Le Musicodrome était présent au chaud, au cœur d’une salle Jeanne d’Arc revigorée pour une soirée, organisée d’une main de maître par le collectif Haut Les Mots, une fois de plus, qui a offert à un public nombreux des mots, du rêve et de l’engagement, celui d’être. Les invités étaient beaux, tous les musiciens et chanteurs présents sur scène aussi. Une soirée à vous faire brandir un drapeau noir, un drapeau rempli d’espoir !
Il ne fallait pas arriver en retard pour cette soirée. Original, l’accueil était réalisé par Mi-jean, Mi-chel, seul avec sa guitare, au niveau de la billetterie, et ses textes, légers et profonds, qui enchaîna les chansons pour le plaisir d’un public parfois attentif, parfois pressé, pressé d’aller s’asseoir pour voir « les grands, ceux qui ne font pas de fausses notes », comme les a présenté le premier acteur de la soirée, le sourire en bandoulière.
Xuan, le chanteur d’Odlatsa, ouvre les hostilités, assis au milieu d’une scène qui ne cessera sans doute jamais de nous éblouir de sa beauté, sous une douche le coupant du public, croque le premier cette soirée de deux chansons aux allures révoltées, à la poésie charmante, à la voix troublante, une bien belle entrée en matière !
Puis vient l’heure de présenter les copains, de présenter le collectif Haut les Mots, dont nous ne pourrons malheureusement pas citer tous les protagonistes ! Ils sont nombreux et ils sont beaux à offrir à la salle leurs amours des mots, leurs textes, petits ou grands, tristes ou joyeux, accompagnés, et ce sera le cas tout le long du concert, par les musiciens talentueux de La Mauvaise Herbe !
Armés de ce courage, chaque chanteur du collectif laisse ses mots bercés par la musique se faufiler dans les travées de la salle. Le moment est beau. Chaque année les artistes renouvellent le thème autour duquel ils écrivent leurs nouvelles chansons. L’an passé c’est autour du thème « Il nous restera ça » de Grand Corps Malade qu’ils nous avaient réuni au Clapier. Cette année le thème fait hommage à monsieur Georges, avec « Mourir pour des idées ». L’idée est excellente !
Les chansons des deux « saisons » se rejoignent et s’enchainent, et ce n’est qu’un début ! Sans pause, sans autre transition que quelques sourires, La Mauvaise Herbe vient nous jouer quelques chansons. Ce sont d’ailleurs les musiciens du groupe qui assureront la prestation musicale indispensable tout au long de la soirée. Puis les jeunes artistes d’appeler le grand frère, celui qui était déjà là l’année dernière pour faire honneur à Saint Etienne de sa présence : Frédo des Ogres de Barback, qu’on connait bien ici, sur Le Musicodrome.
Toujours sans pause, Frédo chante des chansons du collectif, avant de bien entendu reprendre quelques chansons des Ogres. La voix du public se délie sur Le Daron, puis Au café du Canal, que Frédo chante avec Anne-Sophie, membre du collectif tremblante d’émotion ! Les chansons s’enchainent encore, et la température monte dans les allées de la Salle Jeanne d’Arc.
Comme l’idée du collectif est une idée de partage, c’est tout naturellement que Frédo s’est permis d’inviter un sacré morceau de personnage à cette soirée : Christian Olivier. Le charismatique chanteur des Têtes Raides s’avance sur scène à la fin d’une chanson, toujours sans pause, et dès les premières notes suivante, sa voix résonne, le public est sous le charme.
Quelques chansons des Têtes Raides seront mélangées aux chansons de Frédo, aux chansons d’Haut les Mots, toujours magistralement accompagnés par les musiciens du collectif, impressionnants pour l’occasion, qui s’étaient mis au diapason pour pouvoir assurer une musique de qualité tout au long du concert !
Tous les artistes se rassemblent sur scène, et sans qu’on s’y attende, Alexis, puis Xuan, commencent à chanter « Y’en a pas un sur cent, et pourtant ils existent… » Léo Ferré est tout naturellement à l’honneur, Les Anarchistes résonnent dans la salle, la plupart stéphanois pour l’occasion, le poing est levé, le moment est beau, tous les artistes y vont de leur couplet, l’espoir plane sur la salle. Et lorsque Christian Olivier, avec discrétion, enchaîne directement avec Les Oiseaux de Passage, on croit la soirée se terminer parfaitement.
C’était sans compter sur Rue De Paname, que tous se feront un malin plaisir à reprendre en coeur, comme un hymne du collectif. La scène est toute illuminée, et il ne manquait qu’une personne pour que la soirée se conclue en beauté. C’est alors que Ginette descend du plafond, s’illumine, d’abord accompagnée puis seule, et s’en va voltiger au dessus de nos têtes, au dessus de nos rêves. Comment finir cette soirée sans Ginette, qui valse en guinguette ?
C’est avec Ginette que nous terminons la soirée, debout, parce que « C’est debout Ginette », comme le rappel Christian Olivier. Cette chanson magique et hors du temps est le symbole de cette soirée, de partage et de joie, avec des refrains repris en coeur par la ribambelle de chanteur et le public.
La soirée fut belle, la soirée fut chaude, la soirée aura réussi à ensoleiller cette nuit stéphanoise. On ne peut que féliciter, encourager et remercier le collectif haut les mots de continuer son travail si important, son éducation populaire et ses envies de faire tourner les mots dans les têtes et dans les bouches.
Deux heures de concert, sans pause, nous auront remis sur pied, avec l’envie de continuer à chanter toute la nuit. La fin du concert se déroulera pour nous en haut de la salle Jeanne d’Arc, à parler poésie et chanson, mais ça, nous en parlerons plus tard.