Pour ceux qui hésiteraient encore d’aller voir le film Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion à l’affiche depuis un peu plus d’un mois dans tous les bons cinémas de l’Hexagone, Le Musicodrome vous incite à vous rendre dans les salles obscures pour deux raisons : pour le contenu du film, bien entendu, mais aussi pour sa musique. La BO du film, sous la houlette de Fredrika Stahl, est également un petit bijou.
A l’automne, au moment du lancement de la campagne promo du film, un premier EP avait déjà vu le jour. Cette poignée de titres avait d’ailleurs déjà fait leur effet… Entre temps, les choses ont évolué : l’album, qui marque à l’encre indélébile la bande originale du film, peut enfin être dégusté à sa guise. Et pour sa première bande originale réalisée, Fredrika Stahl démontre qu’elle est en alchimie parfaite avec les sujets abordés.
Le film, qui est avant tout un documentaire d’environ deux heures, nous fait voyager. Au gré de la musique soit, mais aussi pour accompagner les initiatives citoyennes du monde entier pour provoquer le déclic que ceux qui nous gouvernent n’ont pas. L’objectif n’est pas d’alarmer, encore moins de se poster en donneur de leçon. Avec gravité, conviction, poésie et humour, l’équipe du film est ainsi partie à la rencontre de ceux qui ont franchi le pas, au quotidien, pour modifier leurs habitudes alimentaires, économiques et du vivre ensemble. En effet, s’il y a bien une certitude aujourd’hui : cette fameuse transition espérée à tous les niveaux de notre société ne viendra pas de ce qui nous gouvernent. Pas aujourd’hui en tous cas. Les politiques, mains liées avec les plus grandes multinationales de la planète, ne se retourneront pas contre ceux qui spéculent et surtout profitent du système libéro-capitaliste actuel.
Voguant de villes en villes à travers la planète entière, Demain puise en revanche son originalité dans le renouveau des courants de pensée insufflés par des citoyens du monde entier. L’angle du film n’est pas focalisé sur l’individu en soi, mais sur les individus qui se retrouvent et s’organisent, ensemble, pour faire naître des réflexes qui émanent du bas, hors de contrôle des gouverneurs. Et le pire, c’est qu’une fois impulsées, ces dynamiques responsables sont en passe d’être approuvées par les politiques locales concernées. Détroit, ville dévastée des Etats Unis, est devenue un vivier de fermes citoyennes bio avec près de 1 500 exploitations lancées et gérées par ses habitants avec un nouveau objectif en tête : devenir autonome en terme de nourriture (Secret garden)… San Francisco, avec son fameux zero waste, a atteint les 75% de déchets recyclés tandis que le Texas est devenu l’Etat américain comptant le plus d’éoliennes. Les mentalités commencent à changer, le monde évolue à plusieurs vitesses. Les pays scandinaves, eux, ont tourné le dos aux énergies fossiles en développant les énergies renouvelables et estiment atteindre les 100% dans moins de 30 ans. Les circuits courts, les monnaies locales, l’agroécologie, la ville repensée pour un mode de fonctionnement révolutionné, tous ces acteurs attendent la révolution industrielle du 21ème siècle… alors que le Monde est resté bloqué à celles du 20ème et 19ème.
Fredrika Stahl, à sa manière, accompagne cette mutation des mentalités. Step by step, certainement, au piano, pour un futur (The world to come) enveloppé dans une chrysalide sublimée par la voix envoûtante de Fredrika Stahl. A voir ces indénombrables actions citoyennes (Make a change), c’est à croire que la puissance dégagée par l’electro Pull up your sleeves donne un véritable coup de fouet collectif aux idées. Car, plongé dans le noir des jolis discours et des plus gros qui ont la main mise sur le monde (Machines), le fracas métallique qui résonne nous donne le temps de reconsidérer les choses. Martelés, souvent impuissants aussi, le « nous » commence pourtant à se réveiller (Everything, Tomorrow) avec une mélodie pop sucrée.
Poussé des ailes par la magnifique ambiance qu’elle imprègne au film, il en deviendrait presque impossible de les dissocier : à la fois chaleureuse et d’une extrême douceur, Fredrika Stahl dresse un panel du monde transfiguré, d’un espace-temps presque parallèle, propulsé par des compos à la fois folk, pop éclectiques domptées par les envolées au piano. Comme si la musique donnait encore plus de hauteur à un film qui, déjà, dépasse et balaie tous les stéréotypes de l’écologie que beaucoup. La suèdoise, à la voix planante et d’une légèreté mélancolique qui peut parfaitement rivaliser avec la danoise Agnes Obel, réussit à merveille son orchestration : elle confère, comme Mélanie Laurent et Cyril Dion, cette écologie humaniste qui se propage à chacune de leurs rencontres.
Demain est à voir, à écouter et à partager.
Clip « Tomorrow »
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Step by step
2. The world to come
3. Empty spaces
4. Planting children
5. Map of the world
6. Make a change
7. Water
8. Machines
9. Pull up your sleeves
10. Wind and steam
11. Secret garden
12. More
13. Kuthambakkam
14. Paper bills
15. Everything
16. Fields
17. Tomorrow
Album : Demain (BO du film Demain, par Mélanie Laurent et Cyril Dion)
Durée : 39 min
Sortie : 27 novembre 2015
Label : BOriginal
Bonjour, connaitriez vous la musique hip hop qui passe dans le film à la 14ème minutes ?
Bonjour. N’ayant pas revu le film depuis sa sortie, c’est difficile d’identifier comme ça la chanson en question… Je tâcherais de le préciser dans ce commentaire quand je le reverrais.
Bonjour, après un mois de recherche, cette musique est Own It de Kadiri Sennefer : https://soundcloud.com/kadiri-sennefer/own-it le passage dans le film est vers 2m58
franchement c’est super d’avoir réussi à retrouver le chanteur et cette chanson, mille mercis d’avoir trouvé et partagé cette info. 4 ans plus tard, je suis bien heureuse d’être tombée sur cette réponse