Poussant un peu plus loin la fusion des genres, le festival Résonance s’associe cette année à Avignon jazz festival pour proposer des artistes qui décloisonnent les genres. Déployé sur quatre soirées, nous nous retrouvons ce soir dans le magnifique écrin du Cloître des Carmes pour un show qui dépassera largement les attentes.
En cette fin de festival d’Avignon, pénétrer dans le cloître des Carmes nous donne l’impression de venir assister à une représentation théâtrale. Ceci est d’autant plus vrai que c’est un format tous assis qui a été choisi. C’est toujours une déconvenue quand on vient écouter de la musique vivante mais nous pouvons comprendre les contraintes liées au lieu.
C’est avec le trio Coccolite que nous attaquons la soirée. Le groupe, largement reconnu dans le monde du jazz, propose une fusion assez libre qui mêle électro, rythmiques hip-hop ou groovy et autres inventions instrumentales rafraichissantes. Timothée Robert, bassiste et apôtre des machines, nous délecte tout au long du concert d’interventions marrantes et décalées en direction d’un public qui entre petit à petit dans l’univers proposé. Les rythmes et mélodies proposés au clavier par Nicolas Derand ou à la batterie par Julien Serié ne peuvent laisser de marbre, les titres des morceaux non plus : descente d’acide ou Entre deux eaux. A ce propos, le nom du groupe fait référence au fond la mer et plus précisément aux coccolithes dont l’accumulation au fond des eaux a conduit à la formation de roches sédimentaires telles que la craie. Le trio a déjà commis deux albums, Écho en 2020 puis Live now en 2022 dont nous recommandons l’écoute aux oreilles curieuses. En fin de set, Timothée lance un concours où la reconnaissance d’un sample permet de gagner un album. Quand on sait que c’est Louis de Funès qui est à identifier, on sait que l’on a un groupe qui aime bien les facéties.
Après cet excellent démarrage, un piano à queue fait son entrée dans le cloître accompagné de kilomètres de câbles reliés à ce dernier. Après quelques problèmes techniques de mise en place des lumières, le duo suisso/allemand Grandbrothers prend les commandes du plateau. Nous allons alors basculer dans une autre dimension où la musique électro-acoustique n’a jamais aussi bien porté son nom. Si le pianiste Erol Sarp joue bien de son instrument, le musicien bidouilleur Lukas Vogel pilote des capteurs installés directement sur les cordes, le bois et les parties métalliques du piano, dont les sons, mixés en direct avec différents samples, créent une fusion cosmique. C’est beau et entrainant, ce qui pousse petit à petit le public à se lever des gradins où les corps ankylosés ne demandent qu’à s’exprimer. Il suffit de regarder en direction de Lukas Vogel pour comprendre que le set pourrait facilement s’enflammer et prendre le chemin d’une transe électro-acoustique qui ravirait un certain nombre d’entre nous. Malheureusement la passion reste un peu contenue malgré l’envie. Il n’empêche, la découverte sur scène de ces deux là est une belle surprise, à l’instar d’un Nils Frahm découvert il y a quelques années sur la scène de Paloma.
En définitive, nous saluons les Festivals Résonance et Avignon Jazz pour cette belle initiative qui devrait certainement appeler d’autres collaborations dans le futur.
Crédits photos : Olivier Scher