Un rock était en sommeil dans la pierre cathare et la falaise s’est brutalement effondrée : le duo aveyronnais CXK vient de présenter son nouveau disque, « Castèls dins la luna ».
CXK n’existe que depuis 2017 qu’il est déjà bouillant comme la braise : après avoir soufflé sur les braises incandescentes du Covid et un premier disque, voilà que le duo s’est exilé 1 semaine à Chicago pour enregistrer les 9 pistes de son second disque avec le grand Steve Albini. Une rencontre brûlante qui a sans doute surboosté le rock incisif de CXK.
Quelques mois plus tard, voilà que « Castèls dins la luna » débarque. Malgré son nombre de pistes un peu court sur pattes, l’album est plutôt généreux en terme de durée avec ses 41 minutes au compteur. Sous le capot, cela ronronne sévère : dès le premier titre, Fial, on sent bien que CXK a prévu du lourd ! C’est un rock mastoc, clairement massif, qui ouvre le bal des occitanistes : rythmé par la puissance de la guitare, on aime suivre ce drôle de fil tissé par CXK. L’amour pour les uns, la liberté pour les autres… voici un combat qui encombre nos têtes fatiguées.
Le titre suivant, éponyme, fait la démonstration que c’est avec la hargne que la lutte se gagnera : CXK ne met guère de temps à débroussailler autour de lui et délivre-là une première grosse pépite ! C’est un cocktail rock qui fait monter l’intensité et qui explose de toute part. Puissant… et enivrant !
Dans une suite logique côté texte, Ieu fait presque l’éloge de La Ruda avec son Empire du moi de l’époque… pour faire un titre incisif coupé au couteau ! CXK finira par enchaîner qu’il vaut mieux Cal viure amb son temps, en tirant à boulets rouges sur ceux qui n’ont que le mot « rentabilité » à la bouche.
Une pause instrumentale plus tard (Enrico, hybride avec un renfort de machines), les quatre dernières pistes de cet opus s’apparenteraient presque à des « versus ». D’abord, il y a l’amour de Negra fin qui est un appel à tout lâcher… puis il y a la guerre en Ukraine, de 24 de febrier de 2022, toute guitare dehors, qui déboule à toute berzingue !
La fin d’album finit sur un autre doublette intiment liée : Dobtar per caminar est si puissant qu’il nous permet de rattraper le temps qui a filé à toute allure… en forçant ceux qui veulent tout maîtriser à desserrer l’étau. Juste après, Granda, morceau quasi-instrumental, adopte des penchants presque post-rock pour nous faire courber l’échine. Avec ses nappages stratosphériques omniprésents, on ne voit même pas venir la dernière volée de bois vert qu’on se prend en pleine face.
Vous l’aurez compris, cette nouvelle mouture de CXK vaut qu’on s’y attarde sans se poser la question. Avec « Castèls dins la luna », c’est un petit brûlot rock-occitan qui met le feu aux poudres.
CXK, « Castèls dins la luna », disponible depuis le 29 mars (9 titres, 41 min.) sur le label Sirventès.