Pour la réouverture de l’Olympia, après avoir poli des cacahuètes avec Daniel sur un Poney, les circassiens de luxe, qui n’ont rien perdu de leur talent, nous illuminent de la « lumière de leurs moustaches« et de leur lunettes en -M-. Découvrez sans plus attendre les bonhommes aux chaussures de bébé, que dis-je, les SuperMessieurs Poulet, bloqués ici, à L’Olympia, par nos petits frères dansant le Mia. Ceci n’est pas un spectacle familial.
Après une première partie tonitruante du groupe de rap français Phases Cachées, Deluxe s’est fait attendre pour mieux faire exploser l’Olympia à leur entrée. Notre regard est d’abord attiré par les magnifiques costumes faits main. Un soigneux mélange kitsch dans les tons rouges et dorés. Entre Egypte ancienne et cirque moderne en passant par la Rome antique, leur style vestimentaire est à l’image de leur style musical, trop riche pour entrer dans une catégorie définie. Comment voulez-vous étiqueter cette assemblage de cépages funk, groove, drum&bass, pop, hip hop et electro swing. Pas étonnant qu’ils nous viennent pas très loin des contrés aux 13 cépages de Châteauneuf-du-Pape.
Kurzum, de verdad y de facto, they’re just making music avec le soutien de notre bon vieux Bill « Sacré Hubert, toujours le mot pour rire ».
Lorsqu’on a la chance d’assister à un concert dont la balance, l’équilibre instrumental et la qualité sonore sont parfaits, on est déjà heureux, mais quand il y a une surprise incroyable à chaque morceau, on entre dans le concert historique.
Entremêlant nouveaux titres de leur dernier Opus « Stachelight » et leurs classiques, les moustachus nous régalent de leur énergie débordante et de leurs talents. On était déjà comblé à la mi-concert, mais ce soir-là ils avaient prévu de passer un cran au-dessus, pour notre plus grand bonheur. C’est ainsi qu’ils prirent à contre-pied les 1 772 gardiens du temple Olympien avec les premières notes de l’intro de Petit frère en version instru(de malade)mentale. Les marseillais prirent place au centre de cette Olympia devenu Musicodrome devant la foule en délire. Bien sûr, Deluxe et IAM en ont profité pour nous faire découvrir en avant première leur featuring tant attendu nommé à l’heure où et disponible dans l’album à venir.
Deux mi-temps plus tard et une douzaine de demi-tons plus haut, c’était au tour de Mathieu Chedid de nous faire la surprise de sa venue. L’ambiance monte encore, (en réalité, elle descend un peu, après IAM, faut pas déconner) et à la suite de Machistador interprété sous les cris stridents des adolescents, ils nous dévoilent une nouvelle création, baby that’s you dont le refrain à la mélodie simplement belle et justement trouvée, raisonnera à coup sûr, sur nos ondes radios au printemps prochain.
Pause. Tu t’imagines. Toi. Commencer à jouer dans la rue à Aix-en-Provence en 2007, te faire repérer par Zé Matéo de Chinese Man, sortir 3 opus et 8 ans plus tard, être sur la scène de l‘Olympe, inviter IAM et -M- à partager ton concert. Respect et Robustesse.
C’est certainement pas Kilo qui nous dira le contraire. Batteur le jour, chauffeur de salle au Macumba la nuit, il aime faire monter l’ambiance. Il nous dira qu’ils aiment bien les concerts en Movember, ils se sentent un peu moins con d’avoir la moustache. Ce Jedi de l’humour, fan de Richard Gotainer, a bien fait d’être un cancre à l’école et d’avoir fondé avec ses collègues, à coup de jet d’ancre et de colle, un patchwork musical qui ce jeudi 19 novembre a fait vibrer l’Olympia à l’unisson. Merci à vous d’avoir été nuls en cours et de ne pas avoir fini expert comptable. Car, grâce à vous et pendant ce temps là, Pépé le saxophoniste nous a laissé là-haut, perchés sur les plus hautes notes de ses solos en compagnie d’un être mystique, (mi-chatte – mi-humaine selon nos sources), la belle Liliboy à la voix envoutante. Et ça, ça n’a pas de prix.
Un peu plus de 2 heures durant lesquelles on a retrouvé tous les ingrédients incontournables d’un show très bien ficelé. Ils ont tout d’abord lâché de gros ballons qui avaient du mal à redescendre tellement l’air était chaud. S’en est suivi une classique du genre, tout le monde s’assied pour sauter ensemble sur la reprise des lourdes basses, mais c’est à la fin que Deluxe a dévoilé son atout maître en nous sommant de « faire péter la moustache » (sic!). Le concept est simple, tu gueules et quand t’en as marre, tu gueules plus fort. La moustache-sonomètre (qui fait d’ailleurs la pochette de « Stachelight ») mesure très objectivement les décibels des enragés. Le message éclaire ; que la fosse soit avec toi suffisant n’est pas, jeune moustachu, seul l’union du balcon et de la fosse peut faire péter la moustache.
Le concert se clôt sur Pony en dernier rappel. Les artistes quittent la scène et on pense la soirée terminée mais c’était sans compter l’énergie des spect-acteurs présents ce soir-là. Ils n’ont pas chanté leur dernier mot et font raisonner l’air de Pony en boucle dans les allées de l’Olympia. Le petit amphithéâtre devant le bar se transforme la scène parfaite pour un moment d’émotion intense. Des cris, beaucoup de joie, tout le monde est impressionné par cette cohésion musicale et des frissons parcourent les corps, ici et là, des larmes de bonheur coulent sur les joues. Cette scène est un hommage spontané, un symbole de solidarité qui vient du coeur de chacun.
Personne ne souhaite sortir de ce moment, si bien qu’on reste là où on est, émerveillé par le pouvoir de la musique, car à la fin c’est elle qui gagne.
Allez stacher des vinyles ! « Stachelight » sera dans les bacs le 22 janvier 2016.
Un petit aperçu en image et en attendant le DVD
Cadeau – Bonus : découvrez les « acoustique moustaches »
Crédit photo en : Chinese Man Records