Stranger Quartet (un quatuor de cordes). C’est beau et la musique folk du musicien canadien (décédé en 2016) se prête bien à cette fin de journée.
C’est sur la grande scène que nous allons vivre notre première grosse sensation de la journée avec le texan Kevin Morby. Drapé dans sa veste dorée à franges, le cowboy défend son dernier album This is a photograph, paru en mai dernier. Jouant une musique folk qui rappelle l’Amérique profonde, les chansons de Kevin Morby prennent une saveur beaucoup plus rock sur scène ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Changement total d’ambiance avec les (très) jeunes Working men’s club qui enchainent sur la scène à côté. Les britanniques proposent une cold wave à la fois sombre et rythmiquement efficace (voir par exemple le titre Widow) . Si le set est dansant, les tronches que tirent les musiciens (à l’exception de leur leader Sydney Minsky-Sargeant) nous donnent l’impression d’un profond ennui à se retrouver face au public.
Quoi qu’il en soit, le public réagit très bien à la proposition musicale et une personne en particulier transforme ce concert en un moment inoubliable. Il s’agit du musicien Pascal Comelade qui, pendant qu’il s’installe en coulisse avec The Limiñanas, fait danser le public en chorégraphiant la musique des Working men’s club qui jouent à côté. Merci à lui pour cette bonne énergie communicative.
Avec la nuit qui approche, c’est Battles qui prend les commandes du Wall of sound pour un set dont le duo a le secret. Après une introduction sonore étonnante sur la description de l’être humain, les New-yorkais poursuivent leur trace dans le monde de la musique expérimentale en martyrisant leur batterie (John Stanier) ou leur guitare et claviers (Ian Williams). Les découvrir sur scène crée toujours un certain émerveillement. Les boucles hypnotiques de Ian et le jeu de percussion de John nous entrainent dans une inexorable transe.
Pas le temps de souffler que nous retrouvons The Limiñanas pour un set complété par une projection vidéo, ce à quoi nous n’avions pas eu droit en juillet au festival de Thau. Est-ce du fait de ce dispositif ou de la fatigue accumulée (ils jouaient la veille à la Route du Rock), leur show n’offrait pas la même saveur qu’un mois plus tôt. Ce n’est pas le cas de MADMADMAD. Le trio, installé sur la petite scène hélicoptère au milieu du public, avait préparé un set bien rock qui permettait de sortir de la torpeur dans laquelle le froid avait commencé à nous mettre.
Et c’est également ce à quoi va s’employer Feu! Chatterton avec un concert puissant, interactif et généreux sur la grande scène. Ils ne loupent pas l’occasion de jouer un de leurs premiers titres, Boeing, pour faire honneur à l’aérodrome sur lequel ils se trouvent ce soir. Et ce ne sera pas le seul morceau de leur premier album car les titres Côte Concorde, La mort dans la Pinède ou l’incontournable La Malinche seront également mis à l’honneur. Pour le reste, c’est le Palais d’argile que nous entendrons avec un monde nouveau qui donnera l’occasion à Arthur Teboul d’aller se hisser sur le public. Une fois de plus, aucun morceau issu de l’Oiseleur, deuxième opus du groupe. Mais avec les limites de temps à respecter, seuls neuf morceaux seront joués alors qu’on sentait qu’ils en avaient beaucoup plus à nous proposer.
Bien que la soirée soit prévue pour durer encore assez tard, le froid qui est tombé d’un coup ne nous permettra pas de résister jusqu’aux concerts d’Arnaud Rebotini et surtout de Nova Materia que nous sommes déçus de devoir abandonner. C’est donc avec la fanfare allemande de MEUTE que nous finissons notre deuxième édition du Check-in. Et rien à redire, l’orchestre électro-acoustique est toujours aussi efficace et a su convaincre le public rock du festival.
Ce sont les yeux plein de paillettes et le cœur rempli que nous repartons de Guéret avec la certitude d’avoir passés deux jours extraordinaires dans la Creuse. Hormis les quelques bugs de toilettes (faut vraiment penser aux toilettes sèches pour la prochaine édition) et l’absence de bonnes bière locales (et on sait qu’il y en a), tout a été au top et nous saluons la nouvelle organisation spatiale du lieu. Encore bravo pour cette nouvelle édition et longue vie au Check-in !
Crédits photos : Olivier Scher