Debout Sur Le Zinc « Eldorado(s) » (2015)

7 min de lecture
Critique "Eldorado(s)" Debout Sur Le Zinc 2015

Ils fêtent cette année leurs 20 ans, le regard résolument tourné vers l’avenir. Près de 2000 concerts, et 16 ans après leur premier album éponyme, Debout Sur Le Zinc signe son retour avec une nouvelle galette : « Eldorado(s) ». Même avec un « s » entre parenthèses, les alternatives sont nombreuses, et les 8 membres du groupes nous offrent une vision du monde réaliste mais optimiste, désabusée mais pleine d’espoir. Un nouveau bol d’air frais, rempli d’une musique juste, et de paroles qui rêvent et qui rassurent.

Récemment le groupe a encore élargi sa palette avec un abécédaire hommage au grand Boris Vian. 4 ans après « La fuite en avant« , ils reviennent avec une nouvelle galette pleine de promesses.

Si plusieurs membres du groupes ont pris d’autres chemins, que d’autres les ont depuis remplacés, la touche musicale de Debout Sur le Zinc reste intacte. L’accordéon occupe toujours une place discrète mais indispensable, et se retrouve mêlé aux divers instruments qui ornent ce cd, permettant au groupe de garder ce brin pop-rock assez inclassable.

C’est et J’ai vu la lumière, deux premières chansons de l’album, permettent de mesurer les univers que se promettent de traverser les musiciens lors de leur recherche de l' »Eldorado(s) ». La première nous montre, dès l’ouverture de la galette, que cette inspiration réaliste et utopique, mais avant tout très mélancolique, qui a su séduire les fans au cours des années, est toujours bien présente. Le deuxième nommée offre un aperçu du virage beaucoup plus chanson française, dans la plus pure tradition que prendra le groupe sur certains titres.

Dans un monde qui se cherche, Debout Sur Le Zinc continue de réussir à se trouver à travers ses textes. Comme toujours très travaillés, ce sont par eux que l’on entre dans ce cd, en se demandant ce que le groupe a encore à nous partager.

En voyant Lampedusa, titre de l’une des pistes, une certaine appréhension était présente. Comment chanter « Lampedusa » sans tomber dans le cliché ? C’est avec brio que Debout Sur Le Zinc a su répondre à cette question, la mélodie maritime venant s’échouer sur nos tympans. Bien que désarmant d’impuissance, le texte est juste et touchant. Comme une réponse préméditée aux propos récents d’élus nationalistes suite à l’arrivée d’immigrés….

« Tu n’étais pas le bienvenu, chez nous / Tu n’étais pas le bienvenu, c’est tout ! / Lampedusa, panse ses plaies / au petit matin. / Cette nuit la mort a frappé, et moi / moi j’etais trop loin !  « 

Une fois cette chanson passée, l’immersion totale dans l’univers du groupe est assurée, s’ensuit Le train, sans doute la plus belle chanson de la galette, avec une finesse de l’écriture, accompagnée de cette musique faussement simple mais qui vous oblige à rêver et à partir loin !

« Et si c’était pour aujourd’hui / Si je laissais passer le train / Si je laissais enfin ma vie / Goûter aux histoires sans demain « 

La mélancolie refait surface, mais c’est ce qu’on aime chez Debout Sur le Zinc, et ils savent à merveille jouer avec nos sentiments pour nous mettre dans leur poche !

Prudence et Tout n’est pas mort ont les guitares plus franches, et sont résolument tournées vers le rock, on les imagine très facilement sur scène, mais l’orchestration pointilleuse n’est pas négligée, et un aperçu à travers un cd en est une première bonne approche ! Ce nouveau style, plus saccadé, nous accroche, nous amène plus loin encore que dans l’atmosphère des derniers albums du groupe.

La Pleureuse nous surprend encore, et le texte est dévoilé en rythme, entre une atmosphère oppressante et des pleurs d’enfants, un saut de réalisme dans l’univers d’une femme de tous les jours.

L’album se termine sur Itinéraire bis, où le rythme est plus entraînant, et où l’auditeur peut plus facilement sauter dans leur galère ! Si les maux du monde se scandent de plus en plus fort, Debout Sur Le Zinc n’a pas perdu son espoir, et continue à sa manière de donner des coups de pelle pour dégager ses rêves.
Entre une anecdote cinglante au parti socialiste et un engagement total dans un courant de pensée humaniste, totalement cohérent dans l’histoire et la vie du groupe, Debout Sur Le Zinc s’affirme comme l’une des valeurs les plus sûres de la chanson française.
La barre à franchir était haute après « La fuite en avant », mais elle l’est sans souci ! Le « s » d' »eldorado(s) » témoigne des routes, à l’image de l’itinéraire bis, nombreuses, que Debout Sur Le Zinc souhaite offrir à ses auditeurs.
Qu’elle soit guidée par la musique, par les textes ou l’univers du groupe, la route à suivre pour écouter cet album est simple, et facile à suivre.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. C’est
2. J’ai vu la lumière
3. La relève
4. Lampedusa
5. Le train
6. Le temps
7. Dans la nuit avancée
8. La pleureuse
9. Prudence
10. Tout n’est pas mort
11. Itinéraire bis

Durée : 36 min
Sortie : 25 septembre 2015
Discographie : 8ème
Genres : Chanson Française / Rock
Label : Debout Sur Le Zinc

Bapt

La musique ou la mort?
On peut chercher des réponses à nos questions à travers différents miroirs de notre société, la musique demeure l'un d'eux.
La musique est un indicateur de la santé des temps qui courent.
Sa force à faire passer toutes les émotions et tous les rêves est indiscutable, et indispensable aujourd'hui !

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