Le foreztival c’est des mélodies rap, reggae, et autres airs électroniques débordants d’énergie en plein cœur des champs Trelinois. Le foreztival, un festival de 3 jours : le 2 va vous surprendre.
« Nul n’est censé ignorer la Loire » – Gobelet du FOREZTIVAL
Tu sors de l’autoroute, puis après quelques kilomètres tu quittes la nationale pour te retrouver sur une départementale au milieu des champs. Alors tu te dis que tu t’es trompé, puis tu aperçois un panneau « foreztival 2019, accès festivaliers ». Tu suis les flèches et un organisateur t’explique qu’il y a le parking P1, juste à côté du festival, où le repos n’est pas une priorité. Sinon, t’as le P8, tu marches un peu mais tu dors jusqu’à ce que le soleil te réveille en douceur. Les plus déterminés se décident à poser leur tente au camping, à 53 pas de l’entrée du site et dans lequel l’heure est toujours à l’apéro.
Tu peux commencer ton Foreztival en douceur le vendredi après-midi avec Fils Cara, un rappeur décrivant sa vie ligérienne sur les instrus de son frère, qui l’accompagne au synthé. Tu enchaines avec Marcus Gad, des airs reggaes pour décompresser après ta semaine de taff, et the bongo hop, aux couleurs afro-caribéennes enjouées. Tu fais un crochet par The Inspector Cluzo, un duo d’agriculteurs qui lâchent régulièrement leur ferme pour faire découvrir le rock dans différents pays. C’est finalement VALD, ce rappeur de 27 ans, aux allures nonchalantes mais aux textes crus, que ton cousin de 20 ans connait forcément, qui fait éclater les 12 000 festivaliers du premier soir (« arrête tes conneries, éteins ta télé, tu vas finir par croire leurs balivernes »). La P’tite Fumée accélère le rythme du Foreztival avec ses mélodies Tribe/Trance d’un autre monde. C’est L’Entourloop qui clôture cette première soirée. Les deux papis, qui retrouvent la grande scène de Trelins, te font vibrer en faisant tourner leurs disques sur une platine vinyle attachée autour du ventre, ou en tapant fort sur leurs launchpads, laissant échapper de grosses basses envoutantes. T’étais haut en couleur, t’étais chaud, t’étais bondé de monde, et à 3h du mat’ t’as juste envie d’aller reposer tes jambes fatiguées, qui pourtant auront envie de courir pour aller danser le deuxième soir.
En journée, tu peux te dépenser sur le tout nouveau jardin, avec du ventriglisse, du beach volley, de la pétanque et des jeux en bois. Le Zalex Show te propose des activités « maîtrise ta transpiration », « remue le gras » ou encore sa kermesse à base de pêche aux canards et puissance 4 géant. D’autres animations diverses te permettront d’oublier ton travail le temps d’un week-end. Sinon chaque jour, à partir de midi et jusqu’à 3h du matin, tu peux voyager devant les murs de son du Chap’, une scène couverte animée par différents DJs électro, reggae, drum & bass, trance, dub et techno.
Après une journée coupée du temps, à faire une pause entre deux siestes, les concerts commencent doucement pour te remettre dans l’ambiance. C’est réellement Demi Portion, avec ses textes forts, qui te chauffe pour le reste de la soirée. Tu t’attends à ce que ce soit en petit comité, puisqu’il est sur la petite scène et qu’il n’est pas spécialement connu, mais le festival affiche complet pour ce soir. C’est finalement un public digne de la grande scène qui jump sur les musiques endiablées du groupe et des open mikes. Changement de décor lorsque tu te retournes et que tu cours pour aller voir Goran Bregović. Les musiques des Balkans que le groupe de 7 personnes joue avec passion te donnent envie de prendre tes amis par le coude et de tourner, et tu ne peux pas empêcher ton corps de danser. C’est sur les mélodies ensoleillées de Zoufris Maracas que tu continues de bouger, parce que tu « veux pas, ouais, travailler du tout ». Une grande partie des festivaliers est venue pour eux ce soir, c’est Thérapie Taxi qui ameute le plus de loups ce soir. Leur musique pop passe beaucoup sur les radios en ce moment, et ils te confirment l’énergie transmise dans chaque chanson quand presque 10 000 personnes chantent, avec toi, leurs textes à tue-tête. Tu prends une mini pause pour avaler ta barquette de Tartifourme et le contenu de ton verre, puis tu peux aller apprécier Throes + The shine, qui mêle rap portugais et bonne humeur. Finalement, tu finis la soirée tranquillement avec La Fine Équipe, 4 DJs aux allures de C2C qui te font bouger la tête et les mains au même rythme que les leurs. Tu retournes à ta tente en fredonnant leurs mélodies et tu t’endors paisiblement sur les basses transcendantes des voisins.
Une journée du dimanche sensiblement équivalente à celle de samedi, mis à part qu’aujourd’hui tu t’es mouillé jusqu’aux genoux, et pas simplement tes pieds et tes bières comme hier. C’est Calypso Rose et ses 79 ans qui commencent à attirer la foule. Comme son nom l’indique, l’artiste chante du calypso, un style musical rappelant ses origines trinidadiennes. Les concerts s’enchaînent sur le festival et c’est l’artiste britannique IAMDDB qui prend le relais sur la grande scène. Tu ne peux pas lui reprocher de penser être à Lyon quand elle enjambe les barrières pour rapper au milieu de la foule, sous les yeux alarmés du gars de la sécurité. On change de scène et de langue avec Kumbia Boruka, des musiques latino ayant des échos de La Yegros. Place maintenant au groupe attendu tout le week-end. Ils avaient quitté la scène pendant 5 ans et reviennent avec un nouvel album et une tournée mondiale qui fait un crochet par Trelins. Ska-p débranche ton cerveau pour connecter ton corps aux rythmes fous des guitares et cuivres. Bulbul, le chanteur, monte sur scène avec un plâtre à la jambe vieux de trois jours, mais n’hésite pas à se lever au milieu du concert pour faire danser son public (« je ne peux pas danser, mais vous oui » Bulbul). Fort de textes engagés et mis en scène pour te les imprégner dans la tête, Ska-P critique avec énergie la police, l’église, la royauté, la tauromachie et d’autres aspects noirs de la société. Dans la fosse, tu es fou, tu sautes, tu pousses et tu chantes avec eux à en perdre tes baskets et ta casquette. Tu poses les instruments pour ne garder qu’une guitare électrique, une table de mixage et des launchpads. C’est Rakoon qui électrise le début de la fin du festival. Tu montes sur les épaules de ton voisin et tu te rends comptes que c’est clairement un autre monde là-haut. C’est ton avant-dernier concert et tu donnes toute l’énergie qu’il te reste pour vibrer sur la dub remplie de basses qu’envoie l’artiste seul sur scène. JoeyStarr et Cut Killer ferment la marche avec un show qui en envoie plein les yeux mais pas trop dans les oreilles et les jambes. Fin de Festival sur Trelins, tu repars nostalgique avec des souvenirs plein la tête et des courbatures pleins les jambes. Mais ce qui est sûr, c’est que tu reviendras l’année prochaine avec le même enthousiasme et le même sourire.