Cela fait 20 ans que cela dure. Le festival de Mourèze a remis le couvert fin juillet dans l’incroyable écrin du parc des Courtinals. Nous n’étions présents que pour deux soirées mais quelles soirées !
Mercredi 24 juillet
L’arrivée à Mourèze est toujours aussi magique. Le village est niché au pied du cirque du même nom dans un paysage minéral évoquant le grand ouest américain. C’est à la sortie du village que nous rejoignons le parcs des Courtinals, amphithéâtre naturel qui va une nouvelle fois accueillir le festival de Mourèze. En haut, nous retrouvons l’espace restauration, en bas la scène, tous ces espaces étant reliés par des couloirs minéraux ajoutant à la magie du lieu.
C’est la jeune Nnawa qui a la responsabilité d’ouvrir le festival pour ces 20 ans. Elle arrive sur scène sous son parapluie, accompagnée de ses deux musiciens Adrien Fagot et Baptiste Chambrion. Les premiers mots qu’elle partage sont pour le public, dans lequel elle se trouvait il y a 6 ans et devant lequel est est ravie de jouer aujourd’hui. Nnawa propose une musique soul teintée de hip-hop plutôt agréable. Son premier EP est sortie en 2023, un album est en cours de production.
Un peu plus tard, c’est toute une bande de musiciens qui occupe la scène. Ils sont 7, se nomment FÜLÜ et jouent de l’électrobrass, une musique mêlant cuivres et sons électroniques. Comme Technobrass, que nous avions vu en novembre dernier, ils ont fréquenté les blocos du carnaval de Rio puis se sont installés du côté de Toulouse pour y développer leur projet.
Avec FÜLÜ, on n’assiste pas vraiment à un concert mais plutôt à un spectacle, un conte fantastique qui voit petit à petit les musiciens se transformer en animaux fantastiques. Les masques qu’ils portent au fil du concert sont des animaux totem qui reflètent les personnalités de chacun d’entre eux. C’est à la fois animal et festif, étrange et fantastique.
C’est la tête pleine d’images fantastiques que nous retrouvons notre voiture, le nez tourné vers les étoiles et le sourire aux lèvres.
Jeudi 25 juillet
Après la belle soirée d’ouverture vécue la veille, c’est la chanson française qui était à l’honneur pour cette deuxième nuit sous les étoiles.
A commencer par notre ami Glabre que nous étions ravis de retrouver. Glabre c’est le projet solo d’Alex Jacob, que vous connaissez certainement avec son groupe le Skeleton band (dont un nouvel album parait sous peu). Accompagné de sa guitare et d’une boite à rythme, Glabre propose une musique viscérale et habitée, qui puise autant du côté du post-rock ou de la musique baroque. Alex, c’est un artiste auquel il faut se confronter sur scène afin de vivre son intensité créative débordante. Certes, le show ne semble pas plaire à tout le monde, mais c’est justement grâce à des festivals comme celui de Mourèze que l’on a l’occasion d’élargir notre champ musical.
Après cette introduction détonante, retour au calme avec Alexis HK, grand habitué du festival qu’il fréquente depuis son origine. Le chanteur est clairement chez lui ici, nous racontant de nombreuses anecdotes et histoires vécues entre ces rochers. Il forme d’ailleurs un duo touchant avec Corentin, bénévole depuis 2007, avec lequel il reprend La Rose, la Bouteille et la Poignée de main de Brassens puis La maison Ronchonchon de lui même.
Alexis HK pioche allégrement dans son répertoire bien fourni depuis Zouzou jusqu’au plus récent Gangstar Vegas. Il nous gratifie de deux inédits Le bricolage et un autre titre autour d’un lac et d’un homme invisible. Toujours très connecté à l’actualité et touché par tout ce qu’il se passe, il nous gratifie du magnifique Les pieds dans la boue au ukulélé.
Dans la nuit enfin installée, c’est Arthur H qui fait son entrée. Au piano et simplement accompagné de son acolyte Pierre le Bourgeois au violoncelle, Arthur vient nous déclamer sa poésie cosmique comme il a pu le faire en ce même lieu il y a 10 ans déjà. Voire plus longtemps, puisqu’il nous raconte l’époque ancienne, ici même, où il nageait entre les rochers, quand la mer recouvrait Mourèze.
Pas étonnant donc de débuter le set par L’autre côté de la lune, tout en groove et douceur. Puis Arthur enchaine avec Adieu tristesse, Nancy (tiens, tiens, toujours des histoires de lune), La Vie, Lily Dale, Assassine de la nuit et Volcan (El Fuego).
Le flamboyant poète nous parle de la beauté de la vie, de l’importance de préserver des jardins d’amour. Et que parmi ces oasis, on y trouve ce lieu, ce beau festival de Mourèze.
Il enchaine avec une chanson qu’il a écrite quand il avait 23 ans et que l’on retrouve sur son album Bachibouzouk sorti en 92, à savoir Con comme la lune. Instant suspendu qui est repris en cœur par un public conquis.
Le concert devient de plus en plus intime et merveilleux. Il est l’heure de passer au Chercheur d’or, au Titanic et à la superbe Boxeuse amoureuse qui vient conclure un set tout en délicatesse et raffinement.
C’est sur ce moment suspendu que nous finirons de célébrer les 20 ans du merveilleux festival de Mourèze qui lui, se prolongera de deux soirées plus énergiques avec, entre autres Makoto San ou Balaphonik sound system.
Comme l’a souligné Arthur H, préservons des oasis tels que le festival de Mourèze auquel nous souhaitons une longue et heureuse existence !
Crédits photos : Olivier Scher