Seconde soirée de concerts du côté des Rocktambules de Rousson (30) et nouvelle débauche d’énergie de la part des six nouveaux groupes programmés. Dans une ambiance électrique où les festivaliers étaient deux fois plus nombreux que la veille, ce vendredi soir a été truffé de surprises…
Cette fois, cela ne fait aucun doute : les Rocktambules pourront dormir sur leurs deux oreilles et préparer tranquillement leur 20ème édition anniversaire avec plus de certitudes que lors des années précédentes. Les festivaliers ont retrouvé la route des Rock’ et l’affluence est plus en adéquation avec les ambitions des organisateurs. En ce vendredi soir, la chaleur s’est à nouveau abattue sur les près de Landas et les courageux à les braver plus vaillants que la veille.
En guise d’ouverture, et c’est devenu une tradition, le vainqueur du tremplin de l’année précédente a le luxe de lancer les festivités sur la grande scène. Les Blind Puppets ont démontré tout le bien que l’on pensait d’eux déjà en 2015 : avec plus de moyens techniques et davantage de maturité, les nîmois se sont transformés en véritable rouleau compresseur ! Dopés à l’adrénaline, les Blind Puppets ont secoué Rousson avec un set transpirant de punk, de rock et de métal. C’est vif, c’est brut, c’est sans détours, bref, une nouvelle fois, c’est avec les deux doigts en l’air que l’on accepte sans hésiter de commencer cette soirée à leurs côtés. La suite, un peu plus calme, voit mettre à l’honneur The Burning Fingers, plus posé, plus blues, aux allures de Nirvana, sans toutefois dénoter avec la chaude ambiance du moment. Idéal avec une petite mousse et savourer les envolées à la guitare.
Le second groupe à se présenter sur les planches de la grande scène roussonnaise a quant à lui conquis les cœurs des Rockmouths : nous l’avions annoncé dans l’après-midi et il était impensable de rater la performance du Trottoir d’en Face. Groupe en plein essor originaire d’Orthez, ces gars-là tracent leur route en indépendant depuis plus de dix ans déjà. Dix ans, c’est précisément le temps qu’ils ont mis pour sortir leur premier album, « Nulle ombre » (2015), chroniqué à l’époque entre nos murs. La mayonnaise a pris, la persévérance finit toujours par payer, et Le Trottoir d’en Face a progressivement attiré une bonne partie de la foule devant la grande scène. Petite bombe festive et pleine de bonne humeur, on vous recommande sincèrement de croiser leur route si vous en avez l’occasion. Le concert est carré avec une mise en scène plus que rodée : on peut y noter des influences avec Babylon Circus dans l’énergie ou dans la place qu’occupent les cuivres en arrière scène. On y retrouve aussi des traits des Barrio Populo, de la Ruda ou, plus récemment, de Boulevard des Airs. Logiquement, on ne peut que succomber à l’invitation Sur les sentiers du monde ou pour le magnifique Sur la crête. N’hésitant pas à durcir le ton avec des doses rock (Lobotomisère, Les fils d’or…) ou nous propulsant au beau milieu de l’Europe de l’Est (« youriiiii ! »), Le Trottoir d’en Face poursuit le périple entamé par La Rue Kétanou la veille, La bohème. Proposant même quelques nouveaux morceaux de leur second album (sortie début 2017), le groupe a dompté un public majoritairement venu par Massilia sans forcer ! La reprise de Sentimental bourreau de Boby Lapointe (qui n’a jamais été aussi énervé) a ponctué ce concert à coups de hache festive.
Si la transition avec Massilia été un peu rude avec Epilepsy (death core/métal), cela n’enlève en rien à la qualité de ce jeune quatuor nîmois : avec un Isaac Schutt bouillant au chant et une véritable armada en soutien, Epilepsy peut se vanter d’avoir déclencher l’hystérie devant le bar ! Depuis que la petite scène est installée sur le festival, il semblerait qu’Epilepsy soit le tout premier groupe à avoir provoqué autant de pogos sur un laps de temps si court. Costaud !
Pour la suite, l’immense toile bleue azur qui orne le fond de scène commence à modifier le décor : particulièrement attendu, Massilia Sound System a une nouvelle fois réalisé une performance parfaite du côté de Rousson. Seul véritable hic sur le show, l’absence de fumigène craqué dans la fosse, peut-être que le risque d’incendie dans la garrigue roussonnaise a refroidi les plus courageux ou que l’Etat d’urgence a eu raison d’eux. Dans tous les cas, Massilia a répondu à l’appel des nombreux chourmos présents. D’entrée, le brûlot A Marseille a mis tout le monde d’accord. L’arrivée des 3 MC’s sur la version n’a été qu’une formalité pour chauffer un public déjà conquis. La traditionnelle glacière sortie, Massilia a pu alterner nouvelles compos et grands classiques pour le bonheur de tous. Rien n’est laissé au hasard, le Commanda Fada n’est jamais bien loin et Massilia n’a pas oublié les bonnes manières que ce soit pour servir le pastaga (et pas du cidre mon viech !) à tout le monde (Vive le PIIM) ou pour rappeler sa ferveur contre les conos (Interdit aux conos).
Prônant toujours des valeurs festives, de partage et surtout de paix, Massilia n’a pas manqué le rendez-vous pour mettre en garde contre les revoutas (Cansoneta farai) ou la peste brune (Ma ville est malade), le Papet n’a pas manqué de rappeler les événements qui nous frappent depuis plusieurs mois en dédicaçant le concert aux victimes. La fête, elle est là, bien présente, pourtant le cœur est meurtri. Inscrivant la paix et la liberté sur le fronton de nos monuments, Toujours (et toujours) pu résonner dans une atmosphère chargée : « cela fait plus de 30 ans que les rappeurs dénoncent les problèmes dans les quartiers et personne n’a bougé ». Triste réalité…
Faisant le yo-yo entre le temps et les époques, il y a pourtant des choses qui ne changent pas : Tout le monde ment, Est tot pagat et, forcément, Massilia n°1. Papet J, Tatou et Gari Greu ne veulent rien y faire, ils continuent à Parlar fort comme ils ont envie inlassablement de réveiller les consciences (Ma ville réveille toi, Au marché du soleil). Jamais à court de tchatches, ils nous dressent le tableau d’une vie pas si parfaite (Bouteille sur bouteille) auquel il faut continuer à faire face. Que ce soit en mettant Le oai (chez soi, au stade, dans son quartier) en ne reniant, ô grand jamais, à ses idées, on se ferait bien un petit Tuba la pipa avant de partir. Tous ensemble, tous réuni, car on est tous dans le même bateau, dans une farandole géante. A l’ancienne…