Le collectif montpelliérain Mauresca Fracas Dub a sorti au printemps dernier son sixième album studio « Big sur ». Fraîchement signé sur le label indépendant PIAS, on espère que le groupe va s’offrir une visibilité à la hauteur de sa gouaille attitude.
En 2014, lorsque Mauresca avait dévoilé « Riota », la troupe avait surpris son monde avec des nouvelles sonorités en premier plan, notamment par ses influences rock. Comme si, après quatre belles créations en mode long format, le collectif avait voulu explorer de nouveaux horizons dans leur univers plutôt reggae/hip hop occitan.
Sur « Big sur », Mauresca retrouve son « Fracas Dub » qu’il avait délaissé durant quelques années et ce retour n’est pas anodin : le groupe est revenu à quelque chose de plus frais et de plus brut, plus cohérent finalement avec l’ambiance du groupe. Sur ces 12 titres, on navigue entre les différentes déclinaisons du reggae avec des morceaux qui sonnent clairement à l’ancienne avec Je viens de (qui fait un appel du pied au Sound System de Massilia) ou avec Yes papa à la sauce Regg’lyss.
D’ailleurs, on passe de branche en branche dans l’arborescence de la mouvance reggae du groupe : on y retrouve des sessions plus digitales, plus actuelles, (Mon blues) mais aussi plus saturées (Posons le sound). Le groupe dévoile-là différentes facettes sonores et c’est presque un clin d’œil à ses autres projets musicaux (Doctors de Trobar, Mauresca Sound System ou encore Humpty Dumpty -le sound system expliqué aux enfants).
« La musica es una medecina »
Si l’on peut regretter quelques morceaux navigant en eaux troubles comme 37°2, too much, ou Fotia (« malgré le regard révolté des crèves la dalle ») qui ne sait pas trop sur quel pied danser, Mauresca arrive à garder le cap : même s’il manque un bon brûlot hip hop, plusieurs tracks incontournables arrivent à fleurir sous la voile du MFD ! Ma republica dresse un portrait bien sombre de la société qui nous entoure, dans la cité qui nous entoure aussi, avec un fil directeur dubby entêtant. D’un autre côté, c’est Medecina, terriblement tenace, qui cherche à gommer nos maux par l’intermédiaire de la musique. Remède à vie pour nerfs à vifs, Mauresca déroule avec une facilité déconcertante et insiste pour faire bouléguer son quartier. La musique peut arriver à transcender les gens, même les plus réfractaires, et elle arrive à nous faire oublier les tracas quotidiens.
D’ailleurs, le collectif sait encore hausser le ton : Barricada relance la machine de la révolte avant que Lo pont s’empare des ondes, les triture, en noircissant la pâle copie qu’est en train de rendre l’État français concernant l’accueil des migrants. Mauresca, l’enfant du « nord de Méditerranée », a toujours prôné l’ouverture d’esprit, le mélange et la rencontre avec l’autre.
En conclusion, même s’ils gardent l’esprit à la fête avec un album qui rappelle les valeurs du rapprochement humain, les Mauresca utilisent une nouvelle fois des compos vivantes pour faire passer leurs messages entre réveil collectif et joyeux bordel musical. A l’image de Papet, ode à nos vieux que nous devrions continuer à écouter, Mauresca Fracas Dub semble avoir trouvé un bon équilibre sonore sur ce « Big sur ». Mauresca fai avans !
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Je viens de
2. 37°2
3. Ma republica
4. Medecina
5. Mon blues
6. Lo pont
7. Barricada
8. Posons le sound
9. Papet
10. Yes papa
11. Fotia
12. Big sur
Durée : 40 min
Sortie : 6 avril 2018
Discographie : 6ème
Label : PIAS
Genres : Reggae / Ragga