Pour sa quatrième édition à La Bruyère (à 5 minutes de Saint-Victor Vla-les-Scours), le festival “Chez MB” proposait une programmation insolite avec, en tête d’affiche, le nouveau poids lourd* de la jeune scène française : Les Sans Voies. Retour sur un week-end ralyal.
Les Sans-Voies, malheureusement devenu Le Sans Voie
*Il s’agit en réalité de deux ficelles.
Un temps délocalisé du côté de Paillanges (en 2014, cette édition étant la pire affluence de l’histoire des festivals français), le festival “Chez MB” réinvestissait cette année son lieu originel : La Bruyère, berceau de la chanson française et haut lieu (dit) des musicos de France et de Navarre. En arrivant “Chez MB”, les habitués retrouvaient vite leurs marques : la scène extérieure faisait face aux collines verdoyantes de Haute-Loire et la scène intérieure offrait un cadre plus intimiste, organisé autour du mythique Roche Bob.
Le mercredi soir marquait l’ouverture OFF du festival. Pour se faire, un artiste atypique et parfois légèrement redondant ouvrait les hostilités : amusant les festivaliers les premières minutes, sa “performance” tourna vite au fiasco. En alternant entre sa reprise de la Simca 1000 et Moralès plus de 46 fois dans le week-end, il a usé les nerfs de nombre de spectateurs, bien que certains souriaient encore après deux heures d’écoute des trois mêmes accords.
Le soleil rayonne quand les festivaliers se lèvent en ce jeudi férié. Pour beaucoup d’entre eux, ce jour férié n’en est pas vraiment un : en effet, le festival se targue d’atteindre 70% de chômage parmi ses participants, symbole d’une jeunesse libertaire et libertine. Toute la journée durant, les activités se multiplient : quand les uns jouent “tout rond” aux dés, les autres se livrent des duels épiques aux échecs ou à la coinche. Les plus courageux s’en donnent à coeur joie dans le champ voisin en tirant à l’arc. Allongés dans le hamac ou dans l’herbe, les plus intellectuels bouquinent les quelques journaux alternatifs partenaires du festival, Le Figaro Economie en tête.
Bapt, chanteur des Sans-Voies, se grillant une sèche
Le soir venu, la musique reprend son droit. Les buffs s’enchaînent, le feu crépite, les rires s’envolent. Parmi les performances, deux marquèrent notre attention. Tété, artiste néo-zélandais vainqueur du Prix Kiwi 2014, surprit le public en faisant résonner sa guimbarde avec une incroyable dextérité et une cavité de résonance qui transportait les MB-ois dans un voyage aux confins de la Chine impérial. Cet art d’utiliser sa bouche avec brio était décidément le thème de la soirée puisqu’un spectacle de beatbox cloturat la soirée. Celui-ci, censé offrir une joute entre deux artistes, tourna à la correctionnelle. D’un cinglant “à toi maintenant” après une performance titanesque sur Michael Jackson, le génial Fox se muait en Eminem dans le battle final de 8miles et ridiculisait son piètre adversaire. “C’est de droite” rageront certains concernant les références américaines utilisées.
Le vent souffle quand les premiers festivaliers se lèvent en ce vendredi. L’organisateur sera, comme à l’accoutumée, le dernier debout, ce qui lui vaut en général bon nombre de moqueries. Bien qu’il s’en défende, sa moyenne de sommeil atteint 11 heures par nuit depuis la création du festival et fait désormais partie des traditions qui font l’originalité de celui-ci.
Côté cuisine, la horde de bénévoles s’active. Le soir, le barbecue géant émoustille les papilles des festivaliers. Au menu, le boeuf cendré, les saucisses noircies, le poivron terré et l’aubergine braisée abaissent de 4 ans l’espérance de vie des participants. Mais l’évènement principal de ce vendredi est bel et bien le concert du soir : les Sans Voies. Avec leur charisme et leur expérience, les Sans Voies délivrent une performance appréciée, ne se laissant pas submerger par un léger contretemps : initialement deux, un seul chanteur assurera le concert, le deuxième ayant perdu ses couilles sa voix. De passage à Kô, Greg fait le spectacle et les festivaliers en redemandent. Les Sans Voies proposent des chansons engagées, parfois trop : “J’ai fait un rêve à en rendre beau un génocide”* crie Grégoire dans le micro. Leur galette, composée de 7 chansons, devrait sortir dans les prochaines semaines.
Côté grange, un set DJ propose des remix sur de célèbres chansons françaises. Devant les murs de son, les festivaliers dansent sur les basses de Je tapisse les murs d’espoir. Le cocktail détonne et surprend agréablement la foule qui applaudit chaleureusement DJ Dubanch.
DJ Dubanch, après son set
Tard le soir, le gardien du feu, personnage mystérieux, veille encore sur les bûches incandescentes. Son record, nous confie-t-il avec une fierté à peine dissimulée, “c’est de 2h30 à 14h45 devant la même bûche. En gobant seulement une banane au lever du soleil”. “Chez MB” n’est définitivement pas un festival comme les autres…
Le samedi après-midi est le théâtre d’une scène cocasse. Alors qu’une bande de jeunes s’affrontent en mêlée dans un champ voisin, l’agriculteur débarque et harangue les protagonistes vigoureusement. La première ligne tourne la mêlée et enfourche le vieux cuir. N’ayant pas de réponse à leur question “on vous dépose où ?”, ils l’emmenèrent visiter les bois de St-Just Malmont. L’Histoire dit que l’agriculteur cherche encore le chemin de son champ, qu’il était supposé ensiler le lundi. Une erreur tactique qui lui coûta cher. Après ce léger incident, certains se font l’écho de Proudhon et dénoncent le principe de propriété quand d’autres, visiblement plus pragmatiques, parlent rentabilité et Yield-To-Maturity.
