Avec la disparition de son créateur, Bernard Aubert, l’été dernier, cette nouvelle édition de la Fiesta des Suds revêtait un caractère d’hommage. Mission réussie pour ce toujours très beau festival marseillais.
D’abord, nous ne relaterons dans ce live report que les soirées du vendredi et du samedi, n’ayant pu être sur place sur l’intégralité du festival.
C’est avec une scénographie entièrement repensée que nous découvrons cette nouvelle édition de la Fiesta des Suds. C’est beau, poulpesque à souhait et cela donne vraiment envie de s’immerger dans le festival, toujours stratégiquement installé sur le J4.
La température est encore élevée en ce début de mois d’octobre et va monter d’un cran avec le show bondissant de Flavia Coelho venue ici en locale de l’étape. Contrairement à ses habitudes, c’est en mode soundsystem et seulement accompagnée d’un DJ que Flavia Coelho se présente sur scène pour un concert qui se veut le plus proche possible de ce qu’a connu la chanteuse dans le Nordeste brésilien.
Reggae, baile funk, bossa muffin, forro, cumbia, ska ou dub, tout y passe pour un set énergique qui fait bondir le public pendant plus d’une heure. Deux invités partagent la scène avec elle : la martiniquais Yaniss Odua et la nouvelle perle du reggae féminin européen Sara Lugo.
Pendant ce temps, nous profitons tout de même des autres scènes afin d’aller découvrir le jeune rappeur James the Prophet (rien que ça). Né gardois (Bagnols-sur-Cèze), le jeune musicien a des parents anglais et américains. C’est certainement ce qui explique sa grande facilité à s’exprimer dans la langue de Shakespeare. Le flow est posé et chaleureux. Pas désagréable du tout comme set pour lequel James est accompagné de deux musiciens, ce qui n’est pas courant dans le monde du hip-hop.
On reste sur du rap avec l’artiste suivant, Benjamin Epps. Le rappeur meusien, qui a grandi à Libreville au Gabon, propose un hip-hop engagé et sensible dont le flow évoque celui d’Abd al Malik. Comme pour James the Prophet, on note avec plaisir la présence de musiciens sur scène dont un batteur hors pair. C’est une découverte pour nous et nous sommes touchés par la proposition de Benjamin Epps qui nous réconcilie lui aussi avec la production rap actuelle.
Changement d’ambiance avec l’artiste Marina Satti, qualifiée de phénomène de l’électro-trad grec. Nous voilà vraiment dans l’ADN du festival avec une proposition atypique et un son jamais entendu auparavant. Certes, c’est une musique fortement inspirée de la pop mondiale et de l’électro actuelle. Néanmoins, l’intégration de chants polyphoniques, de musiques balkaniques ou d’instruments traditionnels amène une touche toute particulière à la proposition.
Sur scène, Marina Satti est accompagnée de deux choristes, d’un percussionniste et d’un musicien polyvalent pour un cocktail original et détonant. On vous propose son dernier clip Tucutum pour le plaisir.
Pendant ce temps, la grande scène a happé l’essentiel du public présent ce soir car Ibrahim Maalouf fait le show. Armé de son dernier album « Capacity to Love« avec des featurings à gogo, Ibrahim Maalouf embrase le public du J4 dans un show époustouflant. Flavia Coelho vient le rejoindre pour un titre tandis que le set est rythmé par le flow du rappeur américain D Smoke, absent, dont la voix est enfermée dans une machine (ce qui inverse les codes du rap avec des musiciens généralement absents de la scène).
Que dire hormis « Bravo ! ». Le show est très rythmé, super bien orchestré et très généreux. Le final, avec une classe de jeunes musiciens locaux, est à l’image du personnage : dans la transmission et le partage.
Nous terminons la soirée avec les lyonnais de Dowdelin dont nous avions adoré le concert au Festival de Mourèze en juillet dernier. Le quartet est toujours aussi affuté avec une proposition musicale qui nous fait danser du funk au biguine et toujours avec un groove endiablé. Les titres sont chantés en créole la plupart du temps, jusqu’à une étonnante reprise de I like to move it.
Nous rentrons rassasiés de bonnes ondes après cette première soirée passée à la Fiesta des Suds. Le festival est toujours aussi bien, tant du point de vue de l’accueil ou de la restauration que du côté de la programmation.
Crédits photos : Olivier Scher