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Annulée en 2020 pour cause de pandémie, la Fiesta des Suds était de retour sur l’esplanade du J4 pour trois soirées de folie. Regonflée comme jamais, l’équipe de la Fiesta a proposé un plateau assez éclectique nous permettant de renouer avec un des événements majeurs de la région.
Mais d’abord il y a Marseille, que l’on retrouve toujours avec plaisir malgré un terrible combo grève des éboueurs/inondations qui ne redore pas le blason de la belle méditerranéenne. En tout cas le soleil est là, brillant comme jamais et le Mistral ne nous accompagnera qu’une soirée. C’est donc au rythme du Vieux port, des goélands et du bon vivre marseillais que nous avons vécu notre dernier festival en plein air de la saison.
Premier jour, jeudi 7 octobre
Quelle émotion que celle de retrouver l’immense esplanade du J4 transformée en festival de musique avec sa grande scène (Mer) dos au Mucem, sa petite scène (Major) et son espace food truck. L’air a beau être frais ce soir, le plaisir de retrouver la Fiesta des Suds est bien là. Et, fidèle à son crédo, la soirée attaque avec la chanteuse de flamenco Rocío Márquez présentée comme le renouveau de cette ancestrale musique andalouse. Le pari est osé mais fonctionne. Une belle occasion pour découvrir le répertoire de cette chanteuse engagée.
La soirée s’enchaine ensuite avec Gaël Faye que nous avons rencontré un peu plus tôt en interview et dont nous reparlerons dans un prochain article. Fidèle à sa réputation, le concert est enlevé, sincère et interactif. Ce dernier n’hésitera pas à danser avec son public dans la fosse pour son dernier titre « Respire« .
Nous passons ensuite du côté de la scène Major pour retrouver le projet électro-recyclage Instrumentarium du collectif arbuste qui viendra rythmer cette scène au cours des trois soirées. Ça tabasse grave avec les quatre musiciens percussionnistes installés dans des cages en métal. La proposition est efficace, entrainante et festive. On en redemande. C’est une excellente idée de les avoir intégrés à la programmation.
Le ton est donné avant de découvrir l’inclassable Hervé et sa proposition électro-pop tout autant déjantée. Ce type donne vraiment TOUT sur scène jusqu’au quasi-épuisement. Tout est exagéré et interpelle tellement il cherche à faire participer le public à son show. On imagine l’ancien footballeur qui aurait fusionné avec des supporters ultras pour former ce personnage hors normes qui électrise son auditoire. Il nous explique que c’est la première fois qu’il fait un vrai concert à Marseille et qu’il est d’autant plus touché avec l’hommage à venir pour Tapie. Le show est intense et mériterait un autre concert pour mieux en parler.
Après toute l’énergie reçue sur la scène Major, retour à une peu plus de douceur avec la flamande Selah Sue qui va mettre tout le monde d’accord. Arrivée sur scène avec un grand sourire et des mots en français pour le public, elle embarque rapidement la foule avec sa soul matinée de hip-hop et R’n’B. Le show est vraiment enthousiasmant et authentique. Accompagnée de trois choristes, elle alterne chansons avec son groupe et morceaux plus intimistes en guitare-voix.
Une très belle manière de terminer cette première soirée et une vraie découverte sur scène. Et ce, malgré la relative fraicheur de cette première journée.
Deuxième jour, vendredi 8 octobre
Ce vendredi est marqué par les chants des supporters marseillais qui ont résonné bien au-delà du Vieux port. Ces chants accompagnaient le dernier voyage de l’ex-président de l’OM dont la cérémonie se déroulait à deux pas de l’esplanade du J4.
Nous arrivons tranquillement sur le site en début de soirée, l’oreille tendue vers le set du dj Straussy qui mérite une meilleure écoute. Fidèle à la première journée, c’est une formation soul jazz qui enchaine sous la coupe du saxophoniste Laurent Bardainne entouré de Tigre d’eau douce. Le set est fascinant et captivant, passant de moments intimistes à des envolées colorées. Encore une découverte au cœur d’une programmation définitivement ouverte.
Mais ce soir, la grosse tête d’affiche, c’est Woodkid qui débarque à Marseille avec son show électro-mécano- orchestral attendu par un public qui s’est déplacé pour l’événement. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’effectivement, il y a des écrans et du show à l’américaine. Woodkid semble content de jouer ici même s’il balancera quelques piques au public marseillais au sujet de l’OM (c’est vraiment le truc du moment). Au delà de ça, nous ne sommes pas transportés par le show qui manque sensiblement d’incarnation.
