Tha Trickaz, un « Cloud city » qui porte bien son nom (2017)

8 min de lecture
Critique Tha Trickaz Cloud city 2017

Le successeur de « Cloud adventure » s’est fait attendre et il a fini, enfin, par arriver. Six ans après, Tha Trickaz a choisi la voie de l’indépendance pour dévoiler « Cloud city », au compte goutte, avec finalement 12 titres qui le fleurissent.

Pas de crowdfunding ni de fioritures. En 2017, Tha Trickaz a décidé de surfer sur la toile numérique pour présenter son nouveau « Cloud city » et d’élargir les frontières de son art musical. Par l’intermédiaire d’Otodayo Records, ils nous permettent à tous de télécharger les morceaux, un à un, de ce « Cloud city » de manière totalement gratuite. Une nouvelle pratique qui illustre bien l’état d’esprit du groupe qui place le partage comme point central de Tha Trickaz.

Après de nombreuses virées et collaborations, le duo masqué a donc décidé de revenir avec un second LP : là où « Cloud adventure » avait excellé à travers son double album, Tha Trickaz avait déjà distingué de manière assez marquée qu’il savait faire autre chose que les tubes plus trip hop et groovy tels que Robbery song ou Megaphone même si cela n’enlève en rien à leur excellence. Comme un groupe qui évolue et qui cherche ses terrains de jeu privilégiés, Tha Trickaz s’est dirigé vers un style plus urbain qui lui va plutôt bien.

Les amateurs de « Cloud adventure » risquent donc de bien se retrouver dans « Cloud city » : on y retrouve effectivement les ingrédients corrosifs de l’opus précédent mais aussi plus de libertés électroniques qui vont venir bonifier ce cru 2017. A titres d’exemples, les deux titres d’ouverture et de clôture de cet album (Cloud city et LGND) s’inscrivent, sans sourciller, dans la pure lignée de tracks tels Samuraï 7 ou encore Tha Vietnamists, à la mode des deux chats, entre beats, scratches, dubstep et sonorités orientales !

Dans cette mouvance que l’on serait tenté de considérer comme « classique » pour les Tha Trickaz, il faut toutefois souligner que le groupe ne se contente de réchauffer d’anciennes gourmandises : à l’image d’Heritage, le groupe se joue des sons cinématographiques pour prendre de la hauteur. Accompagnée d’une sitar qui devient subitement atmosphérique, la compo se sature dans un écrin que l’on n’oserait à peine effleurer… et l’effet est immédiat ! Toujours adepte de cet héritage oriental, Little Bombay nous maintient en totale immersion et prend des penchants électroniques clairement world.

Soucieux de retranscrire au mieux toutes les affinités culturelles du groupe, le fruit de leurs précédentes rencontres s’exprime d’ailleurs avec aise dans l’opus : particulièrement attendu, le mélange Tha Trickaz avec les survoltés néerlandais de Dope D.O.D. (rap/hardcore/dubstep) explose de mille feux sur Drop. Véritable cocktail molotov à lancer d’urgence, le track est un brûlot martelé par un flow puissant dans une ambiance d’une lourdeur incroyable. Entre un rap aiguisé à la machette, un dubstep plongé dans l’acide et les machines folles des deux chats, Drop est, déjà, un des morceaux marquants de cet album.

D’ailleurs, les featuring ne sont pas en reste sur « Cloud city » : toujours adepte de bass music, de trap et de hip hop, Tha Trickaz est allé chercher un des experts trap en la matière aux Etats-Unis, ETC! ETC!. Avec une machine lancée à toute pompe, Otomatic charge tête baissée et force à courber l’échine sous les beats cycliques et entêtants du crew. L’auditoire n’aura pas le temps de récupérer son souffle que Sh*t the bed, en compagnie de Non Genetic pour assurer le flow, s’occupe d’élaguer un monde hybride sans pitié. Une place particulière a d’ailleurs été offerte à Creaky Jackals qui a le luxe de s’exprimer sur deux tracks (OG Purp et Dopeness VIP), cependant le ressenti est assez mitigé. Pour la première, le digital prend les devants et la sirène d’alarme est déclenchée. Malheureusement, la décadence voulue sur la compo la rend finalement brouillonne et il est temps que la suivante s’enclenche… La seconde paraîtra plus nettement plus maîtrisée et c’est une effluve dubstep qui s’abat sur les ondes. Bien… mais il semblerait que les deux morceaux en compagnie de Creaky Jackals soient les deux compos les moins marquantes de l’album.

Enfin, on ne restera pas insensible aux envolées plus électroniques qu’a choisies de s’offrir le groupe. Si l’ambiance générale n’est pas dénotée avec des influences précédentes qui ne font que se renforcer sur cet opus, il faut aussi constater que Tha Trickaz n’hésite pas une seconde de sortir des sentiers battus : Hood bodega secoue malgré des sons plus electro et fait penser à des sorties récentes des Birdy Nam Nam. Avec des beats futuristes et un univers bien ficelé, le duo enchaîne sur des mêmes tons (With the flow), qui renfermerait presque des côtés pop (plus Daft Punk pour le coup) avant de proposer un petit bijou, I’m back. Cette exploration électronique revitalise et prouve une nouvelle fois que Tha Trickaz est devenue complètement hybride… en n’hésitant pas à s’exprimer en différents langages sonores.

Le temps bonifient les bonnes choses. Tha Trickaz a choisi à travers « Cloud city » de prôner le partage et le métissage. Une culture aux quatre vents, plus urbaine, mais aussi plus ouverte. Et ça marche…

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Cloud city
2. Drop (feat. Dope D.O.D)
3. OG Purp (feat. Creaky Jackals)
4. Heritage
5. Sh*t the bed (feat. Non Genetic)
6. Hood bodega
7. With the flow
8. Little Bombay
9. I’m back
10. Dopeness VIP (feat. Creaky Jackals)
11. Otomatic (feat. ETC! ETC!)
12. LGND

Durée : 45 min
Sortie : 6 mars 2017 (en cd et vynile)
Actuellement disponible gratuitement en format digital
Discographie : 3ème
Label : Otodayo Records
Prochains concerts : Facebook

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