Après deux premières éditions qui avaient soulevé pas mal d’interrogations en termes d’organisation, le festival Palmarosa a décidé de relever les manches pour proposer une 3ème édition largement améliorée. Retour sur 3 jours intenses au domaine de Grammont.
Qu’on se le dise, l’équipe de Palmarosa a entendu les critiques et s’est donné les moyens de redresser la barre cette année : espace largement agrandi, points d’eau multipliés, allée de brumisateurs, réactivité aux bars, navettes, parking vélo… bref l’expérience s’est largement améliorée. En revanche, la réponse du public a été mitigée avec un taux de remplissage bien en dessous des attentes.
Jour 1 : vendredi 23 août
Débarquant trop tard à Grammont, nous ratons l’ouverture du festival par Loons, un moment largement acclamé par les connaisseurs présents. C’est donc avec l’ensorcelante Silly Boy Blue que nous démarrons notre Palmarosa. Sur la route avec son dernier album Eternal lover, la chanteuse nantaise propose un set qui lui fait honneur avec les excellents Not a friend ou I don’t look good. Son premier album n’est pas en reste avec quelques beaux moments tels que The fight ou The riddle. Silly Boy Blue nous charme avec sa pop soignée et élégante.
Changement radical d’ambiance sur la grande scène avec nos deux rockeurs paysans préférés, The Inspector Cluzo. Voyageant toujours avec le magret de leur ferme disponible au merch, le duo présente son dernier opus Horizon dont les titres Act local, think global ou Swallows back reflètent la philosophie et les inquiétudes du groupe. Et puis impossible de passer à côté de l’enlevé Running A Family Farm Is More Rock Than Playing Rock N Roll Music dont les riffs rageurs bousculent le timide public de cette fin d’après-midi.
Ce petit grain de folie était ce qu’il nous fallait avant de recevoir The Hives, groupe réputé pour ses performances scéniques engagées. Autant le dire tout de suite, nous ne serons pas déçus par les suédois, emmenés par leur leader Howlin’ Pelle Almqvist, particulièrement en forme ce soir. The Hives ouvre le show à toute allure avec un Bogus Operandi qui annonce la couleur : riffs acérés et rythme entêtant, les chevaux sont lâchés. Avec Main Offender dès le deuxième morceau, la messe est dite. Ce soir on va transpirer ! The Hives propose une recette efficace avec un garage-punk fédérateur et joyeux. Nous finissons sur un Smoke and Mirrors à l’image du show avec un grand sourire sur nos visages.
Après cette folie musicale, c’est Phoenix qui vient conclure la soirée. Le groupe aura fort à faire et attaque avec une valeur sure Lisztomania, enchaine sur Entertainment et arrive tranquillement sur l’accrocheur Alpha Zulu. Puis, sans nous y attendre, nous nous retrouvons plongés dans un voyage abyssal nous faisant passer de l’infiniment grand à l’infiniment petit sur la musique hypnotique de Sunskrupt!. Une réussite à la fois visuelle et sensitive qui nous donne envie de planer…
Nous vivons aussi un moment bien barré avec la (fausse) décapitation de Thomas Mars par un Howlin’ Pelle Almqvist machiavélique tout content de venir faire le pitre sur scène. Le show finit, comme d’habitude, avec une plongée de Thomas dans le public (qui va jusqu’à boire la bière que lui tend un festivalier) sur la musique Identical tirée du film On the Rocks de Sophia Coppola. A noter que cette date était la dernière d’une tournée débutée il y a deux ans à Paloma !
Jour 2 : samedi 24 août
Cette deuxième journée commence sur les notes envoutantes de Calypso Valois dont l’excellent dernier album Apocalypso sera le fil conducteur. Auteure d’une pop élégante et romantique, Calypso Valois s’impose tranquillement mais surement au public qui s’agglutine toujours plus nombreux devant la scène. La chanteuse nous offre un set à la fois posé et énergique, à l’image de son titre Danse pour moi.
C’est Kazy Lambist qui a l’honneur d’enchainer sur la grande scène. Le producteur montpelliérain déroule un show tout en finesse avec son électro pop ciselée. C’est typiquement la musique adaptée à ce moment de la journée : tranquille et planante avec un petit côté feel good pas désagréable.
Mais c’est du côté de la petite scène que les choses commencent à bouger avec le show diabolique de Bandit Bandit. Maeva et Hugo, qui sont ici sur leurs terres (même s’ils sont aujourd’hui lyonnais), ne sont pas là pour plaisanter. La foule s’amasse devant le scène et la poussière se met à se soulever au rythme de Curseur, Néant, Pyromane ou Nyctalope.