La Fiesta des Suds nous offre ensuite un voyage vers l’Amérique du Sud en invitant le trio colombien Ghetto Kumbé que nous avons eu la joie d’interviewer dans l’après midi. Nous reviendrons donc plus longuement sur ce groupe dans un prochain article. Néanmoins, le moins qu’on puisse dire c’est que le cocktail cumbia/afro-colombien/hip-hop est d’une grande efficacité pour faire entrer en transe le public encore présent sur l’esplanade. Ce fut un vrai bonheur de les voir enfin sur scène après de nombreuses écoutes de leur premier album.
Encore une soirée bien remplie que nous quittons le sourire aux lèvres.
Troisième jour, samedi 9 octobre
Déjà le dernier jour et encore beaucoup d’artistes à écouter ce samedi marqué par le retour de la foule. En effet, si le premier soir a affiché 6500 festivaliers au compteur et le vendredi 5300 (malgré la présence de Woodkid), ce soir c’est 9000 personnes qui foulent l’esplanade du J4. A l’origine la jauge avait été limitée à 10 000 personnes donc pas bien loin de ce samedi. Et c’est Balthazar qui ouvre les hostilités sur la scène Mer. Quel plaisir de retrouver le groupe de rock indé belge, pas vu sur scène depuis l’excellent Check-in-party de Guéret en 2019! Et en seulement deux ans, Balthazar a sorti deux albums, n’ayant visiblement pas été freiné par les confinements à répétition pour créer. Le groupe a d’ailleurs évolué vers une musique plus accessible, incluant une utilisation plus marquée de l’électronique tout en conservant les riffs de guitares. Le show est à la hauteur et nous sommes vraiment ravis de les redécouvrir sur une grande scène.
Nous ne bougerons pas du secteur après ce concert, histoire de pouvoir bien profiter de Meute dont toutes les dates ont été annulées ou repoussées ces derniers mois. Cette fanfare « électro » allemande est une vraie machine à faire danser déployant une puissance hors norme et une énergie qui va renverser le J4. La recette, basée sur la reprise « organique » de titres électros, est diablement efficace car Meute y injecte une vraie identité et une énorme envie de communion avec le public. Certes, les 2-3 morceaux chantés n’apportent pas grand chose, mais le reste du show électrise la foule et file la banane à tout le monde. Quel bonheur de pouvoir enfin communier de la sorte après presque deux ans de distanciation sociale. La grosse claque du festival tant cette musique correspondait à un vrai besoin de retrouvailles entre scène et public. Du pur plaisir pendant presque deux heures.
Difficile de retrouver ses esprits après ce moment incroyable qui devrait rester gravé dans les têtes de nombreux festivaliers. Nous avons ensuite décidé de zapper The Avener pour nous concentrer sur le dj set de la géniale ougandaise Kampire. Nous avions eu la chance de la découvrir à la Magnifique Society à Reims en 2019 et ne voulions pas rater cette nouvelle occasion. Le set est toujours mené à la perfection avec son inimitable mix de musique africaines et de tracks underground. Du très bon son qui amène immédiatement une bonne ambiance, idéale pour finir ces trois jours intenses de festival (du moins pour nous).
En conclusion, bravo à l’équipe de la Fiesta des Suds pour cette belle réussite malgré toutes les contraintes à surmonter depuis des mois. La qualité était là, le public aussi et nous avons beaucoup apprécié ces trois soirées au bord de la Méditerranée. Nous n’avons malheureusement pas pu participer aux prometteuses soirées d’after aux Docks des Suds (avec une spéciale Chinese Man qui a visiblement déchiré). Seul petit bémol, le positionnement de la scène Major entre la grande scène et les food trucks et toilettes qui a parfois créé de gigantesques bouchons avec les gens qui ne faisaient que passer malgré le concert. Pour le reste, une vraie réussite et l’immense plaisir d’avoir pu assisté à un festival aussi éclectique à deux pas du Vieux port, en plein Marseille. Vivement l’année prochaine !
Un grand merci à Olivier Rey et l’équipe de presse pour l’accueil sur le site et le lien avec les artistes.