Il aura fallu attendre 3 ans pour enfin retrouver l’aérodrome de Guéret et l’excellent festival que nous avions eu la joie de pratiquer en 2019. Après la découverte de son incroyable line-up avant l’été, nous avions hâte de filer dans la Creuse pour vivre cette deuxième édition.
Nous avions vécu la première édition sous un soleil de plomb, ce sera essentiellement les nuages et la pluie cette année. Nous ne nous y attendions pas, après des semaines de canicule et de suffocation. Une fois installés au camping de Guéret (finis les campings de festival depuis qu’on a pris un peu d’âge), direction l’aérodrome pour retrouver le tarmac et la musique.
Dès le parking, nous sommes happés par les riff électro punk du duo Bracco déjà installé sur la scène hélicoptère au cœur de la foule. Grosse sensation d’énergie, en mode bestial et sauvage.
Voilà une sacrée entrée en matière qui nous fait dire qu’on est définitivement au bon endroit. C’est aussi le bon moment pour aller déguster les bonnes bières locales. Et là, grosse déconvenue par rapport à notre souvenir avec à peine deux bières artisanales contre au moins huit la dernière fois. Dommage pour nous, mais on est là avant tout pour la musique. Et nous poursuivons avec les jeunes américains (Brooklyn) de Geese. Ces jeunes « oies » ne sont pas là pour faire de la figuration mais plutôt offrir une réponse made in US à la grosse déferlante post-punk britannique. Avec leur air de ne pas y toucher, les musiciens de Geese assurent un concert sautillant et groovy pas désagréable.
Sur la grande scène, notre duo belge préféré, La Jungle, a pris possession de l’espace. Mais contrairement au moment de folie vécu au plus près de leurs instruments au Yeah! en juin dernier, le groupe se retrouve perché en hauteur, ce qui atténue (un peu) la puissance de leur show. On joue les difficiles mais nous sommes ravis de les revoir et de communier avec eux malgré la distance.
Cela fait à peine 2 heures que nous sommes là et nous avons déjà l’impression d’avoir pris un petit air de croisière indie rock qui nous convient très bien. Les concerts s’enchainent d’une scène à l’autre (placées en parallèle ce qui évite les sons parasites pendant les balances) de manière plutôt idéale (même si les sets se retrouvent millimétrés dans le temps). C’est donc dans un version accélérée que nous retrouvons Last Train qui déroule ses morceaux issus de son dernier album « The Big Picture« . Ceci n’empêche pas Jean-No de se mettre debout sur la foule comme à son habitude.
Après cette excellente douche de rock, retour à Londres avec les très attendus Shame. Emmenés par un Charlie Steen arrivé en costard (mais ça ne va pas durer), les anglais déroulent un set énergique et bondissant auquel répond un public largement acquis à sa cause. Slams et pogos s’enchainent dès les premiers titres nous indiquant que la soirée démarre vraiment. Impossible de ne pas suivre les pirouettes du bassiste Josh Finerty qui assure d’acrobatiques traversées de plateau. Sans être révolutionnaire, Shame assure un show sans temps mort et physiquement engagé.
Occupés par une interview, nous n’entendrons le set des Stuffed Foxes que de loin, depuis l’espace presse. Dommage mais la soirée est loin d’être terminée. Et nous changeons de registre avec le concert suivant puisque nous abordons notre premier artiste de la scène électronique avec Mansfield.TYA. Le duo, formé de Rebeka Warrior (de Sexy Sushi, entre autres) et Carla Pallone, fête cette année ses 20 ans d’existence et tourne une dernière fois avant son concert ultime prévu le 1er novembre à l’Olympia. Autant dire que les fans du duo sont présents en masse devant la scène, reprenant à tue-tête les chansons telles que Auf Wiedersehen ou Ni morte ni connue.
Il faut reconnaître qu’à ce stade de la soirée, on peut parler de sans faute en termes de programmation. Nous enchainons sur la grande scène avec Fontaines DC qui a sorti en début d’année un excellent album (« Skinty Fia« ) qui nous éloigne un peu de leurs productions précédentes. Que dire sinon que les irlandais semblent plus posés que par le passé même si leur chanteur, Grian Chatten, reste toujours empli de cette énergie contenue. Le concert se passe presque trop vite tant nous sommes captivés par ce groupe qui devient incontournable sur la scène rock internationale.
A peine le temps de nous remettre, que les bouillonnants toulousains de SLIFT lâchent les guitares psychédéliques et autres chevauchées épiques devant une foule en ébullition. Une belle manière de se connecter aux étoiles avant la suite du programme !
Place ensuite aux Libertines qui ont remplacé au pied levé la tête d’affiche du festival, King Gizzard and the Lizard Wizard qui a du renoncer suite aux problèmes de santé de son leader. Célébrant les 20 ans de leur album Up the bracket, The Libertines est de retour pour une série de concerts dont ce soir à Guéret. La première chose qui saute aux yeux est le sacré embonpoint de Pete Doherty qui semble bien apprécier les spécialités normandes depuis qu’il s’y est installé. Passé le choc visuel, place au show qui rappelle de sacrés bons souvenirs et qui va prendre une tournure magique quand une pluie diluvienne va s’abattre sur nous au milieu du concert. D’un coup, nous sommes projetés au cœur des iles britanniques, bercés par le duo Doherty/Carl Barât qui fonctionne toujours. Certes, les années ont passé mais nous ne cachons pas notre plaisir à l’écoute des titres de leurs deux albums magiques du début des années 2000.
La soirée passe ensuite en mode tout électro avec Lucie Antunes (interview à retrouver bientôt) que nous avions hâte de découvrir avec l’installation scénique du collectif Scale. Malheureusement pour nous, l’épisode pluvieux vécu juste avant a poussé l’orga à garder les éléments de la scénographie au sec. Ce sera donc pour une prochaine fois. Ceci ne nous a pas empêché d’apprécier une nouvelle fois l’électro harmonique de Lucie.
C’est ensuite le marseillais d’adoption French79 (interview à suivre également) que nous découvrons sur la grande scène avec son album Joshua. A peine rentré de sa première tournée américaine, French79 nous offre un set puissant qui met en avant ses titres phares tels que Home town ou By your side et plus encore. Le public, amateur de rock, a semble-t-il bien apprécié.
Il est plus de 3h du matin quand Dombrance attaque son set devant un public trempé mais toujours motivé. Est-ce que l’humidité a joué des tours à notre politicien préféré ? Dombrance doit en effet gérer quelques soucis avec son clavier, ce qui n’entamera cependant pas la motivation du public. C’est pour nous aussi une première avec l’installation vidéo qui met en avant le performances graphiques d’Olivier Laude.
C’est fatigués mais avec le sentiment d’avoir passé la meilleure journée de festival de notre été que nous rentrons au petit matin vers notre camping sans un gendarme en vue (contrairement à 2019 où on ne pouvait pas faire 100m sans un contrôle). Un véritable sans faute pour cette première journée et pour le retour du Check-in sur les terres creusoises !
Crédits photos : Olivier Scher