Nous n’avions pas encore eu l’occasion d’arpenter les marches du Théâtre de la Mer cet été. Nous avons donc profité de la soirée proposée par l’association FEAT. pour retrouver le lieu incontournable des nuits d’été sétoises. Et c’est donc pour une soirée autour de l’univers d’Orelsan que nous vous convions dans cette chronique.
Avant de commencer il faut prendre le temps de vous expliquer ce qu’est ce fameux FEAT. Créée en 2024, l’association FEAT se présente comme la Fédération Éclectique des Arts Transmédias. Son ambition est de rapprocher le public et les professionnels des jeunes créateurs émergents de films, séries, clips, vidéos et autres formes audiovisuelles narratives adaptées à l’écran de cinéma. Ainsi, toute cette soirée sétoise est montée autour du film Comment c’est loin d’Orelsan.

Du fait de l’origine caennaise de la star du soir, c’est un plateau 100% normand qui occupe la scène du théâtre de la mer en ce début de soirée. Tour à tour, trois jeunes rappeurs nous présentent quelques titres de leur répertoire, tous accompagnés par le DJ Aleien.

On ne va pas se mentir, les performances ont été très inégales avec une voix dont la justesse est apparue parfois un peu approximative. Il faut reconnaître qu’il n’était pas simple pour eux de se retrouver dans ce lieu incroyable mais soumis à une configuration un peu particulière du fait de l’écran géant installé derrière eux.
Nous découvrons d’abord la toute jeune Neylou, qui malgré une voix peu assurée, vient déposer des textes tout en douceur au bord de la Méditerranée. Nous enchainons avec Nygma, au style déjà plus affirmé et au charisme certain. C’est bien écrit, la vibe est cool et on a droit à une dédicace à la Palestine. Nous terminons avec un phénomène au style affirmé, le bondissant T.LTR. Au début, je me suis dit mais qui c’est ce mec qui ressemble à Beigbeder avec les cheveux roses ? Car niveau style, ça dépote pour ce fervent positiviste qui nous explique que l’on peut toujours voir la vie en rose. Si le set a un côté à la fois festif et kitsch, il nous surprend avec le morceau Sous ces sombres nuages plein d’émotion.



Après ce moment musical, place à une expérience de tournage en direct basée sur la série de Gringe et Orelsan, Bloqués. Ce sont les Very Impro People de Montpellier qui se sont chargés de faire vivre cette expérience. Nous visualisons également les productions réalisées dans le cadre des ateliers jeunes avant une petite démonstration de danse.

Après ces déjà nombreuses séquences, place au film Comment c’est loin introduit par Charlélie Jardin, directeur de FEAT. et Sophie Murat co-scénariste du film, rencontrée quelques jours auparavant à la Ola par l’équipe. Cette dernière ne vient pas les poches vides mais avec un message d’Orelsan à destination du public sétois.
Comme nous l’avions un peu anticipé, la très grande majorité du public quitte le théâtre de la Mer à la fin de la projection, laissant Dab Rozer un peu tout seul sur la scène du théâtre. Le temps n’aide pas non plus avec la fraicheur qui est tombée au bord de la mer en fin de soirée.
C’est bien dommage car le rappeur propose de belles choses en incarnant un personnage un peu à la masse bien sympathique et attachant. Vu qu’on est en mode cinéma ce soir, l’artiste est accompagné des vidéos créées par AISHI, jeune manipulatrice d’images montpelliéraine. Au travers des textes tels que Beaucoup de vécu, Moyen-âge, Bien Bien Bien, Dab Rozer met à nu sa trentaine et son refus de grandir. C’est frais, délicieusement second degré jusqu’à cette reprise inattendue du Chanteur de Daniel Balavoine.



Que retenir de cette soirée ?
Tout d’abord que l’idée est très bonne. Mixer des approches artistiques à la fois proches et éloignées dans une même soirée permet de s’approprier un mouvement tel que le hip-hop de manière globale et transversale. Cependant, l’ambition était peut-être un peu trop élevée et la soirée nous a paru trop longue dans le format proposé. Il fallait lutter après la projection du film pour rester au théâtre de la Mer. Certaines séquences auraient gagné à être présentées beaucoup plus tôt dans la soirée ou dans un autre contexte. Ou il aurait peut-être fallu s’arrêter après la projection ?
Quoiqu’il en soit, nous saluons la démarche et souhaitons longue vie aux multiples projets de FEAT. Et vous laissons avec Dab Rozer et son entrainant Beaucoup de vécu.
Crédits photos : Olivier Scher