Crédits photos : Quentin Merley
Avant leur concert au Métronum vendredi 1er avril, Azad Lab nous a accordé une interview. Étaient présents Clovis, Robin, Laurene et Romaric, aussi impatients qu’excités de nous présenter leur nouvel album Lucioles et leur nouveau spectacle.
Le Musicodrome : Une petite présentation du groupe…
Clovis : Moi c’est Clovis, je fais trombone, machine et MC.
Robin : Moi je m’appelle Robin, moi je suis le MC du groupe !
Laurene : Moi je suis Laurene et je suis la chanteuse..
Romaric : Et moi je suis Romaric, et je suis le saxophoniste.
Laurene : Et aux toilettes et maintenant sous la douche, c’est Léo, le clavieriste. Il fait clavier et machine aussi.
Clovis : Et il reste Florent qui fait basse guitare, et aussi les VJing sur scène. Tu auras le plaisir de découvrir ça ce soir !
Laurene : Le reste de l’équipe, c’est à la régie : Max au son et Léa à la lumière. Et c’est très important !
Pourquoi Azad Lab ?
Clovis : C’est un groupe qui existe depuis 2011, donc 5 ans, et il y a eu plusieurs formations. Il y a eu deux gros changements de formations. Y’avait un autre groupe avant qui appelait Azad, et on avait choisi ce nom parce que Azad c’est de l’arménien, ça veut dire libre, et Lab car Laboratoire, c’est donc pour exprimer la volonté qu’on a d’expérimenter les styles, de transcender un peu le genre musical pour trouver une identité à travers autre chose que le genre musical.
Robin : Pas de frontières…
Clovis : C’est ça, et du coup on a appelé ça Exploration Hip Hop. Pendant longtemps on a cherché, parce qu’on s’est rendu compte rapidement qu’on a besoin de mots pour exprimer ça, donc à un moment on disait “Hip Hop Electro Swing”, des fois un peu Dub, mais on voyait bien qu’il y avait un problème de fond, parce qu’à chaque fois on changeait mais c’était pour le festival. Et du coup maintenant on a choisi le terme exploration Hip Hop, qu’on va affirmer, parce que ça traduit un désir de partir d’une culture Hip Hop et de l’amener vers autre chose, d’autres influences, ça peut être du swing, du dub, etc… Et c’est aussi important parce que c’est pas simplement un style musical, c’est aussi un univers qu’il y a autour, un univers graphique, une narration autour du projet, d’où le choix de ce terme, pour interpeller.
« Ce n’est pas simplement un style musical, c’est aussi un univers qu’il y a autour »
Vous êtes nombreux, y a-t-il un meneur ou tout le monde mène la barque ?
Robin : Forcément, puisque Clovis et Flo sont là depuis le début, ils étaient déjà dans l’ancienne formation, donc ils s’impliquent beaucoup dans la création de vidéos, et de tout l’univers. C’est eux qui connaissent le mieux l’univers, puisqu’ils l’ont vu débuter. Après bien sur on essaye de quand même disperser les rôles pour que tout le monde fasse un peu quelque chose, mais c’est vrai que Clovis et Flo prennent une sacrée part du travail à leur charge.
Laurene : Dans les démarches aussi, clairement c’est les deux leaders. Comme c’est les deux anciens, c’est les piliers absolus, pas seulement administratifs, mais aussi sur toutes les démarches qui sont les plus complexes et les plus ingrates. Après au niveau de l’instrumental, on a deux autres leaders qui se dégagent, c’est Romaric au saxophone, et Léo pour tout ce qui est du beatmaking et des instrus, du sampling, etc.. Sachant qu’on a eu un joker, Colin, le frère de Léo, qui nous a fait tout le beatmaking de l’album.
Cet album sort ce vendredi 1er avril, justement ?
Clovis : L’album était déjà disponible en version digitale, sur notre site notamment, mais effectivement il est disponible aujourd’hui sur toutes les plateformes numériques et Fnac Cultura et espace culturel Leclerc (Chronique Lucioles Azad Lab).
Les titres Milky Way, Grain Blanc et Night Drift parlent de remise en question de soi-même, est-ce que c’est une envie d’évasion de la part du groupe ?