Nos retrouvons ensuite Kid Francescoli et sa french touch marseillaise ensoleillée. Nous avons croisé Mathieu Hocine, tout sourire, un peu plus tôt dans la foule et c’est cette énergie positive que nous retrouvons sur scène. Entouré de ses fidèles Andréa Durand et Raphaël Léger, Kid Francescoli enchaine ses titres phares depuis 1986 ou Sweet and Sour jusqu’à Run, Run ou Moon. Le show est toujours au top, de festival en festival.
Ceci nous emmène doucement vers la star de la soirée, Beth Dido de retour avec son groupe Gossip qui vient de sortir un nouvel album. La diva est très en forme, échangeant beaucoup avec le public et tentant même des blagues en français. Il faudra tout de même attendre la fin du set pour voir exploser les incontournables Standing in the Way of control ou Heavy Cross. Incroyable. Rien à redire, c’est efficace et dansant à souhait.
Fin de soirée avec The Vaccines qui attaquent leur set sous les premières gouttes de la soirée qui finiront par s’imposer avant la fin.
Jour 3 : dimanche 25 août
Cette troisième journée démarre sur une mauvaise note avec l’annonce de la non venue de Crystal Murray, bloquée en Angleterre.
Ce sont les Mixeuses solidaires qui prennent le relais. Elles assurent dans l’exercice et le font avec classe au cours de tout le week-end. Quelle que soit la DJette derrière les platines, la fête est au rendez-vous avec une énergie communicative.
Sur la grande scène, les jeunes Howlin’ Jaws ont pris le pouvoir et déroulent leur rock’n roll festif avec énergie. Pourtant leur venue sur Montpellier ne s’est pas faite sans difficultés. En effet leur véhicule est tombé en rade sur l’autoroute (pas simple un dimanche). Ils ont été dépannés par un sympathique garagiste qui leur a permis d’être là ce soir. Bien motivés, les Hawlin’ Jaws envoient leurs titres sous influence sixties qui s’étirent jusqu’à Status Quo ou Nirvana. Si niveau musique ça gère, niveau animaux y’a encore du chemin quand Djivan confond une mante religieuse avec une raie manta…!
Nous poursuivons avec les jeunes Please qui jouent ensemble depuis leurs 13 ans. C’est sympathique et rétro mais demande encore un peu d’incarnation.
Ce soir, l’artiste attendu est sans nul doute Tom Odell. De nombreux fan sont là pour entendre le charismatique britannique qui a refusé la présence des photographes. Pas grand chose à en dire, il a bien entendu joué Another love.
Nous garderons notre énergie pour la fin du festival, à commencer par le concert de The Kills. Le charismatique duo formé au début des années 2000 par Alison Mosshart et Jamie Hince en a toujours sous la pédale. Ils le prouvent ce soir avec un set intense et incarné. Leur concert débute par Kissy Kissy suivi d’U.R.A. Fever, de quoi déjà se mettre sur de bons rails. Jamie met tellement d’énergie dans ses riffs que ses médiators sont régulièrement éjectés vers le public. Le set passe par l’excellent My Girls My Girls et se conclut sur un Future Starts Slow puissant.
Enfin, cerise sur le gâteau avec la venue de Soulwax. Observer l’installation de la scénographie nous projette déjà dans un autre monde. Et alors que dire, quand on voit s’installer trois batteurs perchés en hauteur (deux hommes dont Igor Cavalera qui officiait avec Sepultura et une femme). Les frères Dewaele sont quant à eux au premier rang, face à deux énormes synthétiseurs modulaires au look futuriste. Deux autres musiciens viennent compléter l’équipe pour proposer un set surpuissant qui restera dans les annales. La très belle conclusion d’un festival réussi.
Alors ? Cette édition ?
Comparé aux deux éditions précédentes, l’objectif est réussi avec des espaces beaucoup mieux adaptés, des files d’attente maitrisées et un accès facilité aux points d’eau. Pour ce qui est de la programmation, on est un peu partagé entre propositions (très) grand public et projets beaucoup plus pointus. Peut-être que ce choix n’a pas totalement le convaincu un public qui a eu tendance à bouder l’événement. Cette situation a tout de même permis de profiter pleinement des concerts, ce qui n’aurait certainement pas été la même chose avec presque le double de personnes.
Aujourd’hui le festival Palmarosa est dans la tourmente avec un déficit affiché de près de 420 000 € et beaucoup de questions quant à son avenir. Espérons que des solutions pourront être trouvées et qu’un festival indie rock saura s’imposer sur les terres montpelliéraines.