Victoire 2 nous proposait ce soir une très belle affiche où poésie et rock se rencontraient pour le meilleur. Entre français et créole, Iaross et Gren Sémé nous ont offert un grand moment de partage et de magie.
C’est Iaross qui ouvrait le bal. Venu défendre son nouvel opus « Ce que nous sommes« , paru en début d’année, le trio est désormais composé de quatre membres.
C’est pourtant avec un ancien titre, Trace, que le groupe nous accueille avec un très chouette arrangement. Recoudre le cœur qui coule et voir les rêves se plier, voir les rêves se briser… On trace avec Iaross pour une soirée qui va s’avérer être plus que réussie.

Nicolas Iarossi prend alors la parole pour nous présenter ce nouvel album et enchaîne illico avec Nous sommes, un titre puissant qui sait si bien raconter nos vies dans un monde qui nous dépasse.
Nous sommes
La voie lactée dans un monde sans fin
Des cœurs numériques еt des clics de rien
Dеs corps numériques et des clics sans fin
Le groupe enchaîne avec Libre puis Tangue avant de nous raconter le lien si particulier qui les lie à la Réunion. Leur ancien batteur joue d’ailleurs aujourd’hui avec Gren Sémé dont le leader, Carlo de Sacco, vient ensuite les rejoindre pour interpréter Là où tout brûle.
Le clip, réalisé par le plasticien montpelliérain Cahuate Milk nous immerge dans notre rapport aux écrans et notre capacité de plus en plus réduite à distinguer le vrai du faux.
On repart avec Respire, ballade presque joyeuse avant un très beau moment au violoncelle et à la guitare sur D’ici, je vois issu de l’album Ventre paru en 2012.
Après un intermède avec Renverser, retour sur le dernier album avec Le vent souffle et son final renversant et saturé qui nous transmet fougue et force pour rester debout. Leur ancien batteur, kayamb en main, les rejoint sur On va brûler.

Le concert se finalise avec Mon amour (paroles ci-dessous) avant le titre 14/14 bien à propos par ces temps où les va-t-en-guerre se pressent dans les médias.
Sur ta peau se dévoile
Comme des milliers d’étoiles
Quand mes mains te dévoilent
Quand je lève le voile
J’ai posé mon cœur
Sur ton corps en silence
J’ai donné mon cœur
J’ai laissé l’innocence
Après le concert, je me précipite acquérir une bouteille de vin ramenée par Iaross sur laquelle figure un QR code permettant de télécharger leur dernier album. Une excellente idée que d’associer ce fameux breuvage des terrasses du Larzac à la poésie belle et engagée de Iaross.


Nous nous envolons ensuite pour la Réunion avec Gren Sémé et sa musique maloya aux paroles engagées. Hasard du calendrier, Aiollywood nous avait envoyé une carte postale de l’île intense peu de temps avant !
Je ne connaissais pas du tout le répertoire de Gren Sémé avant ce soir. C’est donc une vraie découverte ce soir dans leur musique. Je note le morceau Poussière en début de set, titre sur lequel chantait Gael Faye.
Carlo de Sacco nous parle ensuite de l’importance de la culture des tambours puis un peu plus tard des cimetières, qu’il estime plutôt être les lieux des vivants que des morts. C’est en effet souvent là que l’on vient se confier ou raconter ses petits secrets.
Comme lors du concert précédent, c’est au tour de Nicolas Iarossi de les rejoindre pour un titre qui évoque la haine sur les réseaux sociaux.

Les titres s’enchaînent avec ce rythme ternaire si particulier et cette chaleur communicative. C’est beau et poétique. Même si on ne comprend que quelques bribes de cette belle langue créole, nous sommes embarqués par le flow de Carlo de Sacco.
Le concert se finit avec le titre Ti Marik qui nous donne à rêver de la Réunion qui nous parait à la fois si loin et si proche ce soir.




Le concert se termine dans la fosse, Kayamb à bout de bras dans un partage extatique.
Crédits photos : Olivier Scher
