Samedi dernier, nous étions présents à la tout première édition du Baco Reggae Festival au Zénith de Paris (75). Le Musicodrome revient sur cette très belle soirée où se produisaient Pierre Nesta, Nattali Rize, The Skints, Protoje, Danakil et Groundation…
Nous sommes en 2006, c’est l’histoire d’un « petit » groupe de reggae d’île de France que l’on appelle Danakil et qui marche plutôt bien . En 2010, ce « petit » groupe créait son propre label Baco Records. Huit ans plus tard, c’est bien une grande famille qui s’est réunie au Zénith de Paris pour fêter, tous ensemble, une belle soirée de reggae. En plus, c’est Cheeko, membre du groupe Phases Cachées, qui assurera le rôle du chauffeur de salle.
« C’est une affaire de famille, rassembler sous le nom de Baco » Volodia, Baco Tape Vol.2
Tout juste sortis d’interview avec Balik (disponible ici), chanteur de Danakil, nous n’aurons malheureusement pas la chance d’assister aux prestations de Pierre Nesta et Nattali Rize. En revanche, les festivaliers arrivés en temps et en heure semblaient ravis de ces deux concerts. Pour ceux rencontrés, Pierre Nesta aura été la bonne surprise de cette soirée ! Seul sur scène mais énergique, l’ambiance a été prenante avec tous ses loops. Quant à Nattali Rize, l’énergie déployée aura été à la hauteur des attentes. Le premier pari est donc entièrement rempli !
A notre arrivée, ce sont donc les anglais de The Skints qui investissent la scène du Zénith et c’est une sacrée belle découverte. Il est compliqué de définir quel serait leur style musical tant les morceaux sont riches et variés. La chanteuse excelle également au synthé, à la flûte traversière et au saxophone alors que le batteur et le guitariste sont également chanteurs.
Pour donner une idée, The Skints se caractérise par des influences ska, punk, rock tout en passant par le new roots mais pas que… Nous aurons le droit à un superbe cover du morceau de soul du légendaire Al Green avec Let’s stay together. L’énergie du groupe se ressent tant dans leur set que dans la fougue du guitariste qui a passé son temps à haranguer la foule parisienne !
C’est donc à Protoje and the Indiggnation, artiste éminent de la scène Reggae Revival, d’investir la scène du Zénith. Ce sont les premières notes de la basse qui nous alerteront du début du concert. Pour ce concert, le volume de la basse est à son maximum ce qui la met au centre de la prestation musicale et ceci n’est pas pour nous déplaire. Après avoir écumé les scènes d’Europe depuis juin 2018, le jamaïcain venait présenter à Paris son nouvel album « A matter of time ». Le résultat est plutôt convaincant dans son ensemble, Protoje se balade sur les riddims comme il se ballade sur scène et nous fait danser dans la fosse avec plaisir. Pour les plus connaisseurs, les morceaux choisis sont dans l’ensemble des morceaux vite devenus des tubes du reggae d’aujourd’hui comme Who knows (feat Chronixx), Kingston be wise, Hail ras rafari pour les anciens albums ou encore No guarantee, Bout noon, ou Like this pour le dernier album. Le public nous confirmera cela en reprenant en chœur une bonne partie des refrains.
Retour en piste pour assister au groupe phare du label : Danakil. On a beau connaître et se souvenir de leurs différents passages, chaque nouveau concert est toujours surprenant. Ce concert vient par ailleurs clôturer la tournée de l’album « La rue raisonne » ce qui donne une dimension assez puissante à la prestation des membres du groupe. C’est avec le titre Echo système que les cuivres, puissants et coordonnés au millimètre, sont accueillis avec énergie par la foule… Les arrivées de Balik et de Natty Jean sur le morceau recevront un accueil similaire. Danakil joue à domicile au Zénith, ça c’est sûr ! Dès le deuxième morceau, Back again, le public est bouillant et l’énergie échangée sur scène ou dans la fosse est au sommet.
Le concert est vite interrompu par Cheeko qui fait une annonce surprise à Danakil et au public. Cheeko dévoile que l’album « Dialogue de sourd » est disque d’or et que Marley est single de platine. Les champs de rose, Marley, Les vieillards (qui sera conclu par un impressionnant solo de saxo de plus de 3 minutes)… tant de morceaux devenus des classiques du reggae français. Rien d’étonnant pour cet album et un groupe comme Danakil qui a réussi à marquer la jeunesse d’un bon nombre d’amoureux du reggae hexagonal. Quoi de mieux aussi que de faire cette annonce en famille !
Tant de visage connu, c’est incroyable j’ai l’impression d’être dans mon salon. Merci encore à tous ceux qui nous soutiennent depuis toute ces années (Balik)
Et comme c’est en famille, Cheeko ainsi que Pierpoljak feront leur apparition sur le morceau Comme je. Natty Jean nous interpréta le titre Taya de son album solo « Imagine ». C’est bien ce qui caractérise cette soirée : le partage. Après une heure dix de show, les Danak’s concluent avec brio pour laisser la place à Groundation. Beaucoup trop tôt… mais c’est la dure loi des festivals.
Actuellement en tournée pour présenter leur nouvel album « The next generation« , c’est Groundation qui venait ponctuer cette première édition du Baco Reggae Festival. Avant la montée sur scène du groupe, les gradins sont pris d’assaut par le public et la fosse qui est, curieusement, un peu moins fournie. Il suffit d’entendre la voix d’une des choristes entonner le titre Freedom taking over de l’album « Hebron gate » pour que le public se lève et vienne danser sur le groove et les rythmes énergiques des percussions du groupe californien. Et comme pour leur prédécesseur, c’est toujours une claque musicale que l’on prend en assistant à un live de Groundation. Quelle sensation que de fermer les yeux et d’écouter les cuivres dialoguer avec le clavier et d’entendre la batterie venir conclure la discussion par un puissant solo. Que dire du Professor, le regard fier, le point levé, et la parole juste… « Thanks to reggae music for keeping consciousness ». Nous assistons à une performance qui nous impressionne (encore) et qui nous surprend.
Sur ce set, ce sont les anciens albums qui seront principalement joués. « Hebron gate » sera le lauréat de la soirée avec Silver tongue Show weeping pirate, Freedom taking over évoqué plus haut, ou bien Undivided.
On regrette un peu d’ailleurs que le dernier album ne soit pas forcement très bien représenté. La recherche de l’équilibre précaire entre anciens tubes, pour faire chavirer les foules, et futurs hits, pas encore suffisamment assimilés pour être véritablement repris en chœur par la fosse, laissera sur sa faim tout grand fan déjà avide du dernier opus. Ce soir, les trois premiers morceaux de l’album « The next generation » auront tout de même été joués sur ce set avec Vanity, One but ten et New life. Mais ne faisons pas la fine bouche !
En résumé, c’est une première édition très réussi pour le Baco Reggae Festival, on a hâte d’assister à la seconde.