Parmi les concerts du soir, c’est un trio musical qui fit sensation. A l’accordéon, Laurène fait valser les esprits rêveurs des spectateurs alors qu’Aloïs au violon l’accompagne parfaitement. Pour ajouter un peu d’exotisme, un trompettiste buccale représente la section cuivre. Le soleil couchant, “Chez MB” offrait ce samedi soir un vrai coin de paradis, où amitié et tolérance étaient maître mots.
On le sait, le festival “Chez MB” fait aussi la part belle à l’activisme politique de ses festivaliers : tout le week-end, des messages forts étaient diffusés. Le cou enchaîné, un jeune chômeur dénonçait l’oppression d’un système à deux vitesses. D’autres luttaient contre l’hypersexualisation de la société en s’affirmant “asexué”. Des messages en faveur de l’égalité des genres étaient parfois véhiculés, avec le fameux “Atelier Tronçonneuse” où une fille mime d’apprendre à un garçon musclé à se servir d’un outil de bricolage. Mais davantage venus pour le bonheur simple d’un week-end entre amis, les plus sages se contentent de jouer aux dés et d’avaler des mentos. “T’es de droite” lanceront les plus activistes, en sirotant leur whiskey-coca.
Après l’affaire Paillanges, le festival Chez MB a définitivement su rebondir, en gardant son originalité qui fait sa marque de fabrique. “La vie m’a donné une seconde chance” déclare l’organisateur à son réveil en fin d’après-midi. “Cette chance la vie me l’a donné” conclut-il, visiblement ému.
Clem
Crédits photos : Justjust Photographies
*La Licra a saisi la justice.
Très bel article qui reflète à merveille l’état d’esprit de ce festival des plus convivial.
La teneur politique de l’événement est importante, et il est bon de se remémorer les prises de positions de DJ Dubanch, qui contrairement au libéralisme inhérent à sa profession, a su faire preuve d’un militantisme à la hauteur des enjeux de notre quotidien.
La musique a envahi ce weekend placé sous le signe de la diversité.
La cinquième édition du festival, en aout, verra une nouvelle fois les Sans Voies se présenter au public, pour un set encore plus rôdé en prévision du premier album à venir.
Merci au festival « Chez MB » pour son pesant d’émotion !
Décidément, je regrette de ne pas avoir pu faire partie de ce week end ! Y’avit-il des hôtels 5 étoiles à proximité, possédant 4 loges ?
Cordialement,
Putain Clem’ je pensais pas qu’un jour je serai obligé de reconnaître que tu as pondu le meilleur article du musicodrome depuis le LR du Dindon Attaque d’octobre 2011… Mais je suis de bonne foi et te le dis en toute sincérité : tu es magique.
Des regrets ? Forcément, un peu… M’enfin j’étais bien au chaud à en prendre plein les yeux et les mirettes au même moment… On aura l’occasion d’en parler autour d’une bûche incessamment !
La bise ‘
La Haute-Loire reste sans voix…(voie ????)….Reste à savoir si L.W du 4.3. a sponsorisé le festoch et si le Sénateur voisin M.V. (ex-Sainté) y a été convié ??? ( Clins d’yeux à Bapt…)
Non non, c’est bien « Sans Voies » qu’il faut lire, comme le nom du futur célèbre groupe de chanson française dont t’auras l’occasion d’entendre parler sur Le Musicodrome 🙂
Bien entendu L.W et M.V sont venus boire une bibine, étant (quasiment) du même front politique que les protagonistes du festival, ils n’ont pas eu de peine à s’intégrer pleinement dans la bande ! 🙂
Big up les gars, et surtout à Clem pour son article absolument génial ! Très bon résumé du week-end, ces mots nous font un peu regretter de ne pas être restés plus d’une nuit mais pour 25000 euros de cachet on allait pas traîner !
Allez les man, continuez à diffuser ce message de paix et d’amour qui étaient les symboles de ce week-end, et surtout n’oubliez jamais la parole de Jah ! Peace !
Notre compte des frais sur place arrivera prochainement.
Trêve de plaisanteries, merci les gars pour ce week-end ! Ça me donne clairement envie de remettre ça pour rester un peu plus longtemps cette fois peut-être… mais le peu qu’on est restés était déjà énorme 😉
Clem, comme ça a déjà été dit, tu es magique ! J’aurais cependant apprécié une petite mention au guitariste accompagnant violon, accordéon et trompette buccale le samedi soir. Aux deux guitaristes même, le décidément hyper énergique chanteur de Sans Voies s’étant joint avec entrain au boeuf explosif exclusivement en La mineur ! En tout cas, un grand merci à DJ Dubanch pour son remix de « Cul dans le pétrole », monstrueux de musicalité et qui a beaucoup plu je pense à la majorité des participants. Personnellement j’ai été renversé.
Ah oui, sinon t’as inversé jeudi et vendredi soir…
Bref, le festival Chez MB, je dis OUI et j’y reviendrai !
A tantôt les jeunes
Haha désolé Poigno mais il fallait un solo pour être mentionné 😉
Oui j’ai du tout inverser en terme de jours. Pour me justifier, on va dire que « Chez MB » est hors du temps…
Au plaisir de te revoir chez MB pour couper l’herbe sous le pied de la Simca 1000
Clem