Laurene : C’est un des thèmes récurrents dans l’album, ouais, c’est quelque chose qui nous est cher à tous mais d’une façon très différente. C’est ça aussi qui fait la richesse des thèmes de l’album, c’est qu’on a tous une manière d’appréhender le voyage qui est très différente mais grosso modo, ce qui revient régulièrement dans la création, dans la couleur des morceaux qui se dégage au fur et à mesure, quand on les compose, c’est le besoin d’un ailleurs, ou d’une introspection, c’est une ambiguité qu’on aime garder, soit de se déplacer pour aller voir autre chose pour prendre un peu l’air dans une certaine fuite, soit de plonger vraiment en soi-même, c’est le côté un peu plus sombre de l’album qui est un peu construit avec ça aussi. ET donc à ce moment là, d’aller plonger dans quelque chose de plus introspectif, mais qui reste tout de même un voyage. C’est un peu les deux volets sur lesquels on joue.
« On a tous une manière d’appréhender le voyage qui est très différente »
Aujourd’hui vous êtes à Toulouse, en quoi ce concert est spécial ?
Laurene : C’est pas du tout un concert comme un autre !
Romaric : Effectivement, ce soir on a préparé un tout nouveau spectacle et on est hyper content de présenter ça, surtout à la maison, en plus et… ouais ! On est à la maison quoi, à part Laurene qui est pas totalement toulousaine, mais vu tout le temps qu’elle a passé avec nous à Toulouse,
Laurene : Je commence à sentir un décalage dans mon identité citadine.
Romaric : Après c’est sur que dans le public il y aura des gens dont on est beaucoup plus proche, dont l’avis, en terme de retour, nous touchera surement un peu plus, puisque c’est des gens qui nous connaissent en dehors de tout ce qu’on fait. Donc bien sûr, c’est une date qui est hyper importante. Mais comme beaucoup d’autres… Personnellement, je me mets pas plus de pression pour cette date que pour une autre, il faut toujours donner le meilleur de ce qu’on a, et c’est vrai que là c’est encore plus gratifiant de le donner devant des gens qu’on aime.
Clovis : Il y a ces deux paramètres là : à la fois le fait qu’on soit à la maison, dans cette salle du Métronum qui est vraiment super, et que ça soit la première fois qu’on présente le nouveau spectacle, donc la pression est double, mais la saveur aussi. C’est pas mal de travail qu’il y a derrière, et avant on avait un spectacle qu’on avait bien rôdé, et là on se remet un peu à nu, on va présenter des morceaux qu’on n’a pas fait en live, une scénographie qu’on a réécrite, etc… Du coup on va voir comment ça accroche ! Le live c’est quand même quelque chose de très très important pour nous, c’est de là que le groupe a vraiment émergé, c’est à travers le live qu’on s’est fait un public, qu’on a pu “conquérir la France”, etc… On n’est pas un groupe qui a explosé sur le net avec un clip, on a avancé petit à petit, on a fait des festivals, on a gagné des tremplins, et on est arrivé progressivement à réussir par le live. Donc le fait de recommencer un nouveau spectacle, du coup, ça a beaucoup d’importance pour nous
En France, la part belle est faite aux tubes, moins aux groupes…
Laurene : Ça va plus loin, en France ils misent sur le produit. Et donc le morceau en fait partie, mais ils misent vraiment sur une individualité qui à un moment est commercialisable de façon hyper rentable, ils poutrent à fond là dessus, ils remanient la plupart du temps ce qu’ils entendent, ils dézinguent le morceau, ils le refont format radio, ils le balancent sur les ondes avec un relooking derrière et un espèce de concept à la noix qui va durer 6 mois, et quand c’est fini, ils le mettent sous le tapis avec des contrats qui les engagent définitivement et qui les empêchent autre chose ailleurs, pour faire passer leur nouveau poulain par dessus sans que l‘ancien leur fasse de l’ombre. Donc c’est vraiment crado… Et c’est arrivé à des dizaines d’artistes.
Clovis : Moi là où je nuancerais un peu, c’est qu’on a quand même de la chance en France d’avoir énormément de festivals, un réseau qui est quand même assez puissant, y’a beaucoup de groupes étrangers qui viennent grossir en France, car ce réseau là le permet, et beaucoup de tremplins aussi, donc il y a une vie, qui forcément a moins d’impact parce que il y a moins d’argent, donc c’est plus difficile d’exploser dans ce genre de réseau, mais il existe bien ce réseau là, et nous on en a quand même sacrément profité. On a gagné je crois 4 ou 5 tremplins nationaux, et c’est ce qui nous a permis d’en être là. Après voilà, il y a des gens qui en studio sortent des pépites, et puis tu les vois en live et ça casse pas des briques, même si je respecte énormément. Après ils ont pondu en studio un truc qui était puissant et je trouve que c’est aussi appréciable de voir des groupes qui explosent avec un morceau, parce qu’il y ont réfléchi, etc… Après ce qui est plus dépréciable, c’est ce deux poids deux mesures. L’exploitation est beaucoup plus forte sur du studio que sur du live, m’enfin c’est comme ça…
« Une intronisation dans la bonne entente »
On vous voit heureux et surfant sur la vague du succès, y a-t-il eu des moments plus noirs, avec des doutes ?
[Rires]
Romaric : Effectivement, c’est des choses qui arrivent dans tous les projets, c’est le moment où tu es en train de prendre de la pression sur ce que tu produis depuis longtemps, pour nous en l’occurrence c’est l’album. Je pense que ça a été un moment hyper tendu pour nous tous, cet album là, parce qu’on y travaille depuis deux ans, en ce qui nous concerne, Laurene Robin et moi, c’est depuis notre arrivée dans le projet, et plus le temps avancent et moins on a de temps, et la pression augmente, et on oublie des choses, et on en a fait les frais, humainement ça a été très difficile pour le groupe, mais au final on est tous là. Des obstacles on en rencontre forcément, mais c’est normal. Je dirais presque que c’est plus sain.
Laurene : Et de façon plus rétrospective, dans ce groupe il y a quand même eu pas mal de mouvements dans le groupe, et cet album c’est aussi le récit du “phénix”, c’est une formation qui renaît de ses cendres, parce qu’il y a eu un traumatisme assez fondamental pour la formation actuelle, c’est qu’il y a eu un changement de line up assez radical. Il y a plus de la moitié de l’équipe, il y a deux ans, qui est partie, ce qui a provoqué notre arrive notamment (Laurene, Robin et Romaric), et donc c’est l’histoire d’un groupe de potes extrêmement soudé, mais aussi épuisé par les épreuves que représentent le fait de monter un groupe de musique actuellement, et de passer par tout ce que ça implique, et donc une moitié de l’équipe qui, pour des raison valables, laisse la place à d’autre. Et c’est quelque chose qui est très présent dans l’identité du groupe et dans l’énergie dont nous on a profité quand on s’est assis dans le bateau. Mais du coup, il y a encore ce traumatisme là, qui est encore palpable, mais qui fournit une énergie dingue, et aussi cette fraîcheur des nouveaux arrivés, comme Léo et Romaric qui ont énormément bosser sur l’album, qui sont peut être les leaders dans la composition, et qui ont amené une autre couleur, une autre esthétique avec les bases des anciens du projet, qui traçaient déjà. Donc oui, il y a eu des phases sombres, mais comme celle qu’on a traversées avec l’accouchement de l’album, c’est des phases qui à chaque fois génèrent une énergie nouvelle, et qui fait aller plus vite plus loin et de façon plus durable.
Clovis : D’ailleurs les anciens membres vont être tous là ce soir. Par ce que ça reste nos potes, même si il y a eu un épuisement qui est dû au fait que la vie de musicien c’est quelque chose d’assez dur, il y a beaucoup d’échecs, ça se construit avec énormément d’efforts, et il y a des moments où tu craques un peu, et c’est ce qu’il s’est passé avec les anciens membres, mais on est tous hyper potes, ils soutiennent le projet, ils sont toujours derrière nous, etc… On a posté une photo il y a quelques temps, et sur la photo il y en trois qui étaient dans l’ancien groupe, tu vois ?
Laurene : C’est les parrains du projet, quelque part c’est comme des anges gardiens, ils veillent sur nous et sur le projet… Il y a eu une passation de pouvoir à laquelle j’ai assisté, c’est à dire que la deuxième fois que je vous voyais en répétition, il y avait Bake, l’ancien MC, qui portait vraiment le projet (et qui le porte encore d’ailleurs, il fait une apparition ce soir), et la dernière phrase, celle sur laquelle il est parti, c’était “je vous confie le bébé” et il se trouve que Robin et Bake sont super potes depuis hyper longtemps, donc c’était vraiment une intronisation dans la bonne entente et c’est une histoire qui est hyper émouvante.
Clovis : Ils sont ravis de nous voir ce soir, ils seront aussi stressés que nous !
Interview à suivre