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Les chroniques ‘express’ du Musicodrome sont de retour aujourd’hui et, une fois encore, elles se transforment en dub session. Deux EP ont attiré notre attention ces dernières semaines, le « Dub trotter » de Manudigital ainsi que la toute récente collaboration d’Ashkabad avec Baltimores. Tout un programme…
Ashkabad meets Baltimores « Four shades of dub » (30 novembre 2020) chez ODG Prod -DUB-
L’actualité est assez chargée en ce moment pour l’artiste marseillais Baltimores qui, en plus d’avoir sorti son premier album en octobre dernier, déboule à côté du duo Ashkabad pour une collaboration qui se faisait attendre. Ce n’est pas La Fine Equipe qui s’est retrouvée autour du dub mais une joyeuse équipe, bien déterminée à se faire remarquer au travers de leur premier EP collaborateur, « Four shades of dub ». Ces quatre nuances de dub portent bien leur nom et c’est presque sans surprise que l’EP s’enchaîne en toute décontraction : il se met en orbite avec un Obsessed obsessionnel, en mode dark dub, limite downtempo, et le flow de Baltimores remporte la mise. C’est du très lourd qui lance les hostilités… Venons-en aux faits : No more water déboule, façon reggae/dub, pris d’une sobriété heureuse malgré la gravité du sujet abordé qui calme les hardeurs des skankeurs… qui se réveillent sans se faire prier sur We love the sound system ! Taillée pour le live, la track fait monter la température et l’auditoire se prend un sérieux coup de chaud avant de virer des penchants un peu plus électroniques, plus digitaux, sur la deuxième grosse bombe de l’EP, Time a come. A tester en live, dès que le vent aura enfin chassé les nuages !
Manudigital « Dub Trotter » (16 octobre 2020) chez X-Ray Production -REGGAE/DUB-
Manudigital avait déjà agité son monde en tout début d’année avec sa fameuse « Mexico session » en compagnie de Mesh… voilà qu’il est déjà de retour aux affaires avec un EP généreux censé nous rappeler que l’artiste est intenable. Il a la bougeotte, on le savait, et il a surtout envie de nous montrer que ses envies assumées de tendre plus le dub comme expérimentation sonore n’est pas due au hasard ! Sur ce nouvel EP résolument dubby, Manudigital va nous en faire voir de toutes les couleurs : L’île aux canards, en ouverture, en est le symbole ! Influences orientales, toile de fond steppa, le tout se digitalise puis l’ensemble bascule vers quelque chose de plus profond, de plus dark, de plus UK. Décollage imminent !
Manudigital est malin : pratiquement chaque titre renvoie à un lieu dans lequel il a composé le morceau. En mode « Dub trotter », un nom clairement pas anodin, et en mode ambianceur, Manudigital se taille le bout de gras pour mieux le partager : il se tape des toasts bourrés de testostérone avec le gros flow de Blackout JA (Safe guard), sauce ragga, ou sur un morceau hommage aux victimes du 15 novembre 2015 avec Joseph Cotton, plus dancehall (Dub de 13). Il n’hésite pas à sortir des sentiers battus avec des tracks hybrides comme Manila (penchants house triturés par des sirènes orientales) ou sur le très perché Mexicali rappelant les virées spatiales de Bisou.
Manudigital, toujours aussi fédérateur, sait réutiliser ce qui a fait exploser les High Tone, Brain Damage, Kaly Live Dub, Panda Dub et autre O.B.F. pour mieux les apprivoiser : Must get remixed, avec Ondubground et Peter Youthman, remet les pendules à l’heure et balance une bombe en remixant Must get panic, plus fou, plus sombre ! Il ne recule pas devant l’adversité de Canada Airport tout comme il s’amuse de détourner Iztapalapa in Dub. Une chose est sûre, chaud devant, il est temps que les concerts reprennent !