Trois univers pour quatre horizons, on pourrait penser que la cohabitation sera houleuse. Pourtant, au détours de plusieurs mois de travail, de rencontres et d’aventures d’humaines, le Télégram renoue avec sa fonction première : celle d’envoyer un message à destination de tous les amoureux de musique et de mixité des genres. Pour sa réception, il vous faudra patienter jusqu’à après-demain mais vous ne serez pas déçu.
Ce nouveau projet, baptisé Télégram, est le fruit d’une collaboration entre quatre artistes venus de contrées différentes mais pas si éloignées. Embarqué par un duo solide échappé des Hurlements d’Léo (Kebous, au chant, et Vincent), Télégram s’enrichit également de la belle Chloé de La Cafetera Roja ainsi que de Julien (Damage Case). Le groupe, prônant une véritable terre de partage, s’offre un premier galop solitaire à l’assaut des mots et des idées reçues. Même si chaque membre est venu avec son propre bagage, on sent bien cette envie frénétique des uns et des autres de ré-ouvrir son carnet de voyage. Palpable, la chaleur se répand comme une traînée de poudre sur la très belle ballade acoustique de l’album, Houmama, reflet d’une société qui ne cesse de se mentir continuellement. Déstabilisé par ce pied de nez, Télégram réussit une ouverture qui appelle aux amours perdus. Cette correspondance au cœur brisé est sombre, toujours En silence, et se retrouve bercée par les soubresauts du violoncelle.
Alors que la froideur s’installe, L’enclume des jours vient renchérir sur les âmes en peine de Kebous. Sous un soleil blafard, la colère étouffée de Melismell arrive à point nommé, bien accompagnée de notes blues. Comme si les émotions enfouies par le poids du passé n’arrivaient pas à hurler, le texte résonne et rebondit sur les murs de la pensée. Malmenée, la pensée va pourtant finir par se débrider en donnant un coup de pulse à l’album : subitement happé par une vague punk-rock, c’est l’incontournable Arno Futur (ex-chanteur des Sales Majestés) qui tente de décrypter si nous avons de l’amour dans Les ornières.
C’est dans cette mouvance plus agitée que Télégram peaufine ses gammes : sur L’addiction, la joyeuse bande s’envole vers des contrées country-folk en compagnie de Johnny Montreuil. Les deux artistes jonglent avec les mots tandis que Kebous s’entête à chanter « la monnaie de ma pièce, l’addiction s’il vous plait ! » avant de craquer, en musique, sur Les louanges des rouages. Dans la veine des Hurlements d’Léo (Moins qu’un chien), le cocktail fonctionne même si Télégram avance ici à découvert. On préférera nettement L’amour à vif, plus rock et plus saignant, qui dévoile un visage plus personnel du groupe.
En revanche, on restera plus perplexe sur les reprises de Tainted love (Soft Cell), même si le violoncelle en première ligne offre un mélange détonant, ou encore de I’m your man (Leonard Cohen), agrémenté d’un passage slamé en allemand par Twan.
Bien décidé à en finir de la plus belle des manières, le groupe parvient à s’offrir un Overseas telegram de toute beauté, repris du grand Serge Gainsbourg. A l’aide d’une rythmique quasi-identique à l’originale, Télégram affole les sens et se paie une nouvelle version efficace en n’oubliant pas de préciser :
Je voudrais que ce télégramme,
Soit le plus beau télégramme,
De tous les télégrammes,
Que tu recevras jamais.
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Houmama
2. Moins qu’un chien
3. L’amour à vif
4. En silence
5. L’addicton
6. I’m your man (reprise Leonard Cohen)
7. L’enclume des jours (feat. Melissmell)
8. Les ornières (feat. Arno Futur)
9. Open my eyes
10. Tainted love (reprise Soft Cell)
11. Les louanges des rouages (reprise Les Hurlements d’Léo)
12. Overseas telegram (reprise Serge Gainsbourg)
Durée : 45 min
Sortie : 23 septembre 2016
Album : 1er
Genres : Chanson française / Rock
Label : Cristal